Avec 1983, présenté à la Comédie de Saint-Étienne, Alice Carré, l'autrice, s'intéresse à une époque charnière de l'histoire de France et de l'Histoire tout court : l'année de l'inflexion néolibérale et des récupérations politiques des luttes identitaires et sociales (intervention télévisée de J.M. Le Pen, Marche pour l'égalité et contre le racisme, groupe Carte de séjour avec Rachid Taha, déceptions après l'espoir Mitterrandien...).
Beaucoup de choses à dire pour penser la complexité à partir de nombreux entretiens avec les acteurs de l'époque. La pièce est très référencée, solide dans ses ancrages politico-culturels et socio-économiques et les 8 acteurs virevoltent en enchaînent les rôles, faisant fi des genres et des codes de la représentation. L’œil est sollicité de partout avec aussi quelques scènes en plan large et filmées. Le sérieux du sujet est équilibré par des effets burlesques et des saynètes musicales ; le rythme et l'intérêt du point de vue chassent l'ennui (2h35 de spectacle trépidant).
La compagnie Nova créée en 2016 avec Margot Eskenazi à la mise en scène propose des histoires différentes de celles communément établies avec une vision moderne, fraîche et non stigmatisante de l'actualité. Les luttes de 2023 (sociales et anti-racistes) sonnent comme des échos lointains à 1983, date de leur origine ?
Alice Carré au micro de Chœur nous livre le fruit de sa réflexion.
Crédit photo : © Loïc Nys . La comédie de Saint-Étienne