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Choeur - Page 6

  • Une relecture émerveillée

    Cependant, au point de recherche où nous sommes, nous voyons un élément d'intelligence qui tient en ces deux mots :"engendrement sain". Mode d' engendrement sans connaissance, sans objectivation, sans possession ? Peut être rejoignons-nous là notre titre : un lieu en eux qu'ils ne connaissaient pas. (p.179)

     

    balmary.jpgMarie Balmary, psychanalyste et autrice, publie chez Albin Michel un essai de haute tenue : Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas. Il s'agit d'un ouvrage de réflexion collective sur plusieurs passages des évangiles, fruit de sessions de relecture (à partir du grec souvent) de la Bible entre sympathisants chrétiens (le groupe s'est baptisé Déluge) sur plusieurs années.
    Le parallèle avec le travail d'Annick de Souzenelle (à partir du texte hébreu) est patent mais ici l'interprétation est plutôt à teneur psychanalytique d'obédience freudienne. Le surmoi, sorte de "juge persécuteur" est une instance que l'on confond parfois (surtout lors d'une éducation chrétienne) avec le regard neuf et "inconnaissant" (vierge de savoir) de Dieu. Il objective les êtres et relations, dans un souci de possession, ce qui n'est pas vraiment de l'amour.
    L'alliance biblique telle que lue et comprise par Marie Balmary est au contraire une naissance au sujet, à un Je conscient qui est un être de relation. Relation à l'autre différencié mais aussi à l'Autre en soi, qui peut s'apparenter au Christ pour les chrétiens (une Personne, une Présence). Cette sorte de co-naissance est commune à l'humanité, pourvu qu'elle entame un chemin de croissance et de maturation intérieure. Elle est un corps (subtil ?) ou terrain vierge, libre de connaissance (qui limite et enferme), se définissant par la foi ou croyance au potentiel supra-humain ou divin en soi ou en l'autre. C'est cet espace invisible que l'autrice appelle le Royaume (des cieux), semblable au Fiat Lux ou état de pureté et prélude au souffle inspiré.
    On voit encore avec ce chemin analytique que le Christ, en tant que symbole vivant, est une clé essentielle et universelle de la vie unitive en sa relation au Père.

     

  • Conforter le sain

    Vivre avec l'irréparé, serait-ce apprendre à recouvrer la vue ? Serait-ce découvrir comment vivre avec le réel, autant que faire se peut, et ainsi ne plus accréditer l'idée que l'on pourrait sortir indemne de la douleur et du temps qui passe ?...Accomplir sa vie, serait-ce entrer dans l'inachevé et accepter l'irréparré comme gage d'authenticité du vécu ?  (p.27 et 208)

     

    Isabelle le Bourgeois,Vivre avec l'irréparé,Albin Michel,Dans Vivre avec l'irréparé paru chez Albin Michel, Isabelle Le Bourgeois poursuit sa réflexion sur le mal qui abîme et habite le monde et l'intention de son potentiel Créateur.
    Psychanalyste croyante et auxiliatrice auprès des plus délaissés, elle intègre dans ce livre quatre vécus de "patients" qui symbolisent et nourrissent son inspiration, avec ses années d'écoute au compteur (notamment en prison).
    L'irréparré ouvre sur un champ de possible qui n'est pas une guérison magique mais une acceptation à vivre avec nos failles , conditionnements ou stigmates. La parole dévoilée, la prise de conscience, la condition assumée de boiteux, les relations humaines...sont autant d'outils et d'armes à notre disposition pour aimer notre imperfection, à l'image peut être d'un Dieu miséricordieux envers ses fragiles créatures.
    Isabelle Le Bourgeois évoque l'alliance divino-humaine en la personne du Christ, qui assuma pleinement le paradoxe humain, en s'incarnant.
    Au sein de la matière ou de l'ombre, la lumière ; englobant l'ego-mental, un Je Suis rayonnant ; en soi l'Autre, le Fils, pour mieux se relier à la parole de conciliation ou de consolation...
    L'autrice veut croire en un sens et un Plan au milieu des apparents tourments ou épreuves. De l'inaccompli de nos tâches à la résilience en passant par une clarté de vision ou la reconnaissance d'une bienveillante présence, l'émerveillement et l'espoir restent de mise dans un monde dépeint souvent par trop chaotique.

