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Festival - Page 5

  • Nuit de joie à Vienne

    Jazz à Vienne 2021, Ayo, Léon Pahl Quintet, Arthur Allard, Gauthier Toux, Zacharie Kysk, Rémi Bouyssière,Cheick Tidiane Seck, Majid Bekkas Il y avait du monde à Vienne pour la clôture du festival fêtant sa  40ème édition, avec une nuit blanche dédiée au Jazz sous toutes ses formes. La fougue, la jeunesse et le rythme trépidant pour l'ouverture avec le lauréat du tremplin RéZZo 2019, le Léon Pahl Quintet (nom du saxophoniste). Un deuxième album au compteur "Dust to Stars", succès de cette assemblée de musiciens passionnés et chevronnés dont le duo endiablé et à l'écoute parfaite batterie-clavier (Arthur Allard-Gauthier Toux). Le public de mélomanes présent rentra instantanément dans l'énergie et l'ambiance du nectar distillé.

    Jazz à Vienne 2021, Ayo, Léon Pahl Quintet, Arthur Allard, Gauthier Toux, Zacharie Kysk, Rémi Bouyssière,Cheick Tidiane Seck, Majid Bekkas Les vibrations cosmiques d'un clavier fou se prolongèrent avec la solide formation de Cheick Tidiane Seck venu rendre un généreux hommage à son ami Randy Weston, comme ce fut le cas sur l'album Timbunktu (2019). Pour l'occasion Majid Bekkas fit sa première apparition scénique (chant et oud), déroulant un set à l'image des deux accolytes : maîtrise, force tranquille et sagesse aux couleurs de l'Afrique.

    Jazz à Vienne 2021, Ayo, Léon Pahl Quintet, Arthur Allard, Gauthier Toux, Zacharie Kysk, Rémi Bouyssière,Cheick Tidiane Seck, Majid Bekkas Après ces deux démonstrations techniques et artistiques vint la joyeuse, naturelle et apaisée Ayo. Avec beaucoup de douceur et de simplicité elle a su toucher les cœurs des festivaliers avec quelques anecdotes et reprises (Né quelque part-Le Forestier, Rédemption song-Bob Marley), alternant ballades, rythmes chaloupés et même rap, dans une vague d'amour et d'équilibre. La joie de la surfeuse (une de ses passions) fut hautement communicative jusqu'à virevolter et toucher l'ivresse, alors que le concert prenait déjà fin. Beaucoup d'énergie et quelques cris de colère pour ce répertoire qui s'étoffe chaque année un peu plus (6ème album "Royal" en 2020) depuis son premier fulgurant succès "Down on my knees" en 2006, qui clôtura sa prestation entêtante.

    La soirée ne faisait pourtant que commencer: L'armée mexicaine (groupe de Rachid Taha), Cimafunk et Merzerg clôturaient les 40 ans du Festival. Et un p'tit café croissant pour les plus vaillants (vers 5h du matin) ...

    Photos: Jazz à Vienne

  • Camille, la douce heure

    camille.jpg

    Qui mieux que Camille, artiste complète, pour réenchanter les cœurs et renouer avec le spectacle vivant en douceur après un long intervalle où la culture ne se définissait plus que par écrans interposés ?
    Les stigmates sont pourtant encore partout présents, de la captation vidéo lumineuse des Phuphuma Love Minus, originellement prévus sur scène, à l'heure du couvre-feu en passant par les mesures sanitaires drastiques. Pourtant tout est oublié le temps d'une heure de show sur le thème de l'eau, avec "Alarm clocks" (rediffusé sur Arte concert) mise en scène par la chorégraphe sud africaine Robyn Orlin avec laquelle la chanteuse emblématique avait déjà collaboré pour "Up above my head". Sous tous les angles (filmée de très près et de haut) et dans toutes les positions (à genoux, assise, couchée, debout, pendue...), Camille interprète certaines de ses chansons et quelques reprises thématiques bien senties sur une scène censée figurer la mer, évoquée par des bouts de tissus plastiques raccommodés (petit rappel politique), sa robe de nymphe à la longue traîne.
    C'est par la main que l'artiste nous cueille, avec la comptine “A la claire fontaine”, telle une mère (symbolique de la mer) aimante et joueuse, pour mieux nous enlacer dés l'ouverture et nous bercer une heure durant dans ce conte imagé empreint de tendresse et de justesse.
    C'est quand elle évoque les sources que nous sommes, composés à 90% d'eau que l'éveil se produit : Camille nous reconnecte avec notre nature, avec notre enfant intérieur libre, celui qui n'a pas subi les affres de la crise humaine sans précédents et s'amuse, insouciant, en s'oubliant, de tout. Avec sa voix pure pour seule vibration (et celle des oiseaux alentours) elle habite le silence de beauté et de grâce, de rires et de larmes, de gravité et de légèreté, et nous touche en plein cœur.
    On se noie dans cet univers féerique presque enfantin et on salue une nouvelle fois la performance fantasque et fantasmagorique de Camille, qui d'un rien apparent arrive à créer un univers envoûtant.

