Tuer en soi le judaïsme et la féminité, le sionisme va d'ailleurs énergiquement s'y appliquer. (p.44)
Clarté et concision pour un sujet épineux, dans les propos de Gérard Haddad, pour cette Archéologie du Sionisme parue chez Salvator édition.
L'auteur puise dans les racines du projet, réhabilitant les justes (Eliezer Ben-Yehouda) enclins au dialogue et respect avec les palestiniens, soucieux des rites et d'une langue commune, l'hébreu, pour les futurs expatriés.
On apprend que la création d'un État-nation juif aurait pu se dérouler en Argentine, aux États-Unis ou au Kenya actuel (projet Ouganda) et que le nom de Théodor Herzl retenu par l'histoire avait un penchant psychotique orwellien.
Exceptée la formation du Kibboutz et l'adjonction spirituelle, peu d'aspects du sionisme actuel, dévoyé et souffrant du retour du refoulé, ont la faveur de G. Haddad. Cet homme d'ouverture et de concorde, qui connut Leibowitz et Lacan, vilipende le guerrier militaire issu du kibboutz comme parangon du système en place (à l'exemple de Ben Gourion) et récuse la violence colonisatrice et expansionniste en général.
Très soucieux de la tournure des évènements depuis le 7 octobre 2023, il tenait à rétablir la vérité sur Israël où il vécut un temps dans une langue hébraïque qu'il maîtrise, et de rappeler que des frères se tirent dessus, donc symboliquement
sur soi, triste destin.