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Choeur - Page 8

  • Un monde désenchanté

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    Blanche-Neige a été sauvée par le Prince, tout va bien. Fin de l’histoire ! C’est plus ou moins ainsi que se termine le conte puisqu’ils vivront heureux jusqu’à la fin des temps. N’est-ce pas Walt Disney ? Les frères Grimm ? Oui, mais non, apparemment ça ne se passe pas exactement comme ça ensuite. Enfin d’après Marie Dilasser l’autrice de Blanche-Neige, histoire d’un prince, mis en scène par Michel Raskine au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon). Ici le Prince a engloutit le royaume à force de chasse, de banquets et de fêtes. Les nains sont au nombre de 101 et triment du matin au soir pour le bien-être du Patron. Quant à Blanche-Neige, elle a beau être enfermée par le Prince « pour la protéger » , elle continue de grandir jour après jour … et de dépérir. Ce monde est sens dessus-dessous : les autoroutes de bitume ont remplacé la forêt enchanteresse des nains, Souillon aux cheveux jaunes (ou Cendrillon) la servante et Monsieur Seguin s’invitent sur scène et Blanche-Neige chante « J’ai demandé à la lune ».

    Les trois excellents comédiens Magali Bonnat (Le prince), Rémy Fombaron (Blanche-Neige), Alexandre Bazan (Souillon aux cheveux jaunes) s’en donnent à cœur joie dans ce conte désenchanté. Michel Raskine semble s’être inspiré de l’univers de Tim Burton : costumes et maquillage, personnages décalés, drôles, flippants et attendrissants à la fois. Le metteur en scène évoque surtout May B de la chorégraphe Maguy Marin et le peintre Egon Schiele comme références. Sur scène, Souillon aux cheveux jaunes parle peu mais transforme discrètement le décor mécanisé en tirant sur des cordes et actionnant des manettes*. Le metteur en scène rend un hommage discret au réalisateur et illusionniste Georges Méliès. La lune parle, la neige tombe, les nains apparaissent et le public est enchanté.

    Blanche-Neige et Souillon sont jouées par des hommes, le Prince, par une femme. Au-delà de la drôlerie du jeu, apparaît en creux le questionnement de la place de chacun dans le conte originel, les références explicites de l’autrice à Barbe-Bleue ou à la charge mentale de Blanche-Neige renvoient aux questions actuelles (et éternelles) sur le genre, la condition des femmes et le patriarcat (savamment entretenu dans de nombreux contes). Michel Raskine laisse le public en prendre conscience et déjoue les codes avec Marie Dilasser. De même, la forêt dévastée, les animaux qui disparaissent rappellent les dégâts causés par l’humain et l’impression de fin du monde tant dans le conte que dans la vraie vie. À la fin de la pièce, c’est à Blanche-Neige de décider de la vie qu’elle veut mener : magie, illusion, réalité, vérité ?

    Et le public, qu’a-t-il vu ? Du théâtre, miroir déformant, grossissant et passionnant ...

    * Décors: Stéphanie Mathieu, Objets mécaniques : Olivier Sion

    Image: Théâtre de la Croix-Rousse.com

  • Pierres vivantes

    "Le chemin d'une seule personne qui s'éveille nourrit l'universel. Ce pouvoir là n'a pas été donné à la Bête immonde". (p.201)

     

