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Festival - Page 6

  • Le groove de Charlotte Gainsbourg

    charlotte gainsbourg,nuits de fourvière,rest,sebastian,lyon 2018Charlotte Gainsbourg a médusé hier le théâtre antique (complet) de Fourvière. Son dernier album Rest, salué d'une victoire de la musique et par la critique en général, qu'elle présentait en version live sur scène, est pourtant généreusement électro et dance...

    La nostalgie affleura ce set groovy à souhait, Kate et Charlotte forever pour les chers disparus, Lemon incest en final (et à l'assentiment général) ou encore Rest, le magnifique titre de l'album éponyme, bijou de mélancolie, écrit par la moitié de Daft-Punk, Guy-Manuel de Homem-Christo.

    La proposition globalement enjouée, flirtant entre le français intimiste/introspectif et l'anglais plus léger/festif n'a cependant pas mis en jambe un public sage et réservé, sans doute à l'image de son idole à fleur de peau.

     

    Avec ce dernier album important taillé au cordeau par SebastiAn, Charlotte s'est d'avantage mise en avant, avec l'écriture et la parole (telle une sylphide chantant, certains refrains sont des boucles hypnotiques) et surtout cet univers sonore, approché depuis ses deux précédents albums (Avec des pointures comme Beck, Jarvis Cooker ou Nigel Godrich) et qui lui sied enfin et la définit à merveille.charlotte gainsbourg,nuits de fourvière,rest,sebastian,lyon 2018

    Toute de blanc vêtue (peau lys) et accompagnée de 5 jeunes hommes musiciens (dont trois la soutiennent pour les backs vocals), c'est le choix électro plus que symphonique qui est privilégié sur scène, avec des ambiances dark (I'm a lie, Ring a ring O roses), dance (deadly valentine, Sylvia says, les oxalys) ou même joyeuses (dans vos airs, les crocodiles...).

    Coté scénographie des miroirs au plafond, des néons blancs mobiles comme des lucarnes ouvertes sur les artistes, évoquant une galerie de verres.

    Charlotte se calfeutre dans un premier temps dans ce décor protecteur, assise au piano pour ensuite enchainer quelques chansons debout, hors du cadre, en avant scène ou dans le fond pour évoquer sa sœur récemment disparue.

    A la fois timide et chétive elle sait aussi se montrer fatale et sûre. Cette ambivalence entre force et fragilité se retrouve d'ailleurs dans ses rôles au cinéma. Sa voix singulière est à l'image de ses choix artistiques.

    charlotte gainsbourg,nuits de fourvière,rest,sebastian,lyon 2018Au final Charlotte Gainsbourg, fière de l'héritage de ses parents (elle leur rend hommage dans ce dernier album), a su s'émanciper de leur poids pour sonner comme personne même si ce besoin de symphonie n'est, au final, jamais loin de l'esprit.

    Photo :  @Loll_Willems

  • Roc, Rock, Rokia Traoré !

    « Le Mali est une civilisation riche, élégante et sophistiquée et il est important que le reste du monde le sache », témoigne Rokia Traoré en conférence de presse, juste avant son concert au théâtre antique de Vienne. Et ce ne sont pas des mots en l’air, puisque la chanteuse nous entraine immédiatement dans cet univers, son univers. Évidemment, Rokia Traoré, voyageant depuis sa jeunesse, s’inspire aussi des musiques européennes ou américaines mais elle puise bel et bien ses racines dans son pays natal. Sa voix est douce et puissante, sa présence tel un roc et ses paroles tantôt claires tantôt mystérieuses. En effet la chanteuse malienne s’exprime en français, anglais ou bambara (langue la plus parlée au Mali). Selon elle, « on ne peut pas penser les même choses selon les langues », quand elle écrit, la langue utilisée lui vient donc naturellement. « Né So », son sixième album sorti en 2016 signifie « maison » ou « chez moi », et c’est bien chez elle à Bamako qu’elle nous invite. Rokia Traoré y est revenue vivre après avoir habité en France dans les années 90. Elle veut montrer qu’être artiste est un métier et qu’on peut en vivre. C’est pour cela qu’elle a créé sa Fondation Passerelle qui aide la jeune création artistique et musicale au Mali.

