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Jeunesse - Page 7

  • Expédition « kaiju »

    Katsuro le titan, Eric Senabre, Laure Ngo, didier jeunesse, correspondance, godzilla, cinéma japonais, grand-père, avril 2020« Ce ne sont pas tous les grands-pères qui prétendent avoir été des Kaiju ! En japonais, kaiju, ça veut dire « bête étrange » ».

    Il y a ceux qui vouent un culte à Godzilla et autres monstres de cinéma. Il y a celles qui adorent le Japon et ses traditions surprenantes. Il y a les lecteurs en quête de récits intergenérationnels. Et puis il y a tous les autres qui sont curieux et simplement friands d’une bonne histoire. Ils seront servis, comme tous les précédents. Katsuro le titan d’Eric Senabre aux éditions Didier Jeunesse ou l’art d’embarquer son lecteur sur des sujets étonnants et prenants qui le mènent de surprise en surprise.

    Escapade au clair de lune / L’aïeul se souvient / De l’odeur du blé coupé

    Drôle, haletant, intriguant, ce roman se lit d’une traite et l’on en ressort spécialiste de super héros inconnus tel Ultraman sans y avoir pris garde. Ainsi Katsuro et son ennemi Ryo, deux grands-pères grincheux, imposent leurs obsessions et forcent leurs petits-enfants Miki et Eiji, et nous avec, à suivre leur lubie jusqu’au bout. Accompagnés par un genre de robot-infirmier ils parcourent Tokyo alors même qu’ils semblent perdre la tête et sont enfermés dans une maison de retraite contre leur gré. Cependant les deux vieillards ont eu une vie trépidante dans leur jeunesse, enfin c’est ce qu’ils affirment aux deux jeunes collégiens. Pour avoir le fin mot de l’histoire les deux amis doivent faire confiance malgré-eux à leurs grand-pères.

    « On a poussé le robot sur une cinquantaine de mètre encore. J’étais en sueur, d’autant que, comme j’ai déjà du te l’écrire, il fait terriblement chaud et humide en été, à Tokyo ».

    Grâce au récit, les lecteurs découvrent les us et coutumes japonais, le monde du cinéma, les vieux bars Tokyoïtes et la vie de la Capitale la nuit. On ne se lasse pas des petits haïkus qui ponctuent chaque moment de l’intrigue. Qui sait si, en refermant le livre, vous n’aurez pas envie de plonger dans un vieux film japonais de super-héros ou de vous trouver une correspondante nippone ?

    Arigato Eric-san Senabre !

    Image: Didier Jeunesse

  • L’élection citoyenne

    L’élection présidentielle, les enfants passent à l’action , Lucie Le Moine, Tom Aureille, éditions Milan, Les Docs BD, mars 2022, La politique, citoyens, Greta Thunberg La politique : « des messieurs en costumes-cravates qui se disputent sur des sujets complexes », c’est l’image qu’en ont les enfants, les ados et sûrement quelques (ou beaucoup d') adultes. Difficile de croire que la politique peut changer la vie et encore moins qu’elle concerne tout le monde ! Lucie Le Moine et Tom Aureille prennent le problème à « bras le crayon » pour L’élection présidentielle, les enfants passent à l’action aux éditions Milan (collection : Les Docs BD) et prouvent que le choix des dirigeants a des conséquences sur tous les citoyens, y compris les jeunes. Le fonctionnement d’une élection, les différentes instances démocratiques ou encore le pluralisme politique (de la gauche à l’extrême droite) sont abordés avec pédagogie et concision. Les explications s’insèrent parfaitement dans la bande dessinée et l’histoire de Mei et Jules.

    Les deux enfants ne veulent pas que leur terrain de jeu, un jardin abandonné derrière les immeubles, soit remplacé par un parking. Pour cela, ils vont devoir user de leur pouvoir de citoyen et se frotter aux politiciens. D’ailleurs, il est important de distinguer les candidats d’une élection, qui souhaitent le pouvoir pour diverses raisons et la politique qui peut être exercée par tout le monde. En effet, chacun a son mot à dire et son point de vue sur le fonctionnement de la société. Mei et Jules, comme de nombreux français, font donc de la politique sans le savoir et vont à leur niveau essayer de changer les choses. Un peu comme Greta Thunberg, souvent citée, qui décide, notamment, de faire la grève de l’école pour tenter de sauver la planète.

