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Aventure

  • La voie de MoÏse

    Ce serait parce que Moïse resterait quant à lui toujours attaché à ce point immémorial en lui, depuis sa naissance placée sous le sceau de la bonté, et indépendamment de tout savoir conscient, qu'il serait apte à écouter la Voix qui parle en lui et à transmettre Ses paroles (p.131).


    La voix de Moïse,Catherine Chalier,éditions du Cerf,point intérieur,Midrash,hassidisme,cabbale,Avec La Voix de Moïse, paru aux éditions du Cerf, Catherine Chalier, philosophe hébraïsante, retrace l'épopée du prophète emblématique du Judaïsme.
    De sa naissance à sa mort, le livre retrace les événements fondamentaux de celui qui fut élevé par la fille du Pharaon, tua un égyptien, entendit le nom et la voix de Dieu (Adonaï) dans le Buisson Ardent, annonça les dix plaies avec son frère Aaron, fit sortir le peuple hébreu d'Égypte, lui présenta la loi (les dix commandements) et l'amena à l'entrée de la Terre Promise.
    Il fut aussi un géant du prophétisme qui sut parler en continu avec le Très-Haut grâce sans doute à une épure du cœur. 
    Il est en effet beaucoup question dans ces lignes, de ce point de vitalité divine (Sfat Émet), le point de bonté ou point intérieur (Hassidisme), présent en l'âme de chacun.e pourvu que l'égo et son frère l'orgueil n'y prennent pas toute la place.
    On passe un bon moment presque intime, en compagnie de Catherine Chalier, qui enrichit sa trame de commentaires de la tradition juive (Midrash, Hassidisme, Cabale), rendant ce colosse de la religion plus humain, accessible et surtout contemporain.
    Elle rappelle la fonction du juste qu'il était : prendre sur soi une part de la souffrance d'autrui, d'un peuple parfois infantile plus habitué à se plaindre qu'à guérir sa plaie.
    Reste son testament, le Deutéronome, pour manduquer la parole de Dieu mais aussi la laisser nous rasséréner intérieurement à mesure que notre écoute s'affine, jusqu'à devenir virginale, exempte de toute pensée ou brouhaha mental.

  • Dans la jungle de l'inconscient

    On régresse temporairement vers des mouvements plus désorganisés, plus "primitifs" ou infantiles mais, d'une certaine façon, plus proches du réel, car libérés de l'emprise d'un Moi "tyrannique" (p.75).

     

    audela-plat1-large.jpgAvec Au-delà du moi, paru chez Faubourg éditions, Mathilde Ramadier dresse un pont entre psychédéliques et psychanalyse, sa formation initiale avec la philosophie.
    Pour les besoins d'une enquête littéraire et phénoménologique, elle s'est initiée à l'ayahuasca et à des microdoses d'entéogenes, relatant son expérience mais aussi celles d'une vingtaine de psychonautes.
    L'ouvrage est riche de témoignages, thématisé et cartographié parfois dans un schéma psychanalytique, tant les deux voies régressives se ressemblent. La différence concerne l'immédiateté de la vision sous breuvage, qui fait sauter subitement des verrous ou armures défensives.
    Non dénuée d'humour, l'écriture est raisonnée et scientifiquement sourcée, donnant beaucoup de crédit et de structure à l'ensemble.
    On pense aux premiers livres de Carlos Castaneda, avant qu'il ne bascule dans le paradigme chamanique.
    Mathilde Ramadier, autrice et dessinatrice, parvient à esquisser un petit guide intégratif, assez exhaustif, afin de replacer l'expérience déstabilisante  dans un univers balisé. On reste cependant dans l'univers du connu et de l'abréaction, là où les mots ont encore cours, sans appréhender l'univers de la foi, cet au-delà du mental.

