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Jeunesse - Page 9

  • L’écolier nomade

    Du voyage, Emmanuel Bourdier, Flammarion jeunesse, Thomas Baas, novembre 2021, enfants du voyage, école, EFIV, Abd Al Malik« Nous voilà donc devant les grilles. Le vent cingle mes oreilles, celles des autres joueurs sont au chaud, là-bas, à l’autre bout de ce monde. Dans l’autre monde. Le nôtre ».

    Petite lecture bonheur de la semaine, Du voyage d’Emmanuel Bourdier chez Flammarion jeunesse qui nous conte l’histoire de Geronimo. Ce n’est pas un indien des plaines mais un enfant voyageur. En effet, sa famille déménage plusieurs fois dans l’année à bord de sa caravane. Cela ne l’empêche pas de se rendre à l’école, à chaque fois une nouvelle. Évidemment rien n’est simple quand on est le nouveau, un peu étrange, voire « étranger » pour certains, qu’on change d’instit’ comme de chemise, et qu’on est le seul du campement à franchir le portail de l’école. Oui parce que la maman de Geronimo insiste pour qu’il y aille même si elle a peur autant que lui.

    « Je lève les yeux à mon tour et je l’entends avant de le voir. Il faudrait que quelqu’un explique aux deux génies que ce n’est pas un moineau mais un rouge-queue. D’ailleurs, pas besoin de voir la couleur, son petit chant l’explique bien tout seul ».

    Un p’tit bonhomme avec une tête bien faite qui, contrairement aux idées reçues des enfants et souvent des adultes, sait lire, écrire et s’intéresse à tout. Son nouveau maître sait briser les préjugés, tout comme Emmanuel Bourdier qui invite les jeunes lecteurs à voir les autres d’un œil différent. Ici, chacun doit s’adapter. On a tous eu cette impression que le nouveau ne veut pas s’adapter, qu’il fait exprès d’être décalé ou bien qu’il est trop idiot pour changer. En lisant cette nouvelle, on comprend par combien d’étapes difficiles et angoissantes doit passer Geronimo pour se sentir un tout petit peu «à l’aise » dans un environnement déjà soupçonneux. À l’image de la petite Méloa qui range immédiatement sa gomme quand l’enfant du voyage s’installe à ses côtés.

    « -Bien. Tu as un cahier de suivi ? - Oui. - Tu sais lire ? Cette question … Est-ce que Stevie sait chanter ? - Oui, je sais. - Parfait. Si tu as du mal, demande-moi ou demande à Méloa ».

    Cette histoire tout en douceur, avec des chapitres clairs, à lire à partir de 8 ans, est sublimée par l’illustration de Thomas Baas. En refermant le livre, on ne peut s’empêcher de fredonner quelques paroles de la belle chanson d’Abd Al Malik : « Si l’enfant savait voudrait-il encore grandir ? Mais on a tous les âges quand on est enfant des gens du voyage ».

    Image: Flammarion jeunesse

  • Excursion « Jungle »

    La jungle, Ludovic Joce, Editions alice jeunesse, Nathalie Lagacé, roman jeunesse, novembre 2021, Calais, Immigration« Je me souviens surtout que maman avait longuement hésité avant d’accepter d’emménager à Calais, du moins dans le quartier où se trouvait notre maison. Elle le trouvait trop de ce que tout le monde à l’époque surnommait « la jungle » ».

    À l’heure où la Pologne veut ériger un mur pour bloquer les migrants et où l’idée de tirer sur des réfugiés ne dérangent pas certains politiciens, lire La Jungle de Ludovic Joce aux éditions Alice jeunesse met un peu de baume au cœur. Dans ce petit ouvrage destiné aux jeunes, Lucas vient habiter à Calais avec sa famille et découvre ce qu’on appelle La Jungle. Sa maman lui interdit formellement de s’en approcher puisque c’est « peuplé d’étrangers imprévisibles et dangereux ». Le garçon va s’y retrouver par inadvertance et découvrir dans quelles conditions déplorables y vivent des humains, enfants et adultes. En effet, avant d’être des réfugiés, les « habitants » du camp de fortune sont avant tout des humains cherchant un endroit sécurisant pour vivre.

