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waraqua

  • La face occultée de Dieu

    "L'islam aujourd'hui plus qu'à toute autre époque, se caractérise par une inflation des lectures normatives centrées sur l'interdit et le permis, l'amputant ainsi de toute dimension spéculative ou mystique" (p.37)

    Poussée par un impérieux devoir de mémoire depuis la mort de son père,
    Kahina Bahloul s'est appropriée un cheminement spirituel singulier, celui de la voie ésotérique soufie, pour transmettre à son tour des valeurs et attributs hérités d'un joli brassage religio-culturel (Son père berbère de lignée maraboutique et sa mère française, de confession judéo-chrétienne).
    Fière de ses origines (c'est la première partie de l'ouvrage), elle a approfondi l'histoire de son prénom (une célèbre prophétesse berbère résistante) et le statut politico-spirituel de son patronyme ( digne du mythique fou-sage Mullah Nasreddine) pour entrer de plain pied dans la tâche d'imame, la première de France, une fonction difficile à imposer au sein d'un Islam actuel majoritairement plutôt rétrograde, littéraliste et patriarcal (elle rappelle au passage qu'au temps fantasmé, une femme mandatée par le Prophète, Oumma Waraqua, dirigeait la prière dans la deuxième mosquée de Médine).
    kahina.jpgDans ce premier livre personnel et plutôt rationnel, "
    Mon islam, ma liberté", paru chez Albin Michel, elle évoque sa position sur le voile, rappelant qu'il n'est ni l'apanage de l'islam ni une prescription coranique. Une traduction plus intériorisée proposerait de "voiler le regard"...
    Elle revient également sur les années noires qu'à connu l'Algérie de son enfance et les persécutions subies par les femmes au nom du surenchérissement (ou inflation) d'un masculin vertueux conforme à une origine à la fois faussée (on est loin de l'esprit égalitaire auquel l'envoyé de Dieu a appelé l'humanité) et dépassée (le monde  a profondément changé depuis les interprétations des premiers juristes musulmans) .
    La jeune autrice et imame milite enfin et surtout pour un islam spirituel et libéral, à l'image des mystiques soufis "
    dont la plupart des penseurs furent et sont en faveur du pluralisme religieux et du salut universel", Ibn Arabi le premier (La dernière partie du livre tente une exégèse de sa pensée). Prenant aux mots le Coran elle ne peut qu'imaginer un Dieu immanent, se révélant et contenu dans le cœur de ses amants-es.
    Le texte sacré mérite selon elle une lecture historico-critique pour dépoussiérer certains versets d'un contexte passéiste révolu, doublé d'une vision intériorisée et non littérale. On sait qu'Ali fut le dépositaire-témoin des sept versions d'un même verset coranique mais la science de l'écriture ne se révèle qu'aux amis (wali) et rapprochés de Dieu, ceux qui empruntent un chemin de sainteté en purifiant leur cœur de toutes les scories empêchant le Réel d'advenir. Après
    Delphine Horvilleur ou Anne Soupa, c'est au tour de Kahina Bahloul de bousculer avec force, courage et brio, l'institution religieuse dans ses fondements stéréotypés pour imposer une version toute féminine, sensible et ouverte d'un Dieu Miséricordieux et doté de matrices.