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  • L'odyssée du souffle

    Une second souffle, Gilles Marchand, Jennifer Murzeau, Rageot éditeur, août 2021, littérature jeunesse, Greta ThunbergRespirer. Un mouvement naturel et instinctif pour les humains. On n’y prête peut-être plus attention depuis un certain virus. Pour Ulysse et ses camarades cela relève de l’exploit. Enfermés depuis leur naissance dans un centre qui les protège ils doivent vivre avec leur asthme, leur inhalateur et leur toux à répétition. Impossible de franchir les murs, au dehors tout est pollué, brûlé, gris, nature évaporée. Ils rêvent du monde d’avant qu’ils n’ont jamais connus et se consolent avec de vieilles brochures de voyages.

    « Une vague salle de sport pour nos corps déglingués, des lits relativement confortables, des médecins pour s’occuper de nous et des livres datant pour la plupart du XXe et du du début du XXIe siècles. Dehors, tu chopes un rhume, tu meurs dans la journée ».

    Ava, elle, vit dans ce monde d’avant. La jeune lycéenne aimerait que ça bouge, que ça change , que les adultes se réveillent. Cela semble peine perdue. Le climat qui déraille, le désert qui avance, la fonte des glaces, les inondations, les pandémies, les animaux qui disparaissent… Franchement qui ça intéresse excepté Greta Thunberg et Nour sa meilleure amie ? À part en vouloir à la terre entière, Ava ne sait pas quoi faire.

    « Ils étaient devenus des vieux bourgeois cyniques, à l’aise sur l’asphalte, ne cherchant la plage qu’à l’autre bout du monde, après dix heures d’avion qu’ils effectuaient chaque année sans état d’âme malgré mes exposés répétés sur les conséquences de leur mode de vie. Et ça m’a foutu un seum pas possible »

    Dans le roman ado Le second souffle publié chez Rageot ces deux-là ne vivent pas dans le même monde et pourtant une même rage les anime, peut-être l’énergie du désespoir. Ils ne veulent plus se faire dicter leur conduite par les profs, les conseilleurs d’orientation, les parents, les infirmiers, les médecins. Ava et Ulysse cherchent une porte de sortie, une idée brillante pour sortir du brouillard.

    Les auteurs Gilles Marchand et Jennifer Murzeau transportent le lecteur dans leur univers apocalyptique qui ressemble étrangement au nôtre. D’ailleurs n’est-ce pas le même ? Son futur ? Son passé ? Une chose est sûr. Impossible de rester indifférent à la colère d’Ava, de ne pas vouloir s’enchaîner avec elle pour lutter contre le dérèglement climatique. Impensable de laisser Ulysse dépérir dans cette prison aseptisée, de ne pas l’aider à chercher la faille dans le mur malgré la Bête qui rode. Un thriller prenant, à la fois flippant et rassurant, romantique et sombre, qui respire le bon air marin et le vide-ordure.

    Un second souffle vibrant et nécessaire, tant qu’il est encore temps.

    Image: Rageot éditeur

  • L'unité célébrée au Woodstower

     

    Yseult remplacée au pied levé par le prometteur Obi, invité du joyeux Gaël Faye, qui prit au corps un public enthousiasmé par la proposition artistique d'Abd Al Malik, telle fut la soirée du Mercredi 25 Août au festival Woodstower !

    Woodstower post-covid garde un charme fou, avec une jauge réduite, une seule et grande scène (au lieu de trois), et un aménagement de l'espace restauration bien pensé, convivial et aéré pour les groupes d'amis.
    La nourriture est toujours aussi éclectique, on consomme pratique et original avec une vraie réflexion écologique (jusqu'aux toilettes sèches)

    woodstower,mercredi 25 aout 2021,obi,gaêl faye,abd al malik,le jeune noir à l'épée,lundi méchant,festival,lyon,parc miribel jonageCôté scène, Obi (réfugié nigérian issu d'un squat de la Croix-Rousse) fut la révélation malgré lui (à deux reprises donc), titillant l'oreille par sa voix à réveiller les morts (Il faut dire qu'il revient de loin !) ragga-dancehall-rap et ses mélodies entêtantes,d'un public ouvert aux vibrations positives et aux phénomènes artistiques, en remplacement d'Yseult enrouée.
    Les frères
    Fayette-Mikano, Abd Al Malik et Bilal, programmeur (avec leur ami d'enfance Mattéo Falkone en featuring) ont marqué lourdement les esprits avec un show chorégraphié par 4 danseurs qui en imposent (Du burkinabé Samia Sanou), imagé et théâtralisé (L'ombre de Gérard Jouannest, pianiste de Brel et époux de J. Gréco plane sur le set), version live du livre-cd concept "Le jeune noir à l'épée". De cœur à cœur le message passe : "Peut-on dire que le monde a changé si ta couleur de peau te met encore en danger ?" (Tirailleur tiraillé). L' art et la culture ont créé ce pont entre artiste et public pour une écoute totale à laquelle le rappeur issu de Strasbourg-Neuhof fut sensible, lui l'homme blessé qui prêche désormais l'amour salvateur.woodstower,mercredi 25 aout 2021,obi,gaêl faye,abd al malik,le jeune noir à l'épée,lundi méchant,festival,lyon,parc miribel jonage
    La formule unitive longtemps cherchée semble payer et la foule parfois novice est toute réceptive à l'art poétique. "
    Nous sommes un", clamera t'il après sa performance cathartique.
    Sa voix puissante et vibrante résonne et émeut encore longtemps après...