    « Seyoum s’est retourné. Je n’avais pas bougé d’un centimètre. Il a levé un bras. Je lui ai fait un signe de la main. Puis il a disparu derrière une forêt de tentes ».

    Le roman montre que les migrants ne viennent pas pour « faire l’aumône » ou voler du pain puisque Seyoum, un adolescent vivant dans une des innombrables cabanes miteuses va venir en aide à Lucas. La relation qui pourrait sembler bancale entre un enfant français « riche » et un jeune étranger « pauvre » s’équilibre, devient échange et peut laisser place à une vraie rencontre entre deux ados. La vision de Lucas sur cette « jungle » va ainsi changer et pourquoi pas bousculer les idées reçues de ses parents et peut-être un jour de la société. À travers ce récit, Ludovic Joce éclaire sur l’absurdité du système actuel où la police démonte les camps des réfugiés, souvent avec violence, tandis que ces derniers les remontent inlassablement, n’ayant d’autres endroits où dormir. Les images de démantèlement deviennent banales quand chacun allume sa télévision, pour Lucas, elles seront toujours terribles.

    « J’ai enfourché mon BMX et j’ai roulé en direction de la jungle. J’ai pédalé à fond la caisse. J’avais le cœur dans la gorge, ça tapait jusque dans mes tempes ».

    Un sujet difficile mais raconté avec simplicité et délicatesse, sans oublier les illustrations de Nathalie Lagacé, à portée des adolescents (à partir de 10 ans) et de leurs parents pour en discuter en famille.

    Image : Éditions Alice Jeunesse

  • La chance circule

    Seconde chance, L. Karol, Zone J, Edition Mijade, novembre 2021, économie circulaire, zone rurale« - Le but est de courir quatre kilomètres non-stop fin décembre. On va commencer doucement, cette semaine avec un kilomètre sans s’arrêter. Je ne veux pas de plaintes, c’est trop facile. Si je n’avais pas peur que ça déplaise au principal, je vous le ferais faire sur les mains ».

    La diagonale du vide. Peu de visiteurs, à part en coup de vent sur la route des vacances, plus d’usines, délocalisées les unes après les autres, pas de loisirs et toujours les mêmes têtes à des kilomètres à la ronde. Un reportage de temps en temps pour parler d’un agriculteur à l’agonie ou d’une boulangerie qui ferme. Bref, ça fait pas rêver mais c’est là qu’habitent Jeanne, Inaya, Lou-Ann et Manoa, les protagonistes de Seconde chance, roman de L. Karol aux éditions Mijade. Ils sont en 6ème et connaissent déjà les difficultés de leur territoire et celles de leurs parents à conserver leur travail. Ainsi, quand la joyeuse bande découvre que l’une des leurs cache sa honte d’être devenue « pauvre », ils décident d’agir pour changer les choses.

    « Tu vas être riche ! Faudra pas nous oublier quand tu auras ta villa avec piscine sur la côte, je poursuis sur le même ton. Le visage de Lou-Ann se ferme brusquement. Elle serre les mâchoires avant de nous tourner le dos et s’éloigner précipitamment ».

    Plus facile de donner à quelqu’un dans le besoin que d’avouer qu’on aimerait de l’aide. Les parents de Lou-Ann préfèrent vendre leurs meubles en cachette, tandis que leur fille porte manteau et chaussures qui ne lui vont plus depuis longtemps. Jeanne a donc l’idée géniale de créer un système d’échange entre élèves, au sein même du collège auquel tout le monde peut participer sans être jugé ou méprisé en raison de sa pauvreté. La bonne humeur d’Inaya, la réflexion de Manoa et l’enthousiasme de leur professeure de français vont l’aider à concrétiser cette utopie. Dès lors la fameuse « diagonale du vide » ne paraît plus si inutile...

