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Choeur - Page 6

  • La chair du Verbe

    À l'accusation d'être un possédé, la réponse de Jésus va ici au fond de la question : celui qui n'a pas en lui l'esprit de Dieu ne le reconnait pas en acte, le confond avec son contraire, s'y oppose ; c'est là le péché qui ne peut être pardonné à l'heure eschatologique (p.186).

     

    temps fin.jpgGiancarlo Gaeta signe avec Le Temps de la Fin, paru chez Labor et Fides, un essai autour du Verbe, parole mystique s'il en est.
    Le message du Christ, tout eschatologie et radical dans son expression, fut selon l'auteur, sans doute édulcoré par les rédacteurs des évangiles. Son individualité incomprise et le temps de la fin ne venant pas, l'église prit la place du vide laissé par sa disparition brutale, avec des prescriptions ou rites et une visée linéaire de l'Histoire.
    Prenant appui sur Michel de Certeau et sa fable mystique, il questionne au final l'appréhension du langage mystique, transhistorique, intemporel, auquel plusieurs disciplines des sciences humaines s'intéressent. Le texte coranique, comme celui des prophètes, reprend le même leitmotiv d'un rappel du Jugement dernier, laissant toute amarre égotique de côté pour ne garder que l'épure étrique, un corps-don tout entier tendu vers le ciel, dans une verticalité  identique au fil à plomb.
    L'homme moderne transformé, transfiguré, est neuf dans son approche et sauvage parfois dans ses attitudes. Relié à la Source il n'est plus mondain (émondé) mais répond à des impératifs intériorisés, le faisant parfois passer pour fou ou pire, méprisé, tant sa différenciation irradie, dans l'indifférence la plus totale. Invisible mais essence-ciel donc indispensable à la bonne marche du monde.

  • La clé du bonheur

    La liberté véritable n'apparaît que lorsque nous sommes capables de lâcher prise de notre souffrance et de revenir en nous. La liberté est le bien le plus précieux qui soit. Elle est le fondement de notre bonheur, et elle nous est offerte à chaque respiration consciente (p.23)

     

    L'Art de communiquer en pleine conscience,Thich Nhat Hanh,Courrier du Livre, éditions Guy Trédaniel,village des pruniers,Le Courrier du Livre réédite l'Art de Communiquer en Pleine Conscience de Thich Nhat Hanh (1926-2022).
    Avec des mots simples, l'essentiel est abordé. Revenir à soi, sa respiration, assis ou en marchant. Se réapproprier son corps, être présent à ce qui est, en conscience.
    Accueillir la souffrance, la sienne transgénérationnelle puis ensuite celle d'autrui. Voir et respirer.
    Enfin parler en conscience, prendre le temps, choisir les mots, veiller à ses pensées et diffuser harmonie et paix, une parole juste.

    L'auteur aborde également la pratique collective et ses bienfaits pour le groupe (le village des pruniers où il résida 20 ans ou tout autre groupe de travail) ou la nation, si elle était mise en place en plus haute instance.
    Un livre qui fait du bien, accessible et pratique, quintessentiel.
    Thich Nhat Hanh nous a quitté physiquement après avoir beaucoup semé, mais ses écrits restent. Une pédagogie pour devenir plume dans le vent !

  • Un nom vénéré

    Il réunissait dans l'impeccabilité de sa personne la totalité des réalités spirituelles : Vérité (Haqîqa), Voie (Tarîqa) et Loi (Sharî'a). Dans l'âge moderne, nous ne connaîtrons plus pareille synthèse monothéiste, l'intégralité de l'expérience religieuse. (p.236)

     

    berger.jpgLe jeune méditant érudit Abd El-Kader (1808-1883) fut projeté guerrier contre le colonisateur français, puis fait prisonnier en France et restitué à sa patrie. L'exil et le contact de la culture chrétienne lui fit approfondir sa foi de musulman, sur les pas d'Ibn Arabi dont il fut exégète, avant de suivre un chemin  d'unification au divin avec un maître soufi Al-Fâsi Al-Shâdili (1863). 
    Karima Berger lui restitue dans Abd El-Kader, l'arabe des lumières, paru chez Albin Michel, sa noblesse de caractère et sa grandeur d'âme, révélant la place qu'il occupe dans son cœur et dans celui de la nation algérienne.
    Un ouvrage quasi hagiographique à la hauteur cependant de l'aura de l'émir des croyants dont les faits et gestes sont nimbés de bonté ou de grâce, notamment avec le livre des Haltes, œuvre marquante qui lui fut inspiré.
    Il est question ici de jihad, le petit (contre l'envahisseur ou le mécroyant) mais surtout le grand (contre des ennemis intérieurs) dont l'émir fut un digne représentant, accueillant sans jugement ses prisonniers ou hôtes, d'où qu'ils viennent. Son ouverture d'esprit et son traitement impartial et équanime de l'Autre inspira nombre de traités de guerre ou de chartes.
    Karima Berger officialise son rang de cœur, bien au chaud derrière le Prophète Muhammad et le sceau de la sainteté Ibn Arabi, tout au moins pour l'initiation spirituelle, sur l'échelle céleste, au Panthéon de l'Islam.

