«- On peut m’expliquer ce qui se passe ? Demande ma mère d’un air agacé. Je voulais prendre mon traitement mais la boite a disparu. »
Plus de pétrole, plus de charbon, plus de produits chimiques, à première vue le monde dans lequel vit Tess fait plutôt rêver. Sauf que, dans Sable bleu, nouveau roman d’Yves Grevet chez Syros, ces phénomènes ne viennent pas de la prise de conscience des humains mais d’évènements étranges qui se produisent simultanément. « Maladie du pétrole », charbon inutilisable et médicaments qui disparaissent du jour au lendemain dans des pharmacies ou chez des particuliers dans tous les coins de la planète. Les autorités sont persuadées que c’est un coup de ces jeunes écolos de « Planet Reboot » considérés comme les nouveaux terroristes par les gouvernements. Manque de pot pour Tess, la jeune fille milite au sein du mouvement depuis son entrée au lycée et intrigue les policiers. De fait l’adolescente ne se sent pas très bien depuis quelques temps, ressent d’étranges sensations, est la proie de visions dont elle n’ose pas parler.
Et moi, de mon côté, qu’est-ce que je fais avec ce que j’ai vécu cette nuit ? Avec qui puis-je partager mon expérience sans passer pour une mythomane ?
Ceci n’est pas une dystopie mais plutôt une utopie. Dans ce roman la nature va mieux, les humains n’ont plus besoin de tranquillisant et l’amour empreigne chaque page. Pourtant quelque chose se trame sur cette planète et des jeunes gens commencent à disparaître. Difficile de savoir jusqu’à la dernière page si ce qui arrive est une bonne ou une mauvaise chose. On suit Tess, avec joie et appréhension, dans son cheminement. Cette héroïne nous réconforte et donne l’espoir d’un monde meilleur. Ici la protection de la nature va de pair avec l’entraide, l’acceptation de l’autre, l’adaptation et le combat pour la vérité. L’auteur aborde aussi, toujours subtilement, les questions de légitimité et de radicalité dans la sauvegarde de la planète, le retour à l’agriculture « saine », pas toujours facile mais aussi la difficulté d’être différent (homo, adopté, hypersensible, etc.) dans une société trop rigide.
« Et bien … Ils observent tous, depuis plusieurs mois, une très nette diminution de la pollution de l’eau de mer par les plastiques ! Le combat n’est pas encore gagné mais l’amélioration est spectaculaire. »
Les personnages d’Yves Grevet, sont tous singuliers et attachants, la science-fiction flirte avec le réel et le livre, passionnant, se lit d’une traite. Adolescents et adultes peuvent aisément s’y retrouver et y puiser des idées pour le monde de demain. Bref, ça fait du bien !
Image: Éditions Syros