    « L’effet de la doublure argent brillante sur le tissu noir mat est magnifique. On dirait que c’est fait pour. Elle l’a customisé en nouant une espèce de scoubidou en ruban turquoise et rose attaché à la fermeture éclair de la poche de poitrine ».

    Seconde chance, qui se lit facilement (à partir de 11 ans), aborde la question de la perte d’emploi et de statut social avec justesse, sans pathos et à hauteur d’enfant. Les discussions entre adolescents apportent légèreté et bonne humeur. Le livre permet de découvrir l’intérêt de l’économie circulaire et du développement durable sans être moralisateur et en s’adaptant à la passion des jeunes pour leur look en perpétuel (re-)construction. De fait, de plus en plus de collèges aujourd’hui organisent par exemple des défilés de mode avec des vêtements donnés par les élèves ou les professeurs. À la fin de la journée chacun repart avec le T-shirt ou le jean de son choix. Ce roman pourrait donc à son tour inspirer les jeunes -et leurs parents- pour leur établissement, leur immeuble ou leur quartier et ce quel que soit leur lieu de vie, à Paris ou Ici-ya-rien-village.

    Image: Éditions Mijade

  • Gorbo le merveilleux Snerg

    Le merveilleux pays de snergs, Veronica Cossanteli, Edward Wyke-Smith, Tilt!, milan jeunesse, Melissa Castrillon, Bilbo le Hobbit, J. R. R. Tolkien, claude Ponti, novembre 2021« Par-delà les murs de l‘orphelinat, la falaise descendait à pic vers la baie, où le soleil étincelait sur les flots. Les vagues léchaient le sable clair dont la texture rappelait des miettes de biscuits ».

    Allez viens faire un tour dans Le merveilleux pays des Snergs de Veronica Cassaneli, aux éditions Milan ! Là-bas, il y a des invitations-biscuits à dévorer, des maisons accrochées aux branches, de la ficelle à l’infini et des taxis-ours odeur de cannelle. Oui, ça peut être dangereux si tu croises des beleuils collants à long bec, mieux vaut éviter les Varechs dévoreurs de bébés bouillis, ou l’ogre aux crocs acérés, sans oublier gobelins et autres écurettes. Heureusement que les méchantes sorcières n’existent pas dans ce monde là ! D’ailleurs, d’après Miss Watkyns, la directrice de l’orphelinat, tout ça, ce ne sont que des histoires inventées. Ah bon ? Pourtant monsieur Gorbo, idiot et Snerg de son état est bien vivant lui. C’est même le nouvel ami de Flora et Pip.

    « Est-ce que ça va ? Pip contempla les pieds nus de son amie, son tablier déchiré et le nid brindilles qu’elle avait dans les cheveux ».

    Les deux enfants, inutiles et superflus, recueillis à l’orphelinat de Sunny Bay s’ennuient ferme avec toutes les règles très utiles et indispensables décidées par Miss Watkyns. Les bêtises de Gorbo, elles, sont toujours plaisantes. De toute façon ni Pip ni Flora n’arrivent à se plier aux lois impossibles de l’établissement austère ni à s’amuser avec les autres élèves. Ils aimeraient vivre des aventures improbablesques mais difficile quand on est coincé à Sunny Bay. Alors quand une étrange femme violette les entraîne, malgré-elle, dans le monde des Snerg, est-ce le début du changement ? A l‘image des petits héros, le jeune (ou grand) lecteur attend avec impatience de découvrir ce nouveau monde. La brillante et délicate couverture du livre ainsi que les dessins à chaque chapitre, illustrés par Melissa Castrillón sont déjà une belle promesse. Malgré quelques longueurs dans le texte, l’auteure distille cet univers parallèle dès les premières pages.