     

  • La communion des éveilleurs

    Votre confusion tient au fait que vous confondez le Soi avec le non-Soi. Sachez que ce dernier n'est pas séparé du Soi. Mais vous vous en tenez toujours à l'idée que votre corps et le Soi sont identiques et ne font qu'un. Il vous faut vous débarrasser de cette fausse identification, votre bonheur alors se manifestera. (p.51)

     

    La conscience éveillée-instructions,entretiens,témoignages inédits,Patrick mandala,Ramana Maharshi,Jiddu Krishnamurti,éditions Accarias L'originel,Swami Ganesan,Les éditions Accarias l'Originel avec la traduction du fidèle Patrick Mandala, publient La Conscience Eveillée - instructions, entretiens, témoignages inédits ; un mashup et pont entre les visions ou visées de Krishnamurti et Maharshi, malgré leur divergence lexicale.
    De nombreux chercheurs de vérité ont bu ou étudié aux deux sources et en présentent ici (Harding, Frudman, Powell...) une synthèse, notamment le petit neveu de Sri Ramana, Swami Ganesan. Différences comme convergences d'enseignement sont abordées et hommage est rendu aux deux monstres spirituels avec documents inédits, à part égale (l'entretien de Krishnamurti à un journal newyorkais est un sommet en soi !).
    Vide pour l'un, Présence pour l'autre, il est toujours question de virginité (pureté ?) à trouver en soi (comme le furent en un sens les prophètes) avant que n' advienne le silence de la Plénitude (révélateur de l'absence de pensée) ou l'inspiration verticale du Verbe. C'est la personne et son identification au corps-mental qui est qualifiée de leurre et l'Autre en Soi de commun hôte, Réalité, témoin ou Conscience éveillée.
    Si des phénomènes de décorporation sont à l'origine des métanoïa de Krishnamurti comme du Maharshi, de tels observateurs de la psyché des profondeurs sont l'exception : la lumière du Vivant a vaincu avec eux pour un temps, et hors temps, le pouvoir de la mort.

     

  • Un récit galvanisant

    etoiles.jpgÀ l'origine de ce roman graphique,  un projet illustratif d'un voyage universitaire au Chili dans le désert d'Atacama (les plus grands observatoires au monde) pour observer les étoiles. José Olivares, natif chilien et professeur de Physique souhaitait convier deux dessinateurs chevronnés, Edmond Baudouin le sage empathique et Emmanuel Lepage, plus réaliste dans le trait, pour cette escapade où l'aspect transmissif primait.
    Rien ne se passera comme prévu mais Au pied des étoiles, paru chez Futuropolis relate de tous ces soubresauts. La maladie, le COVID, l'élection chilienne de décembre 2021, la vieillesse, la nouvelle génération et sa révolution identitaire, sans oublier les étoiles et ceux qui les côtoient de près...La révolution est le maître mot de cet ouvrage, à la fois historico-politique, psycho-sociologique et astro-métaphysique. Les évènements et rencontres extérieures bousculent et travaillent intérieurement les deux personnalités, qui entremêlent leur visions de la réalité.

    Parfois leurs dessins se complètent, parfois ils s'imbriquent l'un l'autre pour mieux souligner leur unité de conscience après un long périple (4 ans) d'aventures et de profondeur de vue, à côtoyer une jeunesse pleine d'idéaux et de nouveaux paradigmes. L'ouvrage questionne aussi l'acte créateur, la façon dont il est vécu ou envisagé, comme un prolongement de tout l'être pour relater du vivant en soi et alentours.
    Deux univers personnels à (re)découvrir pour ces deux artistes amis, au sommet de leur art. Deux styles pour deux individus pas si opposés que cela mentalement malgré l'écart générationnel, des récits poignants, des authentiques tranches de vie, une surenchère (dans le sens saine compétition) d'œuvres d'art et cette sensation que tout est relié, interconnecté, comme les étoiles aux infimes événements ou identités terrestres. 

  • Un modèle démultiplié

    Quelle que soit la grandeur des œuvres humaines et la puissance atteinte par les civilisations d'un point de vue matériel, tout peut être anéanti rapidement par la volonté de Dieu dès l'instant où la vanité, l'orgueil et la violence prennent le dessus sur la piété, l'humilité et la bonté. Les messages divins sont d'éternels rappels a l'ordre. A nous de savoir les interpréter...(p.99)

     

