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Roc, Rock, Rokia Traoré !

« Le Mali est une civilisation riche, élégante et sophistiquée et il est important que le reste du monde le sache », témoigne Rokia Traoré en conférence de presse, juste avant son concert au théâtre antique de Vienne. Et ce ne sont pas des mots en l’air, puisque la chanteuse nous entraine immédiatement dans cet univers, son univers. Évidemment, Rokia Traoré, voyageant depuis sa jeunesse, s’inspire aussi des musiques européennes ou américaines mais elle puise bel et bien ses racines dans son pays natal. Sa voix est douce et puissante, sa présence tel un roc et ses paroles tantôt claires tantôt mystérieuses. En effet la chanteuse malienne s’exprime en français, anglais ou bambara (langue la plus parlée au Mali). Selon elle, « on ne peut pas penser les même choses selon les langues », quand elle écrit, la langue utilisée lui vient donc naturellement. « Né So », son sixième album sorti en 2016 signifie « maison » ou « chez moi », et c’est bien chez elle à Bamako qu’elle nous invite. Rokia Traoré y est revenue vivre après avoir habité en France dans les années 90. Elle veut montrer qu’être artiste est un métier et qu’on peut en vivre. C’est pour cela qu’elle a créé sa Fondation Passerelle qui aide la jeune création artistique et musicale au Mali.

Rokia Traoré, Jazz à Vienne 2018, Nuit Africaine, Tournée Né So, Mali, Blues-rock mandingue, 6 juillet 2018 Vienne

Le public de Jazz à Vienne à répondu présent à la donne de Rokia Traore. Sa proposition résolument rock (blues-rock mandingue) a séduit les amoureux de l’Afrique pour cette soirée métissée aux accents et couleurs éthiopiens (Mulatu Astatke), sénégalais (Youssou N’Dour) et donc maliens (Rokia Traoré). La patte masculine et le son dru de John Parish (producteur notamment de Pj Harvey) s’entend à merveille avec le rythme tribal et le luth africain « n'goni » de ses deux derniers albums. Sur scène, Rokia Traoré est ses musiciens nous entraine petit à petit dans une transe. Sa choriste, Salimata Traoré, est aussi une danseuse hors pair et le public pourrait la regarder traverser la scène jusqu’au petit matin. Elle donne des fourmis dans les jambes et les pieds des spectateurs ne tiennent plus en place. Rokia Traoré s’y met aussi et on aimerait découvrir ou redécouvrir sa discographie dans son entier ainsi que ses autres spectacles.  La chanteuse malienne aime l’art en général et a participé la veille à un concert dessiné avec le dessinateur Rubén Pellejero. Elle a également joué au festival de théâtre d’Avignon l’an dernier avec la pièce Dream Mande Djata crée à Bamako et racontant l’épopée de l’Empereur Soundiata Keita (fondateur de l’empire du Mali).

Rokia Traoré est sans aucun doute l’ambassadrice la plus naturelle de « la civilisation riche, élégante et sophistiquée » qu’est le Mali.

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