    En fin d’ouvrage, les auteurs ont eu la bonne idée de rajouter les dates et chiffres essentiels de la constitution de notre démocratie mais également d’expliciter quelques notions importantes : liberté d’expression, abstention, laïcité ou encore discrimination positive et parité. Lucie Le Moine et Tom Aureille illustrent d’ailleurs les deux derniers mots à merveille puisque les personnages qui se présentent aux différentes élections sont de sexes, de couleurs et d’origines divers. Dans la réalité, les candidat.e.s à l’élection présidentielle ont souvent le même profil ou viennent du même milieu. À tous les Mei et Jules de faire bouger les choses après avoir refermé cette BD.

    Image: Édition Milan

  • Hana, oiseau de bonne augure

    hana thierry,les hirondelle et autres noms d’oiseaux,touria arab-leblondel,milan,adolescence,collège,rep,mixité,sortie pédagogique,riad sattouf,mars 2022« - Waouh, ils ont déjà vécu des trucs de ouf ! Qu’est-ce que j’aurais pu raconter sur « PARTIR », moi ? Ma mère m’a répondu : -Tu aurais plein de choses à dire. »

    Comme un écho à l’éducation dans les bois, le premier roman de Touria Arab-Leblondel : Hana Thierry, les hirondelles et autres noms d’oiseaux, édition Milan, raconte le projet d’une prof de SVT d’un collège classé REP : emmener sa classe en forêt pour un évènement hors du commun. Hana Thierry et la plupart de ses camarades ont une image plutôt lointaine de la nature et des animaux sauvages. Collégiens dans un établissement mal-vu et pour la plupart « originaires d’ailleurs », ce sont plutôt eux que l’on compare à des sauvages, sans toujours s’en rendre compte. En effet, Hana est une des rares élèves de son école à se rendre dans ce collège alors que tous les autres parents (ou presque) décident d’inscrire leurs enfants à St Thérèse où il n’ y a pas de « caillera ». La jeune fille dont on découvre la rentrée en sixième et dont on suit l’année de quatrième, est métissée : mère arabe, père français de souche (tiens un terme forestier). Elle voit cela comme une richesse mais difficile de le faire comprendre dans une société manichéenne ou à ses petits camarades qui la somme de choisir son camp.

    «  Ce qui est peut être plus embêtant, poursuit Florence, ce sont les tiques. Il faudra prévoir des vêtements couvrants et chauds, car nous allons être dehors assez tard et, […] il peut faire frais ».

    L’ouvrage aborde assez naturellement des sujets d’actualité brûlants ou clivants comme le voile, les régimes alimentaires à la cantine, ou l’embrigadement des ados sans se focaliser dessus ni les taire. L’écologie, la chasse, la stigmatisation, les trajectoires individuelles, l’acceptation des différences et surtout le passage de l’enfance à l’adolescence, des doutes à l’affirmation de soi, traversent le livre. Il nous rappelle ainsi que le collège est une micro-société où se reflètent toutes les difficultés rencontrées à l’échelle d’un pays, telle une loupe grossissante, avec la naïveté, la spontanéité et parfois la brutalité des adolescents. Les adultes, professeurs et parents, cherchent le moyen de les canaliser, les intéresser et leur apprendre à se méfier des idées toutes faîtes, glanées au détour des réseaux sociaux ou par l’intermédiaire d’un camarade mal intentionné.

    « Il y a beaucoup de second degré chez Riad Sattouf, même si ses livres sont très autobiographiques. D’ailleurs, vous-même vous n’en manquez pas, de second degré, hein, Malik ? »

    Un premier roman pour collégiens qui semble s'inspirer de la vie de son autrice Touria Arab-Leblondel, elle-même empreinte de plusieurs cultures, et de celle de ses enfants pour les dialogues vivants et le langage actuel des personnages. Allons donc voir passer les hirondelles et autres oiseaux aux milles nuances.