     

  • Alpha Wann en l'état

     

    Expérience à vivre et à revivre que ce festival de l'est lyonnais Woodstower, en plein cœur du magnifique parc-plage de Miribel-Jonage.

    Cela ne ressemble pas, contrairement à son nom, à un énorme site informe et halluciné, au contraire le public n'est confronté qu'à de bonnes (nourriture bio et locale, toilettes sèches, sites de prévention, animations gratuites, prix accessibles, ) et belles surprises (ambiance bon enfant, 4 scènes à tailles humaines avec un son de qualité, des artistes enthousiastes). Mention spéciale au dogzilla et à la caravane des tubes du top 50...

    21ème année d'existence déjà et une vision moderne et pratique de ce que peut être un éco-festival réussi à l'adresse d'une jeunesse à sensibiliser et contenter. La programmation du samedi 31 Aout fit en effet bonne part à la scène hip-hop et électro avec des artistes reconnus et locaux.

     

    woodstower 2019,Alpha Wann,K.S.A,Infinit',Jay Jay,Hologram LoYoussoupha,Cabalerro et JeanJass,Canine,Miribel-Jonage,Lyon,Aout 2019Le collectif féminin Canine à la chorégraphie bien rodée, le jeune vétéran du rap français Youssoupha et sa chaleureuse prestation, le duo planant Trinix, les huit membres du combo lyonnais Kumbia Boruka et son set de cumbia endiablé ainsi que les jeunes vaporeux mais talentueux Caballero et Jeanjass nous ont enjaillé jusqu'à l'heure d'Alpha Wann dont c'était la seconde venue cette année sur Lyon.

    Le concert fut à la hauteur de son talentueux premier album UMLA : flow carabine, rythme et productions taillées pour la scène.

    Accompagné un temps par K.S.A. aka Le loup blanc, Infinit' et Jayjay, il performa plus souvent seul, sans temps mort avec Hologram Lo aux platines (le DJ et producteur d'1995) avec énergie, fougue et brio, laissant le public scander quelques mots bien sentis. Un Don Dada frais et à l'écoute, affuté pour la route, qui gesticule au son des mots qu'il débite en cascade.

    La set-list fut composée en grande partie des titres pêchus du dernier album et de trois quatre de ses précédents Ep's Alph Lauren 2 et 3, dont le très apprécié Barcelone ou entraînant Courchevel.

    Un rendez vous réussi donc et une présence scénique généreuse qui mériterait d'être soulignée et entourée plus souvent que par à-coups. Le jeune artiste parisien débarqué deux jours après son acolyte Nekfeu de leurs tournées respectives fut apparemment ravi d'être là devant un public connaisseur et fidèle qu'il avait en partie côtoyé au Transbordeur et qui lui avait déjà laissé un souvenir impérissable.

    "Ici c'est le vrai rock’n’roll" tança t-il dès l'entame de son set bouillant et engagé. Les programmateurs de Woodstower ont résolument compris leur époque, son message et ses valeurs, 60 ans après le clin d'oeil de Woodstock, orienté vers un futur désirable.

     

    @Crédit Photo Justine Targhetta

  • Jeanne Added explosive sur scène

    Jeanne Added,Nuits de Fourvière,Lyon,Juillet 2019De Jeanne Added nous ne connaissions que ses deux albums, "Be sensationnal", brut et martial et "Mutate" plus sombre et intimiste.

    Sur scène un petit bout de femme drapée de noir (le titre Remake du dernier album pour l'entame), seule derrière un microphone, épaulée par deux choristes claviers-rythmes et un batteur, sur une même parallèle à l'arrière plan.

    Beaucoup d'espace donc laissée à l'artiste qui l'occupera dignement par danses saccadées, énergiques et spontanées.

    Sa musique électro-pop rythmée a su captiver un auditoire au complet de toutes générations, tantôt debout, tantôt tapant des mains mais à priori charmé et conquis par la belle blonde rémoise fraichement récompensée aux dernières victoires de la musique.

