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Histoire - Page 12

  • Une année Vertuchou !

    À la belle étoile, Brigitte Somers, Mijade éditions, collection Zone J, adolescents, réseaux sociaux, harcèlement, nature, XVIIème, avril 2023« Je suis occupée à liker une photo de chaton trop mignon quand Charlotte vient s’asseoir à côté de moi. - Dis donc, t’as dormi ici ou quoi ? »

    Emma attend ses copines Alice et Charlotte pour sa rentrée en 4ème. Des retrouvailles presque banales jusqu’à l’apparition d’une nouvelle élève pour le moins étrange. À la belle étoile de Brigitte Somers, publié par Mijade éditions (collection Zone J), nous embarque pour une année scolaire inédite et palpitante grâce à une certaine Jeannette venue d’on ne sait où. Un roman facile à lire, qui suit le quotidien de trois amies collégiennes d’aujourd’hui. Les cours ne les passionnent pas et l’idée de se trouver dans la même classe que Mélissa, une peste aux nombreux followers qui inonde les réseaux de ses stories ne les enchantent absolument pas. L’adolescente est le cliché de la jeune fille belle, bien sapée, bien entourée, prenant selfie sur selfie et à l’orthographe douteuse. Face à elle, Jeannette, mal fagotée, au langage désuet et n’ayant même pas de téléphone portable !!! Une cible parfaite pour Mélissa qui ne tarde pas à la harceler. De leur côté, les trois amies ne se précipitent pas vraiment pour aider la nouvelle et la traitent même avec un certain mépris.

    « Alors que nous sommes tous habillés en short avec le tee-shirt officiel du collège, Jeannette est arrivée dans la salle avec sa fameuse robe « sac à patates ».

    Une histoire à première vue classique et sans surprise. Emma fait alors une découverte en allant faire du baby-sitting dans la maison située en face de chez Jeannette. La surprenante élève devient alors son sujet de conversation n°1 avec Alice et Charlotte. Et si la nouvelle collégienne était plus intéressante et intrigante qu’il n’y paraît ? Les rôles et les caractères des personnages vont se transformer au fil du récit. Ainsi les clichés du départ volent en éclat révélant chacune telle qu’elle est vraiment. Les cours d’Histoire semblent miraculeusement passionnants, le petit frère d’Emma devient sage comme une image, la randonnée paraît soudain carrément plus fun qu’une virée à la plage et, enfin, un morceau de chocolat brille comme le Graal qu’on pourrait enfin toucher du doigt (ou plutôt s’en lécher les doigts). Simple, efficace avec une pointe de fantastique, une cuillèree de vieille légende (ou pas) et la nature à l’état brut (animaux et humain compris). Dans une ancienne vie, Brigitte Somers, aurait pu être conteuse, allant de masure en masure, à la lueur des bougies ou A la belle étoile.

    « - Dame, j’ai grand-peine, je l’avoue, à supporter ces railleries ! »

    Image: Mijade édition

  • Le beat a encore frappé

    Le paradis c'est le réel embrassé, étreint de tout ton cœur plutôt que repoussé en tordant le nez au nom de je ne sais quelle réalité alternative soi-disant paradisiaque mais totalement imaginaire...le réel, voilà le paradis mais étreint, embrassé, avalé tout cru sans faire la grimace...(p.160)

     

    beat.jpgÉtienne Appert signe chez la boîte à bulles une nouvelle BD palpitante et hallucinée : Au crépuscule de la Beat Génération - le dernier clochard céleste. Dans ce nouvel exercice périlleux de retracer une époque mythique, il évite toute forme d'idolâtrie et présente les acteurs dans leur humanité crue englobant les contraires et paradoxes de chacun. Le Beat c'est le flow, c'est l'impro, c'est la pulsation qui advient lors de la co-naissance. Au bout de l'ego qui se donne et s'oublie, prend forme l'être au rythme soutenu, soucieux d'autrui, désintéressé, a-mental avec ses qualités de cœur, la bonté, l'innocence ou la candeur.
    Le livre se situe à la fin des années 80 quand Gilles Farcet se rend comme jeune journaliste à New York pour interroger Allen Ginsberg et s'imprégner, tout du moins comprendre l'esprit Beat ou ce qu'il en reste et l'angle choisi vaut crédit pour le témoignage de cette époque. Entre flashbacks et sauts dans le futur, Étienne Appert rend hommage à certaines de ses sources d'influence  tout en questionnant les fruits de ce mouvement. Outre le business encore actif sur les cendres fumantes de ses figures emblématiques, la poésie, les  enthéogenes, l'initiation intérieure ou encore les traces de l'homme sauvage ont encore cours dans un monde où le "Moloch" (le mental d'après Ginsberg qui en voyait sa drôlerie, à la fois très rationnel et sautant d'un sujet à l'autre sans lien apparent) s'accapare en apparence toutes les richesses. Des îlots de résistance ont fleuri épars a travers le monde pour en narrer sa beauté intrinsèque dans un "regard neuf et frais", comme celui de l'enfant.
    C'est ce regard émerveillé que porte d'ailleurs l'auteur en plaçant au centre de sa BD la "parole de Hank", comme pour redéfinir au sens Beat la sainteté (non religieuse), qui est ici l'ouverture à l'invisible esprit de vérité qui souffle sur les adorateurs de la Vie et de sa grande pulsation.
    Rendre familier est le réel talent d’Étienne Appert pour ces monstres sacrés (dont Jodorowsky en préface) rendus ici à leurs couleurs psychédéliques ou à leurs perceptions symbolico-numineuses, transcendant les portes du mental aveugle. Après les écrits des fondateurs, quoi de mieux que le dessin inspiré d'un converti pour retranscrire visuellement ce battement de cœur de l'Univers.