    Image: édition Milan

  • Une enfance Nature

    l’école des bois,une pédagogie pour les jeunes enfants,caroline guy,into the woods,célestin freinet,maria montessori,rudolf steiner,céline alvarez,la bergerie urbaine,serge tisseron,février 2022Grandir et apprendre au grand air, nombre d’enfants, en classe et le regard tourné vers les fenêtres en ont rêvé à travers les générations. Est-ce l’élément déclencheur dans la démarche de Caroline Guy, l’auteure de L’école dans les bois. Une pédagogie pour les jeunes enfants publié aux éditions Massot ? Avant de créer Into the Woods, l’enseignante se destinait au tourisme et a tout quitté pour vivre dans la nature, devenir exploitante agricole puis faire de l’animation avec des enfants jusqu’à se lancer dans l’enseignement. Après plusieurs expériences dans l’Éducation Nationale ou auprès d’écoles alternatives, elle souhaite développer le lien entre les enfants et la Nature qui n’existe pas ou très peu en France et fonde son école dans les bois. « Pourquoi forcer des petits à être assis toute la journée alors que leur nature profonde et leur élan de vie sont constitués d’une soif intense de découvertes et d’expérimentation directe de leur environnement ? ».

    De nombreuses expériences existent en Europe (notamment au Nord), où jardins d’enfants et école dans les bois sont très répandus. Caroline Guy s’en inspire pour créer Into The woods, tout en approfondissant sa connaissance des besoins des jeunes enfants grâce aux pédagogues (Freinet, Montessori, Steiner). L’enseignante s’en détache toutefois en prenant en compte les évolutions de la société et l’unicité des groupes qu’elle accompagne. Elle attache beaucoup d’importance à l’expérimentation, ainsi si « l’on propose à un enfant une alimentation saine et du jeu libre en pleine nature ou une nourriture empoisonnée et des heures de tablette*, le petit va absorber et expérimenter ce qui lui est offert sans aucune possibilité de choisir ni de prendre du recul ». Un grand espace, l’absence de nuisances sonores, la simplicité (moins de paroles, moins d’activités), l’apprentissage du langage (éléments concrets, histoires) et un bel environnement : tous ces éléments sont essentiels pour Caroline Guy et la nature les comble.

    Privés de celle-ci, les enfants souffrent de problèmes physiques, psychiques ou spirituels. De plus, les jeunes se méfient de la Nature (froid, saleté, insectes) et protéger l’environnement devient très abstrait si on ne connaît que le béton. À l’inverse, les enfants apprenant dans les bois développent de grandes capacités : « calme, habileté, maîtrise du corps, créativité, imagination, espoir, motivation, concentration, sens artistique, empathie ». La nature peut être un immense terrain de jeu, d’exploration et d’invention où les enfants coopèrent naturellement avec un adulte bienveillant à proximité. Dans Into the woods, la différence entre école/travail et jeu/loisir est moins rigide. En effet, l’enfant apprend en jouant. Ainsi, dans une journée type auprès de Caroline Guy, le temps est découpé entre jeu libre (creuser la terre, faire une cabane), rassemblement (exercices de relaxation, comptines), activité dirigée (découvrir un nid d’oiseau, cueillette en forêt). Les activités changent en fonction des saisons et de l’environnement.

    L’ouvrage est dans la lignée de celui de Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, qu’elle cite d’ailleurs. Évidemment, L’école dans les bois, aussi inspirante et nécessaire soit-elle n’est pas encore à la portée de tous les enfants. De même, seuls les parents les mieux « informés » et souvent « fortunés » se tournent vers ce type d’écoles alternatives. En attendant que l’Éducation Nationale s’y intéresse et que le nombre d’enfants confiés par enseignant diminue fortement, parions sur la volonté des professeurs de répondre aux besoin des petits et grands élèves. Ainsi, dans une école classique en ville, la création de potager, des plantations de fleurs, des rencontres avec des apiculteurs ou une sortie dans des jardins partagés, sur le marché, dans une bergerie urbaine (comme à Lyon : La Bergerie Urbaine) sont autant de possibilités à développer.

    * À propos des tablettes, on peut lire 3-6-9-12, Apprivoiser les écrans et grandir de Serge Tisseron qui donne des clés pour en encadrer l’usage.

    Image: Massot éditions

  • Dissiper les ombres

    Clara et les ombres, Andrea Fontana, Claudia Petrazzi, Bandes d’ados, Milan, Bayard, Stangers things, Harcèlement, épilepsie, février 2022Sacrées coupes de cheveux ! C’est la première vision qui nous frappe en découvrant la couverture de Clara et les ombres, bande dessinée écrite par Andrea Fontana et dessinée par Claudia Petrazzi dans la collection Bande d’Ados, à l’initiative des éditions Milan et Bayard. À ces « gouffes » s’ajoutent les bouilles carrées, rondes ou triangulaires des personnages principaux sans oublier leur dégaine singulière. Comme une envie de sympathiser tout de suite avec ces ados à la marge des années 80-90.