    lily jattiot,apocalypse-passage d'un monde à l'autre,accarias l'originel,c.g jung,swami pajnanpad,saint jean,bête de l'apocalypse,jérusalem celeste,élus,septembre 2024Apocalypse - passage d'un monde à l'autre, paru chez Accarias l'Originel, est une ode à l'esprit qui souffle et inspire les hommes de bonne volonté, les "justes". C'est aussi un plaidoyer pour la conscience concernant les personnes qui ont su "faire des deux l'un", qui se vivent comme des sujets reliés.
    L'autrice, Lily Jattiot a coutume d'interpréter les rêves de ses patients, selon l'approche jungienne. Une première partie zoome avec hauteur, sur la psyché, "trait d'union entre esprit et matière". Le texte de l'apocalypse constitue ensuite bien le cœur de l'ouvrage, avec son interprétation symbolique mais le reste est une amplification du thème sur la période actuelle, assimilant le "dévoilement" à une cartographie mentale.
    Le propos est judicieux et probant, faisant des "élus" des quidam disséminés ici ou là, sans autre ressemblance qu'êtrique. On est loin d'un peuple élu mais plutôt d'une communauté d'êtres unifiés (individués selon Jung), en chemin pour une maturation psychique et spirituelle.
    Adepte d'une voie non-duelle, Lily Jattiot s'adresse à des adultes consciencieux mais minore cependant la foi (monothéiste par exemple) comme moyen de transcendance intérieure, de co-naissance. L'essentiel n'est-il pourtant pas d'abriter ce commun hôte, qu'il soit personnifié (le Vivant) ou immanent à l'être (le Je Suis) ?...car il est dit que "la foi déplace des montagnes".
    L'autrice rappelle enfin la chance de vivre en Occident, malgré ses maux, concernant notamment le droit et respect de la personne, terreau du travail d'élévation de soi. La Bête et son chiffre sont pour elle l'état d'indifférenciation duquel il est bon d'extraire un îlot d'individualité, un regard témoin et donc miséricordieux sur ce monde.   

  • L'essence-ciel du Cheikh Al-Alawi

    Cheikh Ahmad Al-Alawi,Eric Geoffroy,Albouraq éditions,Ahmad Benalioua,confrérie Alawyya,Al-Darqawi,Septembre 2024Cheikh Ahmad Al-Alawi - vinificateur de la voie soufie par Eric Geoffroy est un petit livre sorti chez Albouraq dans la collection "je veux connaître". Il retrace les grandes étapes/dates/phrases clés de la vie d'Ahmad Benalioua (1873-1934) qui fonda la confrérie Alawiyya à Mostaganem, après son initiation (due à sa maturité spirituelle)  par le maître soufi Al Darqawi, héritier du prophète par un chaînon spirituel fort.
    Son rayonnement fut intense et son message modéré, notamment à l'égard de l'occident, dont la modernité constituait à ses yeux une chance. Souvent qualifié de christique en attitude et regard, son parcours et message reste cependant dans la droite lignée de Mohammad par son caractère autodidacte (une douzaine d'œuvres écrites), sa vision métaphysique du Christianisme et sa fidélité absolue au Coran.
    On le sait moins, il fut journaliste un temps, n'eut pas d'enfants malgré quatre mariages (et divorces) et mangeait peu, tant il respectait le vivant, animal et végétal inclus.
    Ce beau livre est émaillé d'images, de photos, de citations et de témoignages mais n'a pas le temps de rentrer dans l'exégèse coranique dudit cheikh, format réduit oblige. Eric Geoffroy synthétise ici brillamment l'essentiel de sa vie spirituelle. Un livre mémoire et témoin d'un homme d'exception, pôle spirituel et éveilleur du siècle passé, qui en connut tant.
     

  • Sonder l'Un-conscient

    Dieu fait chair ne nous demande rien d'autre. Il n'attend pas de l'homme la perfection. Seulement, que nous tentions, de toutes nos forces, de tout notre cœur, de tout notre esprit d'aimer. D'aimer Dieu, l'autre et soi-même, car c'est tout un. D'aimer Dieu en l'autre et en soi. (p.98)

     