     

  • Islam : l'état des lieux

     

    perrin.jpgNaissance de l'Islam par Michel Orcel, paru aux éditions Perrin, est la réédition revue de l'Invention de l'Islam de 2012. Il s'agit d'une enquête historico-critique sur des preuves écrites de l'existence avérée du Prophète, de la mise sur papier assez rapide du Coran, de l'antériorité islamique de la Mecque et de la Kaaba, enfin de la réfutation du Dôme du Rocher comme lieu alternatif de pèlerinage.
    Les sources utilisées par l'auteur sont à la fois traditionnelles mais aussi surtout païennes ou judéo-chrétiennes pour l'époque susdite, excentrées. Michel Orcel évoque également les études universitaires récentes sur le sujet, blâmant par la rhétorique les essayistes à succès islamophobes par des contre arguments déductifs ou autrement sourcés.
    Le livre est en outre agrémenté d'un glossaire fourni et foisonnant comme la  bibliographie.
    Lecture plaisante de cet essai concis, pointu et érudit, qui est plutôt en faveur du rayonnement de l'Islam, de son authenticité et de la continuité du message prophétique, tout en rappelant son positionnement strict, dés le départ à l'égard du Messie (reconnaissance du statut mais pas de sa nature). On eût aimé ceci dit que l'islamologue et psychiatre développe le parallèle entre l'illettrisme de Mahomet et la naissance virginale de Jésus...une affaire de Fiat Lux (du silence le Verbe) qui n'oppose pas mais unit en un sens ésotérique et symbolique, les deux prophètes.
    Le Moyen-Orient reste le berceau du monothéisme et cette étude a le mérite de mettre à jour les connaissances en la matière, en faisant de l'ordre, comme Dieu s'actualise et évolue à travers siècles, par des révélations adaptatives grâce à des êtres hors du commun, les visionne-ères.

     

  • Lonely boug


    "Avant le Wild Brunch, d'autres musiciens ont ébauché les lignes de cette musique sous influence dub : on se disait que ce ne se serait pas punk de faire quelque chose qui avait déjà eu lieu depuis trois mois. Si tu contestes la politique ou la société , il faut défier le concept même de la musique, alors on a mis du free jazz, du funk, de la musique concrète et beaucoup de noise expérimentale (Mark Stewart de The Pop Group)".

     