    Et puis, dès les premières planches, on fait connaissance avec le papa de Clara, dans le genre bûcheron canadien option gentil nounours. En vrai ils sont américains et le duo vient de déménager de New York au fin fond d’un bled paumé des États-Unis. La mère a quitté le navire et Clara souffre depuis l’enfance d’épilepsie. Ses crises sont représentées par des ombres qui s’emparent d’elle comme dans un cauchemar éveillé. Le récit, sombre, teinté de colère, va tendre au fil de l’album vers la lumière et une certaine rédemption.

    Clara, nouvelle au collège, y est victime de harcèlement, tandis que la ville de Brattleboro fait face à des disparitions inquiétantes. On explore le quotidien des habitants avec l’adolescente qui cherche ses repères et en vient à côtoyer une bande d’élèves touchants, aussi désarmants et désarmés qu’elle : les personnages de la couverture. Le dessin de Claudia Petrazzi dépeint l’univers inquiétant dans lequel évoluent ces jeunes gens, les angoisses de Clara mais aussi les moments colorés et joyeux où les ados sont réunis. Andrea Fontana retranscrit merveilleusement les affres de l’adolescence entre profond désespoir et énergie euphorisante soudaine. L’intrigue et l’atmosphère semblent un écho à la série Strangers things très suivie par les collégiens et lycéens. Certains personnages ont d’ailleurs quelques similitudes amusantes.

    Gageons que Clara et les ombres plaira aux jeunes. La thématique du harcèlement est traitée sous un angle plus proche de la réalité, moins manichéen, où chacun peut être harcelé puis harceleur ou l’inverse. Quant à une héroïne qui souffre d’épilepsie, c’est assez rare dans la galaxie « Bande dessinée » et mérite d’être salué. Une manière subtile de parler de handicap ou de différence sans en faire le sujet principal et en s’adressant à tous les (éternels) adolescents dès 11 ans.

    Image: Bayard édition

  • Héros bilingues

    Dix minutes pour devenir a hero, Jean-Christophe Tixier, Tip Tongue , éditions Syros, Dix minutes, Souris Noire, Malte, apprendre l’anglais, séjour linguistique, migrants, février 2022« - Here is all you need for your stay in Malta. Aussitôt, je repense à une chanson des Beatles que mon père écoute en boucle à la maison. All you need is love »

    Découvrir Malte, petite île au Sud de la Sicile en suivant Tim, héros de la série « Dix minutes » (Collection Souris Noire) de Jean-Christophe Tixier, c’est sympa ! Vivre ses aventures en immersion c’est encore mieux ! Comme le personnage francophone, le lecteur est plongé petit à petit dans le bain anglophone. Dix minutes pour devenir a hero, aux éditions Syros permet de se familiariser avec des mots anglais simples puis des phrases et enfin des dialogues sans se sentir perdu. L’avantage de la collection Tip Tongue, c’est d’être vite absorbé par l’histoire sans avoir l’impression de lire une langue étrangère. Les ados se surprennent à lire à haute voix les passages plus délicats et ainsi s’entraînent à parler. D’ailleurs, la version audio est également disponible sur Internet.

    « Très vite, ils se détournent de moi et reprennent leurs échanges dont je ne capte que quelques mots : beach, boat, volley-ball. »

    Jean-Christophe Tixier profite de ce séjour à Malte pour décrire la ville et son histoire mais aussi une plus triste réalité contemporaine. En effet, de jeunes migrants qui tentent de rejoindre l’Europe en quête d’une vie meilleure passent par l’île. Tim et Lukas, son correspondant local, vont être confrontés malgré eux, au drame vécu par Okor, un adolescent de leur âge qui tente d’échapper aux passeurs. Tandis que Tim voyage pour apprendre l’anglais, le jeune ghanéen fuit son pays pour survivre et aider sa famille. Que vont décider les jeunes européens en découvrant l’histoire d’Okor ? Comment réagiront les adultes qui accueillent Tim ? Qui sont les héros de ce roman ?