    « - Nom d’un pudding et d’une tarte ! Mais qu’est-ce que vous fabriquez dans ces bois, vous deux, à courir dans tous les sens avec un ours à la cannelle ? »

    On s’imagine tout de suite lire ce conte fantastique chaque soir au coin du feu avant que les enfants ne se couchent. Chaque nouvelle créature est comme une friandise supplémentaire. Il ne faut pas tout dévorer d’un coup mais prendre le temps de découvrir les subtilités et autres mots-valises comme « mots ronflampoulés » ou sa « Resplendissante Reinitude » qui rappellent ceux des albums de Claude Ponti. Les Snergs pourraient également ressembler aux ancêtres des Hobbits et leurs maisons aux rêves brumeux de Bilbon Sacquet. Pour ce qui est de fêtes et de victuailles, les uns n’ont rien à envier aux autres. En effet, J. R. R. Tolkien, auteur du Seigneur des anneaux s’est inspiré du monde des Snergs pour inventer le monde de Frodon et Samsasagace. Néanmoins l’univers inventé par Edward Wyke-Smith, et mis au goût du jour par Veronica Cossanteli, bien que modeste comparé à celui de Tolkien, est unique et fait grandir les lecteurs aux côté de Flora et Pip ou retomber en enfance et compassion comme Miss Watkyns.

    A lire en famille ou seul.e à partir de 9 ans.

    Image: Éditions Milan

  • Béton, imagination, bande-son

    cité des argonanutes,des mensonges plus grands que le collège,insa sané,milan jeunesse,octobre 2021,wilfied n'sondé,comédie urbaine,les cancres de rousseau,sarcelles-dakarAdieu le CM2 ! La classe des p’tits c’est fini. Maintenant Bounégueux, Maya, Erwan, Jeanne et Medi sont prêts à franchir les grilles du collège. Bon, prêts, c’est peut-être pas le mot. Oui, parce que Bounégeux est toujours vu comme le « nouveau » bizarre, qui vient d’ailleurs, Erwan attend encore la petite souris, Jeanne n’ose pas dire à sa mère que ses amis sont noirs et arabes et Medi a peur de passer pour une « victime » puisqu’il se fait harceler dès la rentrée. Quant à Maya, elle a de plus en plus de mal à vivre avec le mensonge qui la ronge.

    « Le nouveau ? Il a toujours un tronche qui nous revient pas. Personne ne sait ce qu’il est venu chercher. Lui non plus sans doute, tout pataud dans ses habits impeccables.»

    Voici la nouvelle bande de Cité Les argonautes d’Insa Sané aux éditions Milan jeunesse. Après sa Comédie Urbaine, à découvrir d’urgence, qui suit l’évolution du lycéen Djiraël et ses amis (Les cancres de Rousseau, Sarcelles-Dakar, etc.), place à la jeunesse puisque les protagonistes sont cette fois au collège. Bonne nouvelle, les lecteurs auront le temps de s’attacher aux adolescents. En effet, il s’agit du tome 1 : Des mensonges plus grands que le collège, et quatre autres épisodes devraient suivre.

    « Et ben, devinez quoi ? La petite souris est passée pendant la nuit ! Et elle m’a lâché un billet. Pas une pièce, mais un billet. C’est fou, non ? »

    En attendant la suite, nous découvrons la vie quotidienne de ces jeunes dans leur cité, appelée Les argonautes. Ils apprennent à grandir et accepter les différences de leurs amis mais aussi de leurs ennemis. Cela ne les empêche pas de prendre de mauvaises décisions ou de faire des bêtises mais ils savent se serrer les coudes quand il le faut. Le collège peut parfois prendre l’allure d’un environnement dangereux pour eux tout en leurs permettant de s’ouvrir à la culture, autre que celle du quartier, comme la rencontre avec un écrivain du nom de Wilfried N’Sondé, Tiens ! Tiens ! …

    « Wilfried N’Sondé, qui n’en perd jamais une miette, intervient fermement : - C’est toujours plus facile de parier sur la défaite des autres plutôt que de les aider à réussir ».