    Jocelyne Delafraye,Sous les pavés le ciel,éditions Lazare et capucine,Maurice Zundel,Annick de Souzenelle,Lytta Basset,Françoise Dolto,Christ,Amour,Septembre 2024Sous les pavés le ciel, paru aux éditions Lazare et Capucine, de Jocelyne Delafraye, est un plaidoyer pour le dieu d'Amour christique. Appelée, se sentant inconditionnellement aimée, toute sa vie s'est mise au service de l'autre, qui est reflet divin.
    Psychanalyse et foi se complètent dans ses écrits. Citant volontiers Maurice Zundel, elle détricote les histoires bibliques pour en narrer l'inconscient, souvent étiqueté de mal (ou péché) mais qui n'est qu'ombre mal aimée, maudite.
    Pas d'excuse ici pour l'homme agissant sous le masque de l'ancien dieu (tyrannique, violent, juge...) alors que le pacte nouveau est une relation en conscience, une responsabilité créative plénière afin qu'advienne la paix au quotidien.
    Jocelyne Delafraye milite pour un centre en l'être qui est personnifié et incarné en multitude, pourvu qu'on le cherche. C'est un sacerdoce de le révéler en chacun par un dévoilement de soi transfiguré.
    Dans la lignée d'Annick de Souzenelle, de Lytta Basset ou encore de Françoise Dolto (même profession), l'autrice explicite les évangiles en analysant ses racines juives.  Le ton est doctoral, l'essai de belle facture, le son de cloche cristallin comme la vibration du nouveau-né...à l'esprit.

     

  • Un rendez-vous fidèle

    Encore de bonnes vibrations engrangées ce vendredi 30 Août 2024 au festival Woodstower, qui fêtait sa 25eme édition.
    woodstower festival,Parc miribel jonage,25ème édition,Flavia Coelho,PML,OKIS,Mani Deiz,Ireke,Hamza,Sally C,Vendredi 30 Aout 2024Après l'énorme tête d'affiche de la veille, Booba, on s'attendait à un redoux mais le public était de nouveau au rendez vous, nombreux, pour danser, chanter et applaudir une programmation éclectique et métissée. Retenons la belle découverte Okis, jeune rappeur lyonnais qui vient de sortir son premier album, rêve de rouilleur, après deux Ep depuis 2022. C'est son beatmaker et producteur de renom Mani Deiz qui l'accompagne sur scène également avec le retour de Casus Belli pour un titre. Ça rappe sec, engagé, langage argotique à souhait, chroniquant l'époque d'un œil avisé.
    En même temps Ireke, duo guitare saxo et claviers, ambiance aisément le public sur un groove raggadub. Frais et ensoleillé avec 3 invités qui font bien bouger (Amatah Keo, Nayel Hoxo, Pat Kalla)
    Flavia Coelho (qui chante et joue guitare, trombone et batterie !) venait sans aucun doute pour représenter le Brésil sur la scène principale. Sa chaleur, son énergie, sa bonne humeur, sa positivité ont réjoui les festivaliers avec une "tambouille" caribéenne rythmée par le charismatique rasta Al Chonville à la batterie. Public en transe !woodstower festival,Parc miribel jonage,25ème édition,Flavia Coelho,PML,OKIS,Mani Deiz,Ireke,Hamza,Sally C,Vendredi 30 Aout 2024
    Sous le chapiteau le quintette français MPL prenait le relais avec une proposition musicale entraînante et proche d'un vécu collectif de toute une génération. Révélation scénique pour ce jeune groupe dont la ferveur identitaire fut impressionnante.
    Alors qu' Hamza perfectionnait son image sur écran géant, nous lui avons, pour finir, préféré Sally C., pour le repos des yeux et le lâcher prise sur des Beats électro hypnotiques et savamment mixés.
    Dans cet écrin de nature permissif, encadré et bienveillant, c'est avant tout la découverte que l'on vient chercher et ce bain de vitalité lyonnais surprenant et pluriel, avant la rentrée. Que vive ce festival !