    Florine Delcourt,Tricky antistar superstar,Playlist society,ground control,Bristol,Massive Attack,trip hop,false idol,integrité,foi,UK,jamaïque,Mars 2023Florine Delcourt, rédac chef de ground control, émission musicale d'Arte, nous livre avec Tricky, antistar superstar paru chez Playlist Society, un essai concis, précis et léché de l'artiste anglo-jamaïcain de Bristol.
    Véritable bête de scène, issu de la rue et du monde de la nuit, Tricky perça au chant et à la production sur le premier album de Massive Attack (les 3 membres sont issus de Bristol, berceau de légendes comme Banksy ou Portishead), avant de tracer sa route intègre, loin du star system et des albums clones.
    Artiste universel et créateur à l'écriture inspirée, il compose avec des samples de boucles (un mélange de funk, hip hop, soul, punk, rythmes afro caribéen, reggae) où la basse prédomine avant d'y ajouter synthés et voix à majorité féminines, ses muses.
    Artisan indépendant s'adaptant aux changements de l'industrie musicale, il créera son propre label, False Idol, bravant les modes et les étiquettes (trip hop au début) pour explorer les zones d'ombres intérieures et mondaines, se livrant toujours sur disque et sur scène, dans une vraie sincérité émotionnelle.
    Frappé par les épreuves tôt (abandon de son père enfant, suicide de sa mère à 4 ans, perte de sa fille Mina Mazy âgée de 24 ans), il reste un être à vif, sensible, rescapé de ses addictions et d'un mode de vie sur le fil, fuyant la célébrité mais conscient de son identité marquée.
    Légende urbaine, proche du milieu hip hop, il aime mettre d'autres talents en avant et arranger à sa sauce des covers d'artistes de sa playlist.
    En complément, un concert d'Arte récent le capte aux cotés de sa dernière chanteuse Marta Zlakowska dont il produit l'album When It's going wrong.
    Parolier de l'ombre, simple back parfois,  il sait aussi se faire explosif (l'excellent here my dear) en se livrant corps et âme, l'œuvre de tout grand artiste.
    Florine Delcourt nous restitue (pour la première fois en français) l'être a nu, fruit d'un travail journalistique de quatre années, ponctuées de voyages (dont 4 mois d'immersion a Bristol), d'entretiens et d'une rencontre avec l'artiste, restituant le contexte historique et socio-culturel qui l'a vu émerger, en le suivant pas à pas dans son cheminement entre chaos et harmonie.
    Accessible mais facétieux (tricky signifie délicat, rusé), l'homme se dessine par bribes jusqu'à apparaître en toute simplicité, travaillé par ses propres démons, avec la musique comme rédemption. 

     

  • La femme sans tête

    "Lorsque le mental se tournait vers l'intérieur, encore et encore, pour localiser une expérimentatrice, un concept de soi, il créait sans cesse de la terreur car il ne trouvait que du vide (p.95)...le vide était ce que la peur proclamait être : la folie" (p.99)

     

    collision.jpgSuzanne Segal (1955-1997) connut à 28 ans un éveil subit où l'immensité (non-soi) occulta l'existence d'un moi, d'une identité pérenne. Dans Collision avec l'infini - une vie au-delà du moi, paru pour la première fois en français aux éditions Almora-Trédaniel (c'est un classique en Amérique), elle relate son expérience de vie, avant (témoignage intéressant sur la méditation transcendantale ou MT de Maharishi Mahesh Yogi) et après cette métanoïa, notamment une bonne décade de rencontres thérapeutiques, tant la peur paralysa "son" corps et empêcha l'extase inhérente à ce type d'événement numineux, d'advenir.
    Son salut passera par un cheminement spirituel, des lectures sur le bouddhisme (les 5 skandhas ou agrégats du non-soi) et des échanges avec des êtres réalisés du temps présent ou passé (Ramana Maharshi par exemple) qui confirmeront la réalité du vide/plénitude vécu et l'authenticité du changement de focale (il n'y a personne ni témoin autre).
    Le témoignage est captivant et passionnant malgré quelques paradoxes (rejet de la MT mais suivi d'une "volonté" de suivre sa cartographie ou le revirement final concernant le diagnostic psy) et vaut pour la critique étonnamment drôle de toute pratique spirituelle (qui renforce l'autoréférentiel) et la méfiance toute occidentale face à une ouverture de conscience idéalisée par l'Orient. Ici la folie de la dépersonnalisation (ou la peur du vide) versus l'état de vastitude où "l'immensité a son propre désir non personnel de se percevoir directement à travers elle-même en utilisant les circuiteries de chaque être humain" (p.162).

    Psychothérapeute prônant la liberté d'être, elle décèdera malheureusement d'une tumeur au cerveau à 42 ans, modérant quelque peu sur la fin, son diagnostic (im)personnel.

     

  • L'Amour ce corps-don

     

    lucie honoré,emmanuelle soni-dessaigne,maï le dû,sophie kune,dr dominique gros,lucie bertrand-luthereau,sylvie tenenbaum,estelle penain,thi bich doan,chantal motto,alain héril,audrey fella,corps de femmes - incarner son féminin,éditions renaissance - plon,mars 2023Sous la direction de Stéphanie Honoré, 12 témoins dont 10 femmes, évoquent dans Corps de femmes - incarner son féminin, paru aux éditions Renaissance-Plon, le féminin pluriel et en filigrane se dessine une essence. Le corps extérieur, objectivable et source de multiples représentations, qui porte en lui les stigmates de siècles de paternalisme et d'appropriation socio-religieuse, est rebaptisé (soeurciere, F-âme, comYn out...), pansé, conscientisé pour mieux affronter les défis d'un changement de paradigme souhaitable et souhaité (faire la paix entre les sexes ?), comme la "yinisation" du recrutement pour un meilleur équilibre. Guerrière, initiatrice, guérisseuse, alliée du Créateur (pour la génération), mère ..autant de rôles et d'archétypes à incarner dans les pas d'une sororité mythique.
    L'ouvrage aborde également le corps intérieur ou psyché dans la profondeur de sa réalisation, là où finalement les différences s'estompent (d'avec l'homme) puisqu'il est question d'unité, d'équilibre, d'alchimie, de faire des deux l'Un, en parlant des énergies ou qualités masculines et féminines.
    Au-delà de la bisexualité de l'âme, il s'agit peut être de l'avènement et la mise au monde de l'Enfant divin en soi, de l'Homme accompli, des noces entre matière et esprit et d'un sens possible de l'incarnation.
    Cette dimension sacrée n'escamote en rien la maternité naturelle mais constitue sa visée symbolique, comme le couple permet par reflet de se parfaire en tant qu'individu vers l'autonomie et la complétude.
    L'homme porte aussi en lui le féminin blessé (l'anima jungienne) ce qui le rend d'autant plus responsable et acteur de la coopération future.
    Un livre transdisciplinaire aux multiples angles de vue, avec des témoignages courts mais synthétiques et mûris. Un kaléidoscope d'une identité trop souvent réduite a un corps. 