  • L'Être père

    Liza Machover,Florian Bessin,Julien Moreau,Thibault Villette,carolina Rebolledo-Vera,Alex Mesnil,Corine Ravaud,Florian Bessin,Marie Rasolomanana,Julien Moreu,Benjamin Möller,Maureen Sizun Vom Dorp,Paul Argis,Alex Mesnil,Claire Dantec,Jonathan Devrieux,compagnie,compagnie superfamilles,Théâtre du point du jour,Lyon, 1er Février 2024

    La compagnie Superfamilles nous entraine hors du Théâtre du Point du Jour de Lyon 5. Nous allons à la découverte de L'île aux pères (ou pourquoi les pères sont-ils absents ou morts) écrit et mis en scène par Liza Machover. Les comédiens Florian Bessin, Julien Moreau, Thibault Villette, dont un danseur et un circassien, se défient au jeu dangereux du cap ou pas cap avant de nous embarquer sur la scène dans un dispositif bi-frontal et de nous convier dans leur quête autour des "papas", de la filiation en passant par l'assimilation des codes des "supers-héros". Chacun y va de son histoire ou ses expériences touchantes: cueillir des fleurs sur un terrain de foot...si mignon mais pas vraiment au goût du paternel ! La vie des héros, des comédiens ou la parole récoltée pendant 3 ans sert à dresser le portrait des pères d'hier et d'aujourd'hui, parfois grandioses, parfois détestables, humiliants ou simplement absents ou morts. Une pièce qui ne laisse pas indifférente car renvoyant forcément au vécu de chaque spectateur. Celui-ci est d'ailleurs invité à partager ses propres souvenirs. Les acrobaties, costumes et fantaisies de nos trois comédiens apportent ce qu'il faut de sourire et de rire pour que L'île aux pères reste léger tout en traversant les questions actuelles sur la masculinité et le rôle des pères.

    Liza Machover répond aux questions de Chœur pendant que le public déambule sur scène (9min 30)

    podcast

    Crédit Photo : Théâtre du Point du Jour

  • le son du chophar

    Les conséquences d'Internet en tant que médium sont aujourd'hui visibles dans la vie politique française. La question juive est devenue omniprésente dans les polémiques qui émaillent presque quotidiennement la conversation nationale...les juifs accompagnent l'agenda quoi qu'il arrive, comme si les catégories de droite et de gauche avaient cédé la place à celles de sioniste versus antisémite. Qui pourrait trouver cela sain ? (p.234)


    Guillaume Erner,judéobsession,Flammarion éditions,Guillaume Erner, sociologue, publie Judéobsessions chez Flammarion, un essai assez complet sur l'antisémitisme, ses racines, ses ressorts, son expansion.
    Obsédé par le mot et l'être juif, notamment depuis la Shoah, par ses descendants, il explicite un énième paradoxe actuel : l'omniprésence médiatique du juif malgré sa constante disparition sur le territoire européen (il n'y restent que 9% sur les 14 millions dont la majorité en Amérique et Israël).
    Il résume et démonte brillamment toutes les théories anti-juives depuis des millénaires, jusqu'aux complotismes récents.
    Il rappelle également le nécessaire distinguo à opérer entre juif et sioniste, religieux et laïque ou encore l'existence de juifs à gauche politiquement parlant. C'est surtout le réductionnisme et le retour du refoulé concernant son identité, depuis le 7 octobre 2023 qui l'ont amené à pousser ce cri d'alarme, en s'en tenant aux faits pour désamorcer des idées reçues ou pensées mécaniques.
    Peu porté sur le religieux, il évoque néanmoins la particularité de ce peuple monothéiste originel, coutumier de l'exil et victime du nazisme. L'embrasement mondial du conflit politique et sémantique laisse augurer des lendemains difficiles jusqu'à l'hypothétique venue du Messie tant attendu (par les trois religions monothéistes), dont l'avènement pourrait éclaircir ou tout du moins donner un sens aux événements tragiques de l'Histoire.
    Un livre nécessaire, utile, courageux et pourfendeur de clichés sur la question juive.