    Difficile de ne pas faire un ou plusieurs points de comparaisons avec Christine and the queens sur la voix singulière, la danse ou encore le style musical, mais l'univers de Jeanne Added puise plutôt ses références dans la new wave, l'éléctro-dark ou le punk des années 80-90. On pense notamment à la voix cristalline d'Anne clark ou encore aux vétérans de New Order, de Dépèche mode qui irradièrent le monde depuis l'Angleterre.

    La set-list comporta un mélange équilibré des deux albums avec son lot de tubes (It, Lydia, Falling Hearts,Radiate, mutate...), d'hymnes (A war is coming, Back to summer...) ou ballades plus douces (look at them, night shame pride, Both Sides...)

    Petite touche féminine appréciée, le final "suddenly" chantonné en chœur en guise d'adieu à Fourvière ainsi que deux titres inédits chantés seule à la basse.

    Au final une ambiance très bon enfant avec des éclairages roses et vert, une fosse assez sage sans doute subjuguée par la fougue et le caractère explosif de l'artiste mais portée par des arènes venues résolument pour écouter, découvrir et fêter un jeune et prometteur talent français.

     

  • Ma tête est libre puisque je chante

    up above my head,raphaël lemonnier,camille,sandra nkaké,pierre-françois dufour,christophe minck,raphaël imbert,clément ducol,robyn orlin,jazz à vienne,39ème édition,2019Up above my head est une création originale du festival Jazz à Vienne. Initié il y a trois ans entre Raphaël Lemonnier et Benjamin Tanguy, directeur artistique du festival, ce projet ouvre les festivités de la 39ème édition sous de beaux et bons auspices. Retransmis en direct à FIP radio (un disque sera peut-être édité ?), le spectacle était surtout sur scène avec la virtuosité des six protagonistes mais aussi par la mise en espace ingénieuse et évocatrice de Robyn Orlin.

    Lorsque Raphaël Lemonnier découvre, comme présent à 11 ans, ces chants de prisonniers, il est "touché et ressent beaucoup d'émotion. C'était des gars qui chantaient pour leur survie" explique t-il. Comment retranscrire des chants de prisonniers (les "Negro prison songs and blues" collectés par l’ethnomusicologue Alan Lomax au sein des comtés ruraux et les pénitenciers du Sud des États-Unis), des chants de luttes, des gospels ou encore des "black convict songs", sans que la lourdeur ne vienne entacher la proposition artistique ?

     

    Raphaël Lemonnier (piano et arrangements) a su s'entourer d'une fine équipe motivée par l'enjeu et notamment deux chanteuses reconnues et complémentaires, l'hypnotique Camille et la charismatique Sandra Nkaké. Les musiciens amis Pierre-François Dufour (batterie et violoncelle), Christophe Minck (Ngoni et contrebasse) et le jovial, mais aussi chercheur en musique sacrée, Raphaël Imbert (saxophone) sont venus se greffer et grossir ce collectif, supervisé et co-arrangé par Clément Ducol, le compagnon de Camille qui se fait subrepticement lui aussi un nom (collaborations avec Nolwenn Leroy, Camille, Christophe ou encore Melody Gardot et Youn Sun Nah).

    Puissant et organique, exalté et doux : l'osmose entre les chanteuses et musiciens qui deviennent parfois chanteurs et musiciennes nous entraine dans un univers envoutant. C' est un spectacle habité, incarné, et les scènes d'unité (tous ensemble autour d'une table, du piano,...) alternent avec des moments plus intimistes dans lesquels chaque acteur est mis en avant pour performer au plus juste au service de la cause. Les instrumentistes donnent de la chair à ces chants nus avec des arrangements résolument modernes (le saxophone, le violoncelle) et une partition tantôt brute tantôt enjouée voire céleste.

    Le martellement des bâtons sur le sol vient rappeler les enregistrements originaux (sans musique) et devient vite une allégorie de la douleur et de la dure condition d'esclave, de prisonnier ou de peuple méprisé. Comme tout symbole il devient duel par moments et vient souligner la force et la dignité, la joie même parfois de ces chants emplis de foi ou d'espoir malgré l'adversité. Ce rythme entêtant, tout au long du concert, résonne longtemps comme un grondement auquel on ne peut échapper.