    @Crédits photos : Site woodstower

  • Au service du puissant tout

    Le véritable engagement spirituel consiste à grandir dans la conscience, à devenir un serviteur humble et désintéressé, sans attente  d'éveil ou de réalisation spécifique...c'est dans l'oubli de soi  et dans le service désintéressé que se trouve la véritable grandeur spirituelle. (p.40)

     

    yvan amar,faire dieu-reflexions sur le sens de l'existence,éditions le relié,castaneda,nasruddin hodja,gurdjieff,arnaud desjardins,chandra swami,nadège amar,aout 2024Les éditions le Relié publient Faire Dieu - réflexions sur le sens de l'existence, de Yvan Amar (1950-1999). Il s'agit de la retranscription posthume de dialogues à l'ashram d'Hauteville, fief d'Arnaud Desjardins (1925-2011), avec ses élèves.
    L'auteur nous parle de ses expériences numineuses, de son choix d'une vie de famille en conscience, de sa compréhension de certains subterfuges mentaux et de la nécessité d'être présent à ce qui est.
    N'hésitant pas à citer Castaneda, diminuer l'état de somnambule (Le fameux dieu autotranquilisateur cher à Gurdjieff ?)  revient pour lui à traquer nos habitudes égotiques, (croyances infantiles souvent) jusqu'à en être dénué, pour gagner en conscience.
    L’œil conscient, c'est Dieu qui se reconnaît, c'est la joie qui demeure,   ce sont les mécanismes conscientisés et dédramatisés, c'est la légèreté d'être. Il rappelle également à bon escient que ce grand rendez-vous consiste à justement baisser les armes, se rendre (à) nu pour s'immerger à la Source.
    Celui qui avait trois gourous, son maître Chandra Swami, sa femme Nadège et sa maladie, continue à nous parler de l'instant et de la relation profonde à y tisser, avant que le temps ne balaie l'illusion d'un meilleur à venir. 

  • Se dévoiler neuf

    Changez le rêve et vous changerez le futur. (p.33)


    Gislaine Duboc,La prophétie de l'espoir,Vega éditions,guy tredaniel éditions,La prophétie de l'espoir, paru chez Véga éditions, de Gislaine Duboc, pourrait s'assimiler à une relecture inspirée des mythes fondateurs de l'occident (Genèse et Apocalypse), fruit d'un dialogue chamanique.
    l'autrice distingue Adam d'Eve dans leur appréhension du monde, en tant qu'esprit imaginatif pour l'un et corps sensible pour l'autre, dans leur aperception verticale ou horizontale de l'information également, qui confère à l'avènement d'un collectif en meute ou en tribu.  
    L'avènement d'Eve dans notre monde agonisant est la prophétie de l'espoir, comme elle fut son initiatrice et guide intérieur.
    Son vécu et destin de chamane lui confère en effet une sensibilité accrue au vivant qui s'exprime par une reliance vibratoire dans et hors du corps. Cette capacité de dialogue infini avec d'autres mondes (esprits ou mémoire akashique) apporte une richesse réflexive pour cheminer du "multiple à l'un" et s'approcher de la vérité sans l'asséner. Elle rappelle que ce don de (clair-)voyance, désignant bibliquement parlant un prophète, ne vaut que par l'écoute d'un scribe  ou d'un disciple audiant. Ce livre captivant est donc avant tout une rencontre entre deux univers (multivers même), ceux du lecteur et de  l'auteur, plébiscitant implicitement un être relié plutôt que connecté ou augmenté, soit l'être pleinement humain face à l'homme-dieu ou voulu tel.
    Chamane d'instinct et de tâche (sa seconde naissance), Gislaine Duboc évoque l'état de co-naissant avec la capacité à connecter la Source de toute sagesse. "Se laisser vivre" débarrassé du diktat de la mort, comme "aimer ce qui nous détruit" (le feu qui transforme la matière ou la souffrance, par exemple) sont d'autres mantras qu'elle a fait siens et qui font sens dans son quotidien.

    Une vision somme toute très christique de la vie après un long voyage de déconstruction et de réinterprétation de l'archétype divin présent et advenant en soi (au masculin ou au féminin) et demandant à n'être que nouveau, dépoussiéré de l'ancien filtre.