    Ce nom ne vous dit rien ? De la fiction s’échappe parfois la réalité. Wilfried N’Sondé est bien un écrivain français (Prix Senghor pour le roman Le cœur des enfants léopards), il pourrait donc tout à fait venir à la rencontre d’une classe de collégiens comme celle de Bounégueux. D’ailleurs, Insa Sané, l’auteur de Cité des Argonautes, se rend lui aussi souvent dans les établissements scolaires pour parler de ses ouvrages. Il connaît donc bien les élèves et s’en inspire visiblement ici. À l’image du papa de Bounégeux, Insa Sané est aussi chanteur et compositeur. C’est pourquoi il propose aux lecteurs cinq chansons en lien avec le livre. Mention spéciale pour le slam La flûte d’Ismaël et pour le personnage du roman.

    Un petit livre où les cinq protagonistes ont la parole et racontent l’histoire à leur manière. Une entrée fracassante en 6ème et dans l’univers de la Cité des argonautes, à mettre entre toutes les mains dès 10 ans.

    Image: Editions Milan Jeunesse

  • Chuter pour mieux se libérer

    Après la chute, Marie Leymarie, syros, octobre 2021, gymnastique, Jeux olympiquesLes jeux olympiques de Tokyo viennent de s’achever, ceux de Paris sont déjà en ligne de mire pour les athlètes. Les spectateurs devront attendre trois ans pour assister aux compétitions tandis que la plupart des sportifs s’y préparent depuis leur enfance. Dans le roman Après la chute de Marie Leymarie, chez Syros, c’est le cas de Lilou, 16 ans. L’histoire se déroule en 2020 et la jeune fille s’entraîne pour les J.O du Japon. Il lui reste quatre mois pour parfaire ses enchaînements de gymnaste. Pour être prête, elle a intégré le pôle Espoir de Toulon depuis ses 11 ans, loin de sa famille.

    - C’est cool, avait-elle dit. Si tu pars à Toulon, je vais avoir la chambre pour moi toute seule.

    C’est grâce à sa grande sœur que Lilou a commencé la gym à l’âge de quatre ans, d’abord pour l’imiter. Très vite, la petite fille veut impressionner Julia, la rendre fière d’elle. Lilou finit par dépasser son aînée, attirer le regard de son entraîneuse et provoquer l’admiration de son père. Dès lors, la gymnastique prend toute la place dans sa vie et elle travaille d’arrache-pied. Dans le même temps, la sérénité familiale se dégrade entre la grande en perpétuelle rébellion, la petite dernière Clara, enfant différente, et les parents un peu dépassés. Lilou est la seule dont le chemin semble déjà tout tracé et qui fait la fierté de ses parents.

    Elle enfile son justaucorps, rapidement, en tirant sur le tissu élastique, hop un bras, hop l’autre, et vite, les deux chevillières.

    Lorsqu’on veut être sportive de haut niveau, on apprend à maîtriser son corps mais aussi à ne pas trop l’écouter. La douleur fait partie de l’apprentissage tout comme le dépassement de ses peurs. Les entraîneurs, Philippe et Camilla, sont là pour nous pousser, évaluer nos progrès et vérifier notre poids. Lilou, comme ses camarades, est habitué à un rythme soutenu et éreintant, une hygiène de vie impeccable en évitant de se plaindre au moindre bobo. Lorsque l’adolescente a mal à la cheville (depuis deux mois), elle préfère se taire et continuer l’entraînement. Sauf que ce jour là elle chute aux barres et le verdict tombe : deux mois d’arrêt à quatre mois des jeux olympiques.

    Elle remonte sur l’agrès, sonnée, les bras tremblant. En petit automate bien huilé, elle refait son tour et demi, comme on le lui a appris, pour ne pas perdre les points.

