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Théâtre

  • Un adieu sicilien

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    Dans Paterno, une histoire sicilienne qui s'est joué au petit mais cosy Théâtre de l'Uchronie, Mariella Parisi relate la cérémonie de deuil de son père adoré et nous dépeint, avec cocasserie et perspicacité, le rituel coutumier de la péninsule sud de la Sicile concernant la veillée funéraire.
    Cette "langue de verité" d'après l'actrice et autrice principale oblige à dévoiler l'ombre des gens du paraître (hypocrisie) ou d'une nation corrompue par la mafia.
    Mariella Parisi endosse un nombre incalculable de personnages hauts en couleurs avec une énergie débordante et communicative et parvient, dans cette pièce hommage, à nous restituer un portrait généreux de son père défunt, sans pathos mais respectueux de l'être qu'il fut.
    Pour une première en scène intimiste, Paterno a des accents socio-politique et parfois ethnologique qui confinent à l'universel. Une réussite joyeuse pour et sur un sujet tragique. 

    Rencontre avec Mariella Parisi, à l'issue de l'avant dernière représentation (13 min) :


    podcast

  • Une âme déterminée

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    Wayqeycuna de Tiziano Cruz Marque le début du festival sens interdit et se joue au théâtre du point du jour.
    Fort de son aura et succès au festival d'Avignon 2024, la salle était pleine pour cette première à Lyon, pour acclamer l'auteur et interprète vivant, vrai, présent et rayonnant, malgré un narratif triste et poignant : Il est question de la représentation de l'art indigène dans un milieu culturel à dominance élitiste (donc blanche).
    Tiziano Cruz nous parle de ses racines (le plateau argentin), de son enfance, de son père, de sa sœur décédée (brutalement et sauvagement) et d'une cérémonie traditionnelle en son honneur au pays. Lui qui a su s'élever et parcourt désormais le monde comme témoin, incarne puissamment cette culture autochtone pauvre (coyas) et souvent victime des aléas politiques.
    La pièce ne manque pas de spiritualité et tout converge vers une sorte d'eucharistie dont il est finalement l'agneau sacrificiel, sur l'autel du capitalisme. Un thème universel que toute minorité ethnique ou sociale peut revendiquer. 
    Dans un registre à forte teneur émotionnelle, l'artiste s'en sort en dansant, joyeux, avec le sourire radieux d'un émerveillé à la vie...une victoire en soi sur tout déterminisme.

    @credit photo : Christophe Raynaud de Lage

  • Graines de lumière

    carnaval.jpgJoyeuse représentation ce vendredi 6 Juin 2025 au théâtre de la Renaissance d'Oullins, avec le Carnaval des hUmaniMaux. Un fameux jour, le soleil ne se lève plus et les parents dorment. Seuls les enfants sont encore debout et vont rivaliser de créativité et de malice, pour les réveiller. Ils convoquent les "humanimaux" du temps préhistorique (les peintures pariétales), s'emparent de leurs atours (costumes créés en partie par les enfants), dansent et chantent unis à leur part animale. Un petit zeste de magie fredonnée encore et le tour est joué, le monde est sauvé, l'humanité s’éveille !
    Couleurs, chants, cœur, fraîcheur, ardeur pour ces 47 graines de lumière que les metteurs en scène, Myriam Boudenia et Quentin Lugnier (en écho au spectacle Dans la grotte), les professeures Hélène Bessière et Fanny Buffin, ainsi que les musiciens Diane Delerce et Vivien Zangiacoli ont arrosé d'une attention qu'on devine délicate , pour accoucher de ce spectacle candide et si contemporain dans son écriture : l'histoire d'un retour à l'origine, pour vivifier un contenu numineux latent, par une vibration chaleureuse.

