Neige de Pauline Bureau, à la Comédie de Saint-Etienne : la scène s'ouvre, nous voici plongés dans une forêt d'arbres gigantesques, souches, animaux qui apparaissent (des hologrammes) et une citerne plantée dans le décor ! À la fois sublime et intriguant. Le public est littéralement projeté dans le conte, sauf que Neige est une jeune fille d'aujourd'hui, amoureuse du "prince" du lycée et obligée d'obéir aux injonctions de sa mère tyrannique. Le spectacle vogue ainsi entre le merveilleux de l'histoire de Blanche-Neige et la réalité parfois crue de l'âge ingrat. C'est la transformation et les renaissances que capte ici Pauline Bureau. De l' enfance a l'adolescence, de l'acceptation a la rébellion, de la beauté au flétrissement, de la vie rangée a la liberté retrouvée. Et surtout du refus de ressentir au débordement d'émotions. Devant la minutie du décor, la magie des apparitions, la présence de l'eau bleutée (des captations vidéos immersives), le public ressent lui aussi une puissante vibration, sans oublier la relation mère-fille, les premières amitiés, le frisson de l'interdit et la découverte de soi-même.
Cet espace-temps semble suspendu et pas seulement pour les enfants. Les comédien.nes tous excellents nous transportent comme les personnages se transforment en grandissant.
La bande originale semble saisir la pulsation du moment avec cette nécessaire reconnexion à l'âme nature (via le chasseur - homme sauvage).
Quand tout paraît figé, Pauline Bureau scrute la floraison et libère l'énergie comme un enchantement.
@credit photo : Christophe Raynaud de Lage.