    Comment arrêter un sport du jour au lendemain quand on y consacre ses journée depuis l’enfance ? Comment garder la niaque pour retrouver sa place en haut du podium ? Comment occuper son esprit à autre chose que la gym ? Comment accepter le regard déçu de sa famille, de ses entraîneurs ? Comment revivre avec ses parents et ses sœurs qu’on a quitté à 11 ans ? Comment vivre les compétitions de ses camarades à distance ? Comment percevoir le silence de ses coachs ? Comment déconstruire ses préjugés sur les autres et sur soi-même ? Comment apprendre à s’aimer ?

    - Je veux pas dire que ma vie est mieux que la tienne. - Tu veux pas le dire, mais tu le penses, riposte Margaux. Depuis des années, tu le penses.

    Le livre de Marie Leymarie nous plonge dans la tête de Lilou, gymnaste espoir et dans sa difficulté à vivre une adolescente hors-norme. Elle répond aux questions que peuvent se poser de jeunes sportifs mais aussi tous les adolescents du monde qui se construisent et se découvrent à travers leurs passions ou leurs déceptions et les liens qui les unissent à leur familles, souvent complexes. Un beau roman profond qui nous fera regarder les athlètes de Paris 2024 avec un autre œil et surtout ceux qui ont vu leur rêve s’effondrer avant.

    Image: Éditions Syros

  • Perséphone sonne à ta porte

    mon beau grimoire,chrysostome gourio,collection hanté,casterman,octobre 2021,halloweenSous les capuches, la lumière pâle donne aux visages des allures de crânes et, à l’extérieur, la pluie s’abat sur les vitres dans un étourdissant fracas.

    Octobre est entamé ! Vous avez moins d’un mois avant de vous trouver un costume à faire pâlir un mort. Halloween, ça vous dit quelque chose ? Mais si ! C’ est le temps des citrouilles tueuses, des potions empoisonnées et des sorcières des cimetières ! Soyez prêt à vous planquer derrière un chaudron de bonbons visqueux car l’heure de la vengeance a sonné pour Perséphone, échappée du livre Mon beau grimoire de Chrysostome Gourio collection Hanté des éditions Casterman. (Grincement de porte)

    Sorcière, Sorcière, Tu vas nous laisser faire !  Sorcière, Sorcière, Ou tu vivras un enfer !

    Perséphone, élève de 6ème, est harcelée au collège par les trois K alias trois garçons de sa classe qui « Kiffent » se moquer des sorcières. Oui, parce que selon eux c’en est une ! Au lieu d’avoir peur d’elle, ils s’amusent à l’effrayer, voir à profiter de la jeune fille. Perséphone a peur de l’avouer à Nathalène sa seule amie. Les garçons continuent donc leur petit manège. Et si c’était vraiment une sorcière, ne devraient-ils pas plutôt s’en méfier ? De toute façon, il faut toujours faire attention avec une fille acculée. Persécuter quelqu’un n’est ni anodin ni sans risque de retour à l’envoyeur … (Bruit de molosse affamé)

    Parce que mon père est le gardien du cimetière et qu’on habite en plein milieu. On a une grande maison et un super jardin, entourés de milliers de tombes.

    On frisonne, on rit, on s’offusque, on ne voudrait pas être happé dans cette histoire, mais c’est trop tard, on l’est quand même. On aimerait éviter d’être hypnotisé alors on ferme les yeux. On ne peut plus lire, il faut les rouvrir. Le grimoire nous attend patiemment, telle une araignée ou comme Perséphone et son chat Hadès. Un peu de courage, bon sang ! (Rire de sorcière amère)

    Au loin, elle entend un rire. Infernal. Épouvantable. Une victoire. Et elle aperçoit, dans les nuées, une silhouette sombre qui écarte les bras en signe de bienvenue.

    Un petit livre réservé aux fans d’horreur qui aiment lire des bouquins hantés à la bougie le soir d’Halloween en sirotant un cocktail grenadine-tomate-rouge-sang bien sûr. C’est à partir de 12 ans, pour les plus téméraires. (Miaulement de chat-zombie)

    Image: Éditions Casterman