    Rokia Traoré, Jazz à Vienne 2018, Nuit Africaine, Tournée Né So, Mali, Blues-rock mandingue, 6 juillet 2018 Vienne

    Le public de Jazz à Vienne à répondu présent à la donne de Rokia Traore. Sa proposition résolument rock (blues-rock mandingue) a séduit les amoureux de l’Afrique pour cette soirée métissée aux accents et couleurs éthiopiens (Mulatu Astatke), sénégalais (Youssou N’Dour) et donc maliens (Rokia Traoré). La patte masculine et le son dru de John Parish (producteur notamment de Pj Harvey) s’entend à merveille avec le rythme tribal et le luth africain « n'goni » de ses deux derniers albums. Sur scène, Rokia Traoré est ses musiciens nous entraine petit à petit dans une transe. Sa choriste, Salimata Traoré, est aussi une danseuse hors pair et le public pourrait la regarder traverser la scène jusqu’au petit matin. Elle donne des fourmis dans les jambes et les pieds des spectateurs ne tiennent plus en place. Rokia Traoré s’y met aussi et on aimerait découvrir ou redécouvrir sa discographie dans son entier ainsi que ses autres spectacles.  La chanteuse malienne aime l’art en général et a participé la veille à un concert dessiné avec le dessinateur Rubén Pellejero. Elle a également joué au festival de théâtre d’Avignon l’an dernier avec la pièce Dream Mande Djata crée à Bamako et racontant l’épopée de l’Empereur Soundiata Keita (fondateur de l’empire du Mali).

    Rokia Traoré est sans aucun doute l’ambassadrice la plus naturelle de « la civilisation riche, élégante et sophistiquée » qu’est le Mali.

  • Avec Folia, le Hip Hop transcende l'espace-temps

    Folia, Mourad Merzouki, Franck-Emmanuel Comte, Le concert de l'Hostel Dieu, Grégoire Durrande, Nedeleg Bardouil, Salena Baudoux, Kader Belmoktar, David Bernardo, Marion Blanchot, Sarah Bouyahyaoui, Melissa Cirillo, Sabri Colin, Joseph Gebrael, Sofiane Felouki, Pauline Journe, Mélanie Lomoff, Nassim Moadi, Anthony Mezence, Manon Payet, Kevin Pilette, Yui Sugano, David Bruley, Reynier Guerrero, Nicolas Janot, Nicolas Muzi, Heather Newhouse, Florian Verhaegen, Aude Walker-Viry, 73ème nuits de Fourvière, Lyon 2018.Le public lyonnais a consacré hier, samedi, Mourad Merzouki, l' enfant du pays, par des applaudissements chaleureux et nourris.

    Avec Folia, sa nouvelle « folie créative et chorégraphique », il inaugurait pour trois jours cette 73ème édition des nuits de Fourvière avec un spectacle de danse hip hop sur musique baroque, collaboration réussie avec Franck-Emmanuel Comte et le Concert de l'Hostel Dieu.

    Sur scène, du lourd : 17 danseurs à parité presque égale, un orchestre de 8 musiciens qu'on croirait tout droit sorti du film « Barry Lindon » et une soprano, Heather Newhouse.

    Les danseurs se relaient sur les morceaux qui abordent des styles différents (musique de Vivaldi, tarentelles, chaconnes...). Ils apparaissent tantôt groupés tantôt en petit comité voire seuls comme performeurs.

    Dès l’entame c’est le choc des cultures : un voile fin avec la galaxie en impression sépare les musiciens de la troupe des danseurs. L’éclairage différent des deux partis évoque une toile métaphysique avec les vivants d'un côté et les morts-vivants de l’autre , façon « thriller » de Mickael Jackson.

    Mais bien vite on s’aperçoit que les danseurs sont bien vivants et qu'ils convoquent les musiciens d’un temps passé. Cette musique baroque évoque d'ailleurs dans sa rythmique, des boucles chères au rap que le beat électro de Grégoire Durrande vient parfois accompagner et surligner.

    La Planète est à l'honneur dans ce voyage spatio-temporel à l'image de l'univers. Le corps est cette matière qui souffre, agonise presque parfois mais dont Mourad célèbre l’étincelle de vie. Chez lui on chute, se contorsionne, s’étire, se cabriole, bref on montre que l'on est vivant et l'on invite une culture passée dans le grand jeu. Car la vraie bonne idée c’est aussi l'interaction entre ces univers en apparence différents mais pourtant si proches dans ce destin commun… Les musiciens sortent par exemple de planètes venues d'un autre temps au milieu de la scène, ils se mèlent à des « battles » et la soprano finit même par intégrer la troupe.

    Les mouvements syncopés et répétitifs des danseurs répondent à ceux des musiciens. La technique est reléguée au second plan, comme dans les arts martiaux et les corps chauffés à blanc entrent en "transe en danse".

    Depuis quelques années déjà le rap s'ouvre à des versions symphoniques et la danse hip hop convoque également le classique ou même le traditionnel sacré avec ce derviche tourneur qui rappelle le mouvement des planètes autour du soleil.

    Au final ce qui restera, c'est autant de tableaux vivants avec une énergie communicative. Le public est en empathie directe avec cette fresque (épopée même) surréaliste qui matche instantanément. Les protagonistes donnent tout, les musiciens les subliment. A l'image de cette culture hip hop issue de la rue, dont on prédisait un destin éphémère et qui ne cesse de se renouveller dans des fusionnement riches en sons et couleurs.

    Crédit Photo : Paul Bourdrel