    «Je me demande si nous avons bien fait de venir ici.  - I just want to help him. Do you know him ? Do you know where I can find him ? »

    Dix minutes pour devenir a hero, s’adresse aux lecteurs à partir de 10 ans, niveau « Je découvre l’anglais », A1 découverte (CM2 et 6e). Les autres titres de la collection Tip Tongue proposent également les niveaux A1 Introductif (primaire) A2 (collège) et B1 (lycée) en version espagnole et allemande. Parmi les auteurs, citons Stéphanie Benson, la plus prolifique, Hervé Jubert ou encore Isabelle Collombat. Comme ici à Malte, chaque roman nous embarque dans une ville d’Europe, pour un beau voyage littéraire et linguistique. Il ne manque plus que l’italien. À bon entendeur !

    Image: édition Syros

  • Les bourrins de la Terre

    Les Bourrinologues,  Bande d’Ados, éditions Milan, Lucie Castel, Nicole Augereau, Grégory Jarry, Géo Ado, pollution, collapsologie, stage de 3ème, janvier 2022« L’époque dans laquelle nous vivons est extraordinaire ! », « On assiste à la destruction de l’ensemble du vivant », « Et c’est à l’humanité qu’on le doit ! C’est pas génial ? »

    Lasse de dénoncer les scandales écologiques, la pollution, l’inaction humaine ? Lucie Castel, Nicole Augereau et Grégory Jarry prennent le contre-pied avec Les Bourrinologues dans la nouvelle collection Bande d’Ados aux éditions Milan et Bayard. Les épisodes ont d’abord été publiés dans le magazine Géo Ado. Dans chaque mission, il est en effet question de se rendre quelque part sur la planète pour montrer le triomphe de l’humain sur la nature ou plutôt des grandes entreprises ou États sur le reste des êtres vivants, homo-sapiens compris. En s’appelant Donald, on pourrait applaudir face aux bulldozers et autres machines infernales inventés par des êtres fascinants d’ingéniosité et de rapacité (quoi qu’un rapace ne tue que ce qu’il mange).

    Les auteurs se mettent en scène dans la bande dessinée sous les noms de Grégory Bour, Nickye Rino et Lucie Logue. Ces trois Bourrinologues reporters se délectent de la suprématie humaine qui va d’ailleurs souvent de paire avec une certaine « supériorité occidentale » ou du « monde moderne » sur le reste des populations de notre planète. C’est à la fois cynique, effrayant et drôle. Les stagiaires de 3ème, qui changent à chaque nouvel épisode apportent réconfort et espoir puisque la plupart sont scandalisés par les découvertes à l’opposé de la fierté de la rédac’ de la Bourrinologie (« l’étude de l’effondrement du vivant »). Malheureusement, ils ne s’en sortent pas toujours mais c’est le prix à payer pour comprendre l’envers du décor !

    Indignez-vous disait Stéphane Hessel, il y a de quoi avec l’étendue des actions humaines plus néfastes les unes que les autres : assèchement des mers pour implanter une agriculture intensive, enfouissement des plastiques et rejets de produits polluants dans l’océan, destruction des forêts tropicales et des peuples qui y vivent sans parler de la place d’internet qui fonctionne avec l’équivalent de 200 réacteurs nucléaires (enfin pour l’instant). Visiblement, l’indignation ne suffit pas, les bourrinologues sont donc passés mettre dans l’art de célébrer : « les déchets, l’avenir de la planète », « place à une belle forêt de palmiers à huile bien rangés », «les bateaux-usines prennent à eux seuls 50 % de la pèche mondiale, un bel exploit ».

    Avec Les Bourrinologues, les rencontres sont toujours instructives comme avec Léonid Brejnev, dirigeant de l’URSS dans les années 60, Larry Page, cofondateur de Google ou Taib Mahmoud, premier ministre de la Malaisie. De plus, les auteurs mélangent traits de crayons et photos qui permettent de voir les conséquences de l’activité humaine de plus près, du septième continent de plastique aux immenses champs produits en plein désert en passant par les régions où l’on extrait des terres rares. Une bande dessinée édifiante et indispensable à tous les futurs stagiaires de 3èmes !

    « Pour faire un stage de 3e vachement plus fun que dans le cabinet comptable de votre mère, contactez-nous ! »

    Image:  éditions Milan