     

    Gaël Faye arrive à point nommé pour relâcher la tension tout en étant sur la même longueur d'ondes. Cette fois c'est la fièvre de la bougeotte, de la joie, des rythmes qui t'emportent et te portent. L' artiste, enjoué et détendu, est ici en terrain conquis, sur ses terres paternelles. Une petite heure pour dérouler ses tubes de l'année écoulée : Histoire d'amour avec Samuel Kamenzi, Chalouper, Boomer avec OBI donc, Respire ou Lundi méchant sans oublier quelques pépites de son répertoire rap des débuts.
    C'est l'espoir d'un beau monde heureux et réconcilié et les mots de
    Christiane Taubira se gravent dans nos têtes : " Et vos enfants joyeux et vifs feront rondes et farandoles avec nos enfants et leurs chants et s'aimant sans y prendre garde vous puniront en vous offrant des petits-enfants chatoyants" (elle a écrit la chanson Seuls et vaincus).
    woodstower,mercredi 25 aout 2021,obi,gaêl faye,abd al malik,le jeune noir à l'épée,lundi méchant,festival,lyon,parc miribel jonageMême si le dernier album de
    Gaël Faye enregistré à New-york prend un virage plus pop et mélodique, il garde son équipe motivée (Guillaume Poncelet aux claviers-trompette  et l'exubérant Louxor aux rythmiques) à ses côtés et nous embarque dans des contrées plus colorées et romancées aux rythmes afro-carribéens.
    Le public danse, chante, en redemande. L'auteur de Petit pays est aussi venu pour rappeler que la musique est essentielle après ces temps contraints, heureux de retrouver ici, à Woodstower, un semblant fugace de liberté.

    @crédit photos :  Justine Targhetta - @iam_justeen

  • L'effi(s)cience psychanalytique

    "Comme c'est quelqu'un d'intelligent (W.Pauli), il a très bien compris que, lorsqu'un homme est en difficulté et que son esprit conscient est bouleversé ou dérangé, l'inconscient, qui est la partie la plus instinctive de la psyché, parvient peut être à générer certaines compensations (de même pour le corps et l'esprit), parce que c'est un système organique qui s'autorégule". (p.334)



    c.g jung,symboles oniriques du processus d'individuation, la fontaine de pierre,W.Pauli,mandalas,Soi, indivuduation,aout2021La Fontaine de Pierre édite un inédit de C.G. Jung en français : "Symboles oniriques du processus d'individuation". Il s'agit de la retranscription de deux séminaires donnés en Amérique (Bailey Island et New York) avant la seconde guerre mondiale, à un public averti par la résonance de l'inconscient. Ce matériau brut (on entend Jung dans son oralité) préfigure les thématiques et concepts que le psychiatre zurichois développera quelques années plus tard dans ses différents livres (Tout est déjà là en l'état), avec une focale sur les mandalas, figures et symboles de compensation et d'auto-guérison du Soi lorsque des conflits submergent la conscience.
    Quelques dizaines de rêves du physicien W. Pauli (prix Nobel en 45 et découvreur de la physique quantique) parmi des centaines sont ainsi analysés et éclairés par la science et l'érudition d'un des pères fondateurs de la psychanalyse,  puisque c'est par paquets (de rêves) que se discerne un changement ou une évolution dans la psyché de l'analysé.
    Notons l'importance accordée au contexte , comme toujours, pour l'interprétation des rêves ou la mise en perspective de concepts ou paroles clés.
    A ce propos, l'individuation ne semblerait, à la lecture dudit livre être destinée qu'à des esprits brillants, ici un scientifique émérite, faisant de la psychanalyse une science élitiste, ce qu'elle fut sans doute à l'époque des balbutiements.
    L'épais document (près de 500 pages d'exposés suivis de questions-réponses) offre un condensé d'images et de récits numineux proches de la symbolique unitive (le 4, le carré, le cercle, la pierre angulaire) et de la complétude au sens de la conjonction réussie des opposés (le processus d'individuation).
    Les quatre fonctions (pensée, sentiment, intuition, sensation) prennent une large place chez l'analysé et s'insèrent ici dans un contexte universaliste où chacun puisera une nourriture pour son âme en quête d'un peu de lumière ou d'une vérité toute expérimentale.


    "L'individuation signifie simplement que vous trouvez votre place dans la tourmente, que vous restez au cœur du conflit, que vous êtes dans le conflit et pourtant au-dessus de lui...car sans conflit pas de mouvement, ni d'énergie". (p.128).