    Beaucoup de jeu également sur scène pour alléger le propos et la gravité de certaines chansons, une alternance de pesanteur et de grâce. Les deux artistes chantent de concert ou seules, parfois rejointes en chœur par les quatre musiciens. Elles sont tantôt légères, tantôt graves en fonction de la circonstance mais toujours droites et dignes. C'est dans leurs réserves, qu'elles iront puiser pour nous faire entendre ces chansons d'un temps pas si lointain. Temps de luttes, de résistance et de courage pour affronter l'injustice, le désespoir ou l'absurdité de la vie. Moments suspendus dans le théâtre de Vienne où les voix n'étaient pas six mais des centaines, dans un jeu de lumière incandescent ou tamisé, à clamer et chercher la Présence malgré l'absence d'eau, de nourriture, d'êtres chers ou même de droits fondamentaux.

    En conférence de presse, Sandra Nkaké se questionnait sur "comment collectivement avoir envie de créer une société plus juste ? ". "La musique, c'est le lien et le lien de compassion entre les humains" ajoutait Camille. Hier soir, le lien s'est créé avec le public de Vienne, attentif et impressionné par cette création du festival qui mériterait de tourner et de se déployer pour que ces voix résonnent à nouveau.

    @visuelB.Flao

  • Moment suspendu avec le cirque Eloize

    Cirque Eloise,Montréal,Jérémy Vitupier,Antonin Wicky,César Mispelon,Julius Bitterling,Una Bennett,Cory Marsh,Tuedon Ariri,Andrei Anissimov,Emma Rogers,Philippe Dupuis,Sabrina Halde,Nuits de Fourvière,Juin 2019Le cirque Eloize implanté à Montréal est devenu une institution comme le cirque du soleil.

    Vingt cinq années d'existence et une formule secrète distillée à travers ce dernier spectacle "Hôtel" qui ravive le cœur enfantin de tous les publics aux Nuits de Fourvière (une première au festival).

    "Carpette", "Carpette" ! : tandis qu'un circassien crie à tue-tête, son camarade époussette les marches du Théâtre antique et quelques spectateurs. La pièce n'a pas officiellement encore démarré mais déjà les clowns-majordomes attirent l’œil et font rire aux éclats le public. Il est directement plongé dans l'ambiance d'un hall d’hôtel chic et foutraque qui rappelle le film " Grand Budapest hôtel" de Wes Anderson. L'espace, les interstices, le mobilier (valises, divan, bar, seau, carpette...) sont prétextes à l'expression corporelle, sentimentale (oui, il y a des histoires d'amour...) et surtout poétique...avec un petit grain de folie. Ce qui compte ici n'est pas d'en mettre plein la vue mais de toucher par l'émotion, l'âme du spectateur.

    La compagnie revisite les classiques du cirque que sont le main à main, la corde lisse, les sangles, la jonglerie, la roue Cyr, le mât chinois, la contorsion et le clown en nous racontant une histoire parfois chantée (Sabrina Halde) parfois rythmée musicalement par un DJ ou une bande son moderne, parfois dansée également.

    cirque eloise,montréal,jérémy vitupier,antonin wicky,césar mispelon,julius bitterling,una bennett,cory marsh,tuedon ariri,andrei anissimov,emma rogers,philippe dupuis,sabrina halde,nuits de fourvière,juin 2019L'unité de la troupe est palpable dans les scène collectives mais aussi les solos (qui constituent parfois des duos de clowns, d'acrobates ou de gymnastes), dans une attention bienveillante et une tension paroxystique, ce qui fait sa force et son succès.

    La roue Cyr prise à bras le corps par Cory Marsh, également DJ, est une invention de Daniel Cyr, co-fondateur du cirque en 2003 et la polyvalence des talents est également une marque de fabrique. Les onze artistes-circassiens sont tous musiciens et pratiquent au moins deux autres arts du cirque.

    Les séquences sont équilibrées et mettent chacun en valeur au sein de ce jeune collectif et ceux que l'on retient sont avant tout des personnages, preuve de l'empreinte du théâtre sur cet art populaire mais aussi de sacrés ou gracieux numéros avec des mentions spéciales aux filles : Tuedon Ariri aux sangles, qui suspend le temps par sa présence, Una Bennett à la corde, dont le jeu de jambes subtile nous laisse pantois et Sabrina Halde qui chante superbement, en écho avec la pleine lune incandescante sur Fourvière.

    Le spectacle est déjà fini et voilà que la foi en l'humain, l'amour, les projets collectifs, l'humour, l'attention et l'intention bienveillante se réhausse...