     

  • La profondeur de l'Islam

    La véritable sincérité consiste a dire la vérité dans une situation où le seul mensonge peut te sauver. (Al Junayd)

    Hamid-Redouane-L-Islam-En-101-Citations.jpgEn 101 citations (coran, hadiths, tradition), Hamid Redouane (directeur et professeur de l'institut Asharite d'enseignement en ligne des sciences religieuses islamiques, créé par Abdallah Penot) par ailleurs traducteur de deux savants soufis, précédemment  pour les éditions i, résume et synthétise l'essence de l'Islam en distinguant 5 chapitres : pratique (convenances et soumission), foi, excellence spirituelle et eschatologie. C'est une bonne et érudite entrée en matière pour toute personne désireuse de s'approprier les codes et clés de la dernière Religion révélée. L'auteur y pointe quelques indices d'une attitude et de valeurs contraires à la bienséance communautaire (devenir riche serait une grâce divine par exemple) qu'on espère voir se développer dans un essai à titre d'auteur.
    Il introduit également les deux chapitres extraits des Illuminations de la Mecque d'Ibn Arabi, traduits par Abdallah Penot concernant le jeûne-çawm (Ramadan compris) et l'aumône (Zakat comprise), dans un second opus Les Secrets du jeûne.Ibn-Arabi-Les-Secrets-Du-Jeune.jpg
    En famille (l'école Asharite), l'exercice ici assumé est de présenter une œuvre et un auteur dont la renommée confère à l'universalisme et à l'esprit synthétique, en Islam et avec les autres spiritualités ou religions monothéistes (comme le fit également René Guénon plus modestement au XXe siècle, englobant le Védanta). Si Mohammad est qualifié dans le Coran de sceau des prophètes (le dernier), le shaykh andalou fut (auto ?)désigné comme le sceau de la sainteté. Considérant la lettre (qui selon lui vivifie), il vénérait aussi l'Esprit qui lui "insuffla" une œuvre colossale, explicitant justement les secrets et symboles de la parole divine révélée.
    Sa lecture illumine de connaissance celui qui y aspire, sans toutefois (lui) montrer le chemin de la réalisation.
    Autrement dit, L'écrasement de tête ne confère pas forcément l'humilité nécessaire et inhérente à tout apprenti, disciple ou serviteur d'un plus grand que soi.

    Il vaut mieux pour toi être atteint dans ton corps que dans ton cœur ; un ennemi qui te rapproche de Dieu vaut mieux qu'un ami qui t'en éloigne. (Ibn Mashis)

    Ibn-Ajiba-De-La-Providence.jpgLa récolte de Mars des éditions i concernant la culture musulmane se termine avec un court traité d'Ibn Ajiba, maître soufi du 18eme siècle, traduit par Abd Al-Wadoud Gouraud (représentant de l'Institut des Hautes Études Islamiques et du FORIF). Dans De la Providence - enseignements en temps d'épidémie, le traducteur préfacier et l'auteur ramènent habilement à l'essentiel, Dieu, la Source de toute subsistance (pour qui est croyant), dont le souvenir et l'invocation en Islam ne font qu'accepter toujours plus Sa prédestination (vie, épreuves comme bienfaits et mort) comme unique certitude. Nous concourons tous à une œuvre consciente, bons comme mauvais et l'orgueil constitue le voile (avec son corollaire l'ingratitude) qui nous maintient séparé ou divisé quant à un tout harmonieux. En somme chacun peut nager un temps, avec force, à contre courant d'un flot torrentiel mais personne ne saurait échapper à la destinée de la goutte d'eau de constituer l'océan.