    @crédit photo : fb de la renaissance

  • Jeux de masques

    Juste la fin du monde,Jean-Luc Lagarce,Johanny Bert,Vincent Dedienne,Céleste Brunnquell,Christiane Millet,Loïc Riewer,Astrid Bayiha,Elise Cornille,Théâtre de la Croix-Rousse,Avril 2025,Lyon,

    Juste la fin du monde, la fin d'un monde : celui de Louis (Vincent Dedienne, fidèle à "Louis-même", léger...peut-être trop ?) joué au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon. Dans ce monde mis en scène par Johanny Bert, Louis vient dire au revoir, adieu à sa famille qu'il n'a pas vu depuis des années. Or Louis ne sait pas comment dire à sa mère (Christiane Millet sobrement détachée), à sa soeur (géniale et vive Céleste Brunnquell), à son frère (Loïc Riewer habité de saine colère) mais aussi à sa belle soeur (Astrid Bayiha, juste et drôle) qu'il rencontre pour la première fois ; qu'il va mourir. Ça et le reste. 

    Dans cette famille, chacun en a gros sur le coeur et tente de l'exprimer à Louis ou plutôt Jean-Luc Lagarce l'auteur, maladroitement sans doute pas, très adroit certainement.

    Et Louis ne dit rien ou alors seulement quand personne n'est là pour l'entendre, le comprendre. À part peut-être cette Marionnette en fond de scène qui s'approche...est-ce la mort ? L'auteur ?

    C'est ici qu'on retrouve la patte de Johanny Bert. Ça et pas autre chose. Les meubles, objets et le reste sont suspendus au plafond et descendent quand on a besoin d'eux. Trouvaille pratique, nostalgique, poétique et onirique. Les meubles semblent être d'ailleurs plus en mouvement que les personnages, empêtrés dans leurs pensées, souvenirs, non-dits et comme figés. On reste bousculé par le manque voulu d'interaction entre les personnages, à part l'écoute de Louis, elle-même presque déjà détachée par l'irruption de sa mort prochaine...

    Le merveilleux texte de Jean-Luc Lagarce résonne encore plus fort (que dans le film de Xavier Dolan) et nous happe par son rythme, ses répétitions, sa drôlerie et sa finesse. Un message  à portée universelle, dépeignant méticuleusement les conflits familiaux qui viennent parasiter le présent et la joie des retrouvailles. 

     

  • La musique comme exutoire

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    Les mots percutants, le son entêtant (Dan Carey pour les sons minimalistes électro-rap), le décor carcéral et l'émotion vibrante : c'est Inconditionnelles, au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon. Dorothée Munyaneza a traduit et mis en scène le texte de Kae Tempest (Britannique). Chess (Grace Seri) est en prison depuis longtemps. Elle aime Serena (Bwanga Pilipili) qui va être libérée. Son monde fragile et toujours en reconstruction s'effondre. Pourtant Silver (Sondos Belhassen) venue de l'extérieur a décelé son aura d'artiste et ne va pas la lâcher. Des talents d'ailleurs, la pièce n'en manque pas, à commencer par Grace Seri, aussi à l'aise en jouant (un phrasé unique), en scandant les textes et en dansant. Son énergie tantôt contenue tantôt explosive nous emporte dans et au-delà des murs de la prison. Une belle incarnation de l'état d'incarcération.  Bwanga Pilipili est fantasque et intense. Sondos Belhassen apporte chaleur et légèreté et Davide-Christelle Sanvee dureté et drôlerie.

    la scénographie ingénieuse (Camille Duchemin) fige et délivre : les murs et le sol rigides s'ouvrent, se déploient, s'illuminent, se rétrécissent ou disparaissent au gré de la psyché de Chess ou Serena. Dorothé Munyaneza sait révéler et ajuster les ressources de chacune pour signifier l'enfermement, la solitude et la froideur de cet univers en délivrant une mise en scène ample, puissante et enveloppante. C'est l'amour des personnages, entre les personnages et la sororité des membres d'Inconditionnelles qui restent à la fin du spectacle...avec ce petit air entrainant !

     

  • Racines Carré.e.s

    Okhty.jpgLina et Sarah Baraka sont jumelles d'origine algérienne et descendant.e.s de mineurs du Pas de Calais. Okthy (ma sœur en arabe) est leur premier spectacle autour de la gémellité, l'identité et la transmission, hommage aussi à leur défunt père acteur.
    Pendant une heure le public est en immersion sensorielle et littérale dans la culture franco-algérienne ancestrale jusqu'aux revendications récentes, par le prisme d'un trio familial résