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roman ado

  • La lune de Kyoto

     Love under the blue Moon,  Mii Hirose, Delcourt, roman ado, kyoto"Le bleu du ciel se mêlait à celui du bassin et ainsi, l’ensemble du paysage semblait avoir été peint d’une seule et même couleur".

    Allons contempler la lune bleue, un phénomène très rare, grâce à Love under the blue Moon aux éditions Delcourt. C’est un soir comme celui-ci que Keiichi rencontre Saki. L’adolescent est en vacances chez sa grand-mère et décide de parcourir les rues de Kyoto qu’il connaît mal. Malgré lui, ses pas le guident vers une forêt puis un étang où se reflète une lune un peu spéciale. Mii Hirose a écrit une histoire romantique empreinte de fantastique, qui se distingue des idylles habituelles pour adolescent.es. On y retrouve également la poésie et l’ambiance si singulière et touchante de la société japonaise.

    "Sur la devanture s’étalait une bannière jaune indiquant « Les croquettes au bœuf, spécialité d’Arashiyama » et une douce odeur familière, caractéristique de cette denrée, flottait dans l’air".

    Tout au long du livre, le récit oscille entre découverte du sentiment amoureux, nostalgie et attachement/détachement du cocon familial. De même, des sensations contradictoires nourrissent le lecteur : partage des émotions des personnages, gêne de l’aspect « midinette » de certaines scènes voir une pointe de sexisme « Quel genre d’homme était capable de rester de marbre face à la détresse d’une jeune fille ?», fascination pour le décor (la ville de Kyoto, l’architecture, les boutiques, les spécialités et la nature environnante). Au final, c’est l’univers onirique et de science-fiction qui happe jusqu’à la dernière phrase.

    "Saki m’observait avec insistance et mon champ de vision fut rempli par son visage. Ses immenses pupilles brunes ressemblaient à celles d’un chat et son sourire était fragile".

    Mii Hirose évoque les mangas qu’affectionnent les protagonistes. Effectivement cette histoire pourrait être totalement retranscrite par l’image tant la description de l’environnement est minutieuse et souligne admirablement le propos. Le passage du temps : la ville qui évolue, la grand-mère qui perd la mémoire ou l’adolescent qui perçoit les changement de ses camarades ; est énoncé par petites touches qui apparaissent soudain comme essentielles à la fin du récit.

    Image: Delcourt

  • Les racines d’Anna-Meï

    Comme un oiseau dans les nuages, Syros, Sandrine Kao, roman ado, Chine, Taïwan, dépression, généalogie, piano, janvier 2022« Grâce à toi, j’avais filé mon enfance sur fond bleu tendre, la coloration des beaux jours, et racé un chemin cotonneux et agréable comme un nuage. »

    Anxi, Jingjian, Quanzhou en Chine ou Sandimen, Tainan, Kaohsiung sur l’île de Taïwan, autant de lieux qui ne disent pas grand-chose au lecteur ni à Anna-Mei, l’héroïne de Comme un oiseau dans les nuages, écrit par Sandrine Kao aux éditions Syros. Ces endroits lointains font pourtant partie prenante des origines de l’adolescente. Peut-être même peuvent-ils expliquer les raisons de son profond mal-être. Pourquoi sa fidèle grand-mère Yifei, qu’elle appelle Ama, ne lui a jamais vraiment parlé de sa jeunesse, de sa famille et de ses ancêtres asiatiques ? Anna-Mei, qui se rêve pianiste mais échoue lamentablement à un grand concours va devoir creuser cette piste pour se découvrir elle-même.

    « Éliminer le Feu et le Tan, réguler le Qi, débloquer le Foie, apaiser l’Esprit, rééquilibrer le Yin et le Yang … Bon tout ça d’accord. Le Feu, le Qi, je savais à peu près à quoi ça correspondait »

    Le roman ado est un dialogue entre petite-fille et grand-mère, narratrices du récit chacune leur tour. On suit leurs parcours, celui des générations précédentes et la petite histoire croise la grande histoire de la Chine et de Taïwan. Les destinées des différents membres de cette famille sont à la fois tragiques et romantiques. La vie semble se jouer d’eux et pourtant une aura lumineuse transparaît à travers leurs épreuves. Chaque génération semble transmettre un lien d’espoir à la génération suivante. Anna-Mei semble contenir à elle seule les tragédies, les doutes et la lumière de ses ancêtres, et notamment la lignée des femmes. Tout cela est dur à porter pour une jeune fille de seize ans, perdue dans les tracas, tous aussi difficiles de l’adolescence. L’aspirante pianiste va petit à petit percevoir ses origines d’un œil neuf, et non plus seulement à travers le regard de ses camarades français. En effet le récit se déroule au début de la pandémie et les personnes ayant des traits asiatiques sont vus comme des porteurs potentiels du Covid 19 et sont dénigrés.

    « Ça me fait penser à une Cendrillon inversée : l’héroïne, Zhou, serait la mal-chaussée qui n’arrive pas à rentrer son pied dans de si petits souliers, […] »

    Comme un oiseau dans les nuages nous emmène sur les routes chinoises puis taïwanaises à travers différents régimes et croyances. Ama, née dans l’Empire du milieu, ayant grandi sur l’île de Taipei, est un pont entre les cultures, les années et les façons de voir les maladies. Le récit est plutôt âpre et n’épargne pas le lecteur mais il garde la douceur que laisse présager son titre. C’est aussi un hymne à la liberté de mener sa vie comme on l’entend, surtout en tant que femme. Par ailleurs, Sandrine Kao sait ménager le suspens à chaque chapitre. À la fin de l’histoire, l’envie d’en savoir plus sur ces deux pays asiatiques mais aussi sur notre propre arbre généalogique nous taraude. À partir de 14 ans.

    Image: Édition Syros