     

  • Richesse et profondeur du mythe

    Mélusine est là pour guider les femmes qui aspirent à retrouver leur fierté et la dignité de leur sexe...qui cherchent à être, à agir à partir de leur propre essence. Leur pouvoir régénérateur et créateur, puisant aux sources de la vie et de leur germe divin, est intact au fond de chacune d'elles et attend d'être revivifié (p.18)

     

    Mélusine fée et femme,Audrey Fella,Le Courrier du Livre,mythe,Jean d'Arras,Corps de lumière,Soi,double angélique,Mélusine, fée et femme est le nouvel essai d'Audrey Fella, publié au Courrier du Livre. Il y a 20 ans paraissait Mélusine et l'éternel féminin, de la même autrice, son versant plus intellectuel, rationnel et livresque. Car entre-temps l'âme s'est déployée, quelqu'un s'est trouvé, l'intériorité s'est affinée, la personne qu'elle fut est devenue individu, reliée à un centre divin, qui est cœur.
    C'est de tout cela qu'est fait ce livre, en plus d'être féministe, par le truchement d'une figure mythique lunaire et lumineuse, mi femme mi serpent, apparue sous la plume de Jean d'Arras en 1393. En peu de lignes, avec clarté et rigueur synthétique, sont exploités sa légende, sa figure, sa symbolique et son archétype initiatique, fruit d'un cheminement littéraire et alchimique.
    Mélusine personnifie les nécessaires mues dans un bain salvifique et régénérateur (le Soi) afin de spiritualiser la matière égotique, pour être davantage.
    Ce double de lumière peut être apparenté au corps lumineux, immortel qui se manifeste à force de frictions, souffrance volontaire ou remords de conscience, étant indifférencié chez l'homme ou la femme.
    Ce germe de foi nommé Paix, Amour ou Donne, infuse sagement en certains êtres et se diffuse secrètement en tous lieux, à la fois agent et pilier d'un nouveau monde espéré de tous nos vœux.

     

  • Le vent en poupe

    L'unicité et la divinité du Coran ne résident pas dans sa stylistique ou son esthétique inimitables, mais plutôt dans la diversité de son savoir et sa connaissance complète des sciences de son époque, le tout condensé en une seule œuvre (p.76).

     

    Histoire du Coran, du désert au Livre,Youssef Seddik,éditions Frémeaux et associés,Les éditions Frémeaux et associés  publient un livre académique et assez exhaustif de Youssef Seddik intitulé Histoire du Coran, du désert au Livre.
    Ce court essai aborde de nombreuses thématiques inhérentes au prophète, au livre sacré, à l'Islam et son essor, à ses discordes et ambiguïtés, avec en filigrane la question de la divinité du texte, incréé ou historiquement ancré.
    L'auteur rappelle le flou entourant la révélation (pas de preuves) et la mise à l'écrit par le troisième calife après la mort de Mohammad, mais malgré les tentatives à travers siècles pour remettre en question son inspiration céleste, jamais l'aura du Coran ne fut diminuée, bien au contraire.
    L'approche historico-critique récente milite pour un message s'inspirant d'un contexte socio-culturel, politico-historique et psycho-religieux mais peut-être faut-il se résoudre à croire que certains versets seulement soient d'ordre universels et révélés dans un instant d'éternité, le reste étant spatio-temporellement daté.
    Cela pose aussi la question de la révélation (non évoquée) et des états d'être du prophète en état de canalisation car l'inspiration advient seulement lorsque l'individu est verticalement relié, et fonction de son élévation sur l'échelle cosmique.
    Nul besoin dès lors d'être théologien ou imam pour décoder un verset mais simplement être en situation de réception et d'écoute à l'inconnu...avec pour seule loi : donner et s'oublier.