  • Une cristallisation pérenne

    Une partie essentielle du travail de l'aspirant spirituel, une fois qu'il a pris conscience de l'omniprésence du mental dans sa vie, consiste à nettoyer et à rectifier cette lentille déformante, afin de voir ce qui est avec un minimum de distorsion et, éventuellement, de se situer comme Témoin libre du mental. C'est le but de tous les chemins de la sagesse. Le mental crée des conflits, la Paix les dissout (p.72).

     

    Dialogue-avec-un-sage.jpgYvon Ginchereau fut disciple d'Arnaud Desjardins pendant trente ans. Correspondance, entretiens, séjours en Ashrams entre Canada et France jalonnent son initiation dans ce qui s'apparente à une véritable science de l'êtreté.
    L'ouvrage Dialogues avec un Sage, publié aux éditions Accarias l'Originel, est parsemé d'extraits épistolaires et retrace le processus pour devenir un réel disciple, l'assainissement premier du "tout relatif", pour œuvrer à l'élévation spirituelle ensuite. Les particularités égotiques divisent et objectivisent mais le Maître s'intéresse à ce qui relie et rend sujet de l'expérience.
    L'auteur nous prouve ainsi qu'il n'existe pas de déterminisme, de chemin tout tracé et que la voie spirituelle s'adresse à tous (religieux ou pas) mais que peu maintiennent l'effort de vigilance exigé sur un long terme. La naissance et la cristallisation du "témoin conscient" et détaché du processus mental (émotions et pensées sous leurs aspects négatifs mais aussi positifs) prend du temps et demande une pratique continue. Sans l’œil avisé d'un maître spirituel elle est d'ailleurs souvent vouée à l'échec.
    Le témoignage d'Yvon Ginchereau explicite les moyens habiles déployés par le Sage guru pour séduire et "hameçonner" l'apprenti disciple mais nous montre également sa véritable compassion et communion envers les êtres englués dans des automatismes et mécanismes égotiques.
    Psychologue de formation, l'auteur rappelle son engagement volontaire à mener le monde à sa guérison. In fine détaché de son corps de souffrance, il est devenu à son tour un témoin phare de la tradition de l'Advaïta Yoga, dans la droite lignée du maître d'Arnaud Desjardins, Swamiji Prajnanpad

  • Epoustouflant Juan à 2

    Duo Juan, Philippe Mangenot, Rafaèle Huou, Steve Ollagnier, Théâtres de l'Entre-Deux, Dom Juan, Molière, Théâtre de la Renaissance à Oullins, 2025

    La compagnie Théâtres de L'entre-Deux, portée par ses deux figures de proue Philippe Mangenot et Rafaèle Huou, investissait ce vendredi le Théâtre de la Renaissance d'Oullins pour sa deuxième représentation de Duo Juan.
    Une véritable prouesse physique d'une heure et demi où les deux complices jouent tous les rôles du classique de Molière. On y savoure le verbe et la verve ainsi que l'adaptation très moderne de la pièce, sans fioritures, avec accents et adjonction d'un musicien (Steve Ollagnier à la batterie, programmations, bruitages et souffleur occasionnel) et chansons.
    Philippe Mangenot impressionne par sa fraîcheur physique et déplace des montagnes, emmenant les spectateurs dans un tourbillon de vitalité jusqu'à l'extinction. On le connaissait metteur en scène, on le découvre acteur engagé corps (un véritable athlète), âme (fidèle au texte) et esprit (souffle). Rafaèle Huou, également sur tous les fronts,  est Elvire mais aussi Dom Juan, Sganarelle, Monsieur Dimanche, etc. et semble s'en délecter. Elle n'est pas cantonnée aux trois rôles féminins de la pièce et ça fait du bien. On découvre sa belle voix que l'on écoutera ensuite dans un After version cabaret chansons et brèves de théâtre par son acolyte (juste après Duo Juan). 
    Voici donc un Dom Juan explosif, une performance scénique rythmée et enjouée, pour un plaisir partagé et avec des spectateurs acteurs.
    Rencontre avec le comédien et metteur en scène Philippe Mangenot (6min 28)

    podcast

    Photo : Théâtre de la Renaissance