    Saluons ces artistes avec par ordre d'apparition :

    Jérémy Vitupier : Clown, Fil mou, Hula Hoop, Saxophone alto.

    Antonin Wicky : Clown, Cascades, Mât chinois, Hula Hoop, Trompette.

    César Mispelon (le petit homme) : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop, Sousaphone.

    Julius Bitterling : Main à main, Hula Hoop, Mât chinois, Saxophone tenor.

    Una Bennett : Corde lisse, Hula Hoop, Mât chinois, Trompette.

    Cory Marsh : Roue Cyr, Mât chinois, Hula Hoop, DJ.

    Tuedon Ariri : Sangles, Contorsion, Hula Hoop, Mât chinois.

    Andrei Anissimov : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop, Trombone.

    Emma Rogers : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop.

    Philippe Dupuis : Jonglerie, Mât chinois, Hula Hoop, Triangle.

    Sabrina Halde : Chant, Piano, Ukulélé.

     

    @crédit photo : les nuits de Fourvière

  • Un Requiem incarné

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    Lundi de pentecôte sur Fourvière. Il a plu toute la journée mais l'accalmie se présente en soirée et le public venu assister au Requiem (fragments) de Mozart est au rendez-vous.

    Par frilosité des instruments anciens de l'Insula Orchestra on nous annonce qu'ils seront à l'abri des regards, mais le spectacle est ailleurs.

    A la direction musicale, Laurence Equilbey est seule à la manœuvre au milieu d'une fosse pour le coup déserte et sa direction se fera par vidéo projection. Un parterre de chœur s'avance. Ils sont 22 plus 4 solistes, habillés de vêtements simples mais uniformes à dominante bleu, blanc et gris (Sigolène Pétey aux costumes). Ils approchent et entament le mythique Requiem.

    La version qui sera donnée dure peu de temps au total puisque qu'il s'agit de l'originale inachevée par Mozart (pas plus de 25 minutes avec des plages allant de 1 à 5 minutes) et non pas de celle plus connue de son élève.

    Les silences de l’œuvre, part manquante, seront occupés par les 8 danseurs du chorégraphe Yoann Bourgeois. Ceux-ci apparaissent rapidement dans le spectacle, déboulant d'une immense plateforme lisse comme un toboggan. Ils sont comme happés par le vide, le pas de trop qui les emmènent inexorablement vers l'inframonde et ses fosses charriant les morts. Métaphoriquement parlant ils peuvent aussi être vus "comme des larmes (qui) coulent les corps, sur la page noire du destin", selon le scénographe, un mantra entêtant qui ne cessa d'inspirer la création de Yoann Bourgeois pour cette méditation sur la mort.

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    Par la suite des tableaux animés se succèdent évoquant des scènes de vie et des petites morts : chutes, entraide, réussites collectives ou individuelles, passions, deuils, efforts...Le tout sous le regard bienveillant d'un chœur maintenant en haut de la structure et qui scrute, tels des anges, les faits et gestes d'une humanité livrée aux épreuves de la vie.

    A la toute fin, ils rejoindront par le même procédé de chute les 8 danseurs pour finir réunis dans un ballet et une ronde joyeuse et unifiante. Et l'on pense inévitablement aux dernières images du film primé Tree of Life de Terrence Malick où, sur une plage, les vivants et les morts se retrouvent pour partager l'amour et les souvenirs communs.

    La bonne idée du spectacle, outre cette rampe géante en tôle ondulée, c'est aussi cette roue giratoire mécanisée au sol, sur différentes vitesses (comme la roue du potier) et qui accentue la mise en mouvement des choristes et danseurs. Ils jouent avec la pesanteur, avancent à différents rythmes, ce qui donne du relief au ballet chorégraphique.

    Laurence Equilbey souhaitait travailler avec le chorégraphe Yoann Bourgeois depuis longtemps. La mise en espace du Requiem fut sa condition "sine qua non". Collaboration réussie puisque la cheffe d'orchestre, lorsqu'elle ne dirige pas avec intensité ses musiciens et choristes, observe avec émerveillement le ballet des danseurs, tel un témoin privilégié. Ainsi en va t'il également des danseurs portés par ce chœur vibrant des notes célestes de Wolfgang Amadeus.

    Qui est vivant, qui est mort ? Qu'est-ce que la vie, quel est son sens ? Y a t-il une survie et si oui de quoi ? Autant de questionnements en suspens dans cette œuvre singulière, hybride, où rien n'est jamais figé.

    Crédit photo : Les nuits de Fourvière