     

  • 12 angles de visée

    Ouvrir-le-livre-scelle.jpgOuvrir le livre scellé - lire et comprendre l'Apocalypse, paru chez les stimulantes éditions Labor et Fides (collection le monde la bible), est un livre compilation. Une douzaine de chapitres résumant autant de pistes de recherches de Jacques Descreux (prêtre et enseignant a l'UCLY) sur plusieurs années, confère à cette Apocalypse de Jean, une richesse thématique et littéraire infinie. L'essai intègre les dernières réflexions des exégètes et chercheurs en sciences humaines et sociales, sur des domaines pointus et spécifiques (angélologie, figure de l'agneau, septénaires, agents du mal, mythe du sauveur...), tout en questionnant le pouvoir, l'ombre ou la violence de Dieu. Ouvrage universitaire donc mais aussi un brin philosophique jusqu'à englober l'époque actuelle pour ce qui concerne les migrations de masse, le côté légèrement patriarcal de Dieu ou les fléaux des cavaliers.
    Jacques Descreux fait preuve d'un esprit synthétique de haute volée (le côté académique) tout en faisant une belle part à ses intuitions, Jésus ne rappelant-il pas que les signes se passaient avant tout en nous ?
    Le livre scellé est ouvert ici à travers quelques prismes fédérateurs, qui touchent plus ou moins l'imaginaire personnel et collectif. Le texte antique et prophétique dévoile un peu plus sa matière mais garde néanmoins la saveur de son mystère spirituel.  

     

  • Destins liés

    jesus.jpegJésus vient de rendre l'esprit, il se remémore quelques moments clés de sa vie, allongé et entouré de bandelettes sur la pierre du tombeau de Joseph d'Arimathie. Puis il se lève et commence sa descente aux enfers. Ainsi débute Jésus aux enfers, de Thierry Robin paru aux éditions Quadrants.
    La suite est parsemée de rencontres de tous les patriarches bibliques et personnes parquées au Shéol, attendant leur libération pour le paradis, en accord avec l'évangile apocryphe de Nicodème.
    L'auteur prend quelques libertés d'interprétation mais sa relecture exégétique est très respectueuse de l'esprit des évangiles. La couleur est en outre  savamment utilisée, plutôt sobre puis saturée de rouge et noir pour l'enfer (la géhenne dans une seconde partie) et les âmes damnées, avant de retrouver une certaine douceur et quiétude à l'approche de la résurrection et des consignes du Sauveur.
    Le dialogue plutôt courtois avec Satan occupe une grande place et les équilibres restent marqués entre les deux protagonistes de l'Histoire, l'ange déchu influant aussi sur le cours de la prédication évangélique. Mention spéciale pour la scène des instruments de la Passion qui trouve une gravité détonante.
    Au final un complément d'information illustré sur un passage clé de la vie du Christ,  martelé dans le credo. Thierry Robin réussit avec brio à nous intéresser graphiquement à un sujet scabreux mais passionnant, avec beaucoup de légèreté.

     

  • Un éveilleur du Moi vérité

    Il faut accepter la mort inconsciemment. L'homme qui réalise cela trouve la sérénité jusqu'à cet ultime moment. C'est cela le propos de l'éducation zen (p.207).

     

    Le rire du Tigre,Marc de Smedt,Taisen Deshimaru,éditions le Relié,zazen,dojo de la Gendronnière,zen soto,Kodo Sawaki,Le Rire du Tigre réédité en poche aux éditions du Relié (copie revue et augmentée) est un livre qui se dévore. Autant prosélyte sur le zazen que portraitiste du géant de la spiritualité Taisen Deshimaru (1914-1982), Marc de Smedt brosse le portrait d'une époque et de dix années passées en garde rapprochée du Maître zen (il fut son confident, éditeur, disciple...). La mémorable description d'un voyage au Japon, entre tradition et modernité, côtoie celle de la fondation du dojo français de la Gendronnière. De nombreuses anecdotes dépeignent le personnage haut en couleurs qu'il fut tout en le contextualisant dans la tradition du zen soto (il fut un des disciples de Kodo Sawaki). Le leg du moine bourru qui amena le zen en Europe tient dans la posture qu'il enseigna et magnifia. L'auteur relate en annexe toutes les vertus scientifico-spirituelles y attenant.
    Ce classique de l'ésotérisme vaut également pour les hauteurs de vue de Deshimaru, notamment son dialogue avec des dominicains et l'on perçoit que, du silence et de l'état de vacuité fruit de la pratique, il s'abreuvait au même fleuve de vie que tout grand éveillé et éveilleur du siècle dernier.