    Reem Yasmina Laghrari,les prophètes à la lumière du Coran et de la Bible,Eric de Kermel,éditions du Relié,Dans Les Prophètes, Reem Yasmina Laghrari ausculte sur près de 600 pages l'essence des principaux émissaires divins communs aux monothéismes en multipliant et croisant les sources d'informations. Dans ce livre des éditions du Relié, Jésus et Mohammad y figurent en meilleure proportion (ainsi que Marie mais aussi d'autres femmes renommées), démontrant l'ouverture d'esprit de cette musulmane pieuse.
    Son talent de conteuse nous fait revivre les épopées et épreuves des prophètes a la lumière du Coran et de la Bible, explicitant certains versets ou développant d'autres aspects historico-mythiques.
    Émerveillée par la création, cette pharmacienne de formation nous rappelle que des récentes découvertes scientifiques ou astronomiques valident des intuitions divines écrites.
    La méditation de ces êtres reliés est un cheminement en soi pour développer des qualités ou vertus, garder la foi ou prendre patience dans l'adversité, aimer et garder espoir en son prochain entièrement, pour engendrer un monde meilleur.
    l'autrice explicite ce qu'elle comprend de l'exemple de ces messagers, sur le plan de la métahistoire mais aussi celui plus intérieur. Sa visée reste ésotérique (le djihad intérieur) en vue d'un édification de l'âme et d'un cœur purifié.
    Mohammad étant le sceau, Reem Yasmina Laghrari présume l'humanité assez sage et consciente désormais pour devenir elle-même, pour ceux qui en prennent le chemin, ponts sans intermédiaire, entre le ciel et la terre. 

     

  • Le langage des oiseaux

    Ce que nous vivons dans notre réalité n'est que la représentation symbolique de notre perception de nous-mêmes...les conflits que nous rencontrons dans notre vie parlent de nos conflits internes, les répétitions de schémas parlent de notre déni...c'est en accueillant que nous parvenons  à comprendre, et c'est en comprenant que nous pouvons guérir...accueillir et cueillir, c'est sortir du déni, guérir de la folie et ouvrir la porte à l'amour universel. (p.235)

     

    femme hypersensible-cette sorcière qui s'ignore,Anne landry,éditions trédaniel,inquisition,inconscient collectif,invisible,guerisseuse,passeur d'âme,chamane,déni,Mars 2024Femme hypersensible - cette sorcière qui s'ignore (la voix de l'âme) est le second livre de la psychanalyste Anne Landry paru chez Trédaniel éditions.
    A la fois outil pratique (techniques de soins, bienfaits de plantes ou cristaux...), nomenclature d'hypersensibles empathiques, guide sur le cheminement intérieur ou galerie de portraits (interviews), l'ouvrage retrace aussi surtout la reconnexion de l'autrice avec son âme ou enfant intérieur.
    Certains dons (guérison, passeur d'âme, magnétisme...) sont innés chez des personnes majoritairement hypersensibles. L'éducation ou la culture dominante étouffent parfois ces facultés d'ouverture à l'invisible, chez les enfants et plus particulièrement les filles dont le traumatisme transgénérationnel des bûchers de l'Inquisition (à la renaissance) reste très actif dans l'inconscient collectif féminin.
    Anne Landry insiste beaucoup sur l'apaisement et la clarification de nos schémas dysfonctionnels intérieurs (nos projections) avant d'être clairvoyant (ou clairaudiant) en posant une limite avec nos aperceptions sensorielles. Des années de thérapie l'ont amenée à un accueil de ce qui était présent en elle de tout temps (le déni notamment) pour accomplir enfin sa tâche, un syncrétisme réussi entre raison et intuition.
    Une bonne nouvelle donc pour toutes celles et ceux qui estiment qu'être équilibré est avant tout affaire de verticalité et de reliance aux mondes invisibles, une "magie-sienne" qui est confiance en "soi-m'aime".

     

  • Souvenirs en-chanteurs

    rachel.jpg

    Back to reality est une pièce co-écrite par Adèle Gascuel et Catherine Hargreaves ; mise en scène par cette dernière. Elle rend hommage à Rachel, sa sœur trisomique aimée et évoque des souvenirs traumatiques ou heureux. François Herpeux (drolissime), Raphaël Defour (exubérant) et Georges Webster (acteur-danseur pétillant porteur de trisomie et véritable star anglaise) incarnent un boys band régressif (teinté années 70)  qui apporte la folie et le rire pour alléger la part triste de l'absence.
    C'est tout le processus créatif qui nous est dévoilé et la réflexion consciente d'une artiste en quête de légitimité pour parler de différence ou de handicap. Côtoyer au quotidien ce dernier donne une certaine acuité d'esprit à appréhender les failles de notre monde normé. La différence n'est après tout  qu'une couleur sur l'arc en ciel de l'humanité.
    L'évocation de sa sœur ainée, suscite chez Catherine Hargreaves une complexité narrative et de propos. Ce foisonnement d'émotions et d'idées nous touche profondément et renvoie à nos propres "freins" qui peuvent parfois s'envoler en une seule rencontre.
    Interview audio à l'issue de la représentation avec Georges Webster et Catherine Hargreaves (8 min) :

    podcast

    @crédit photo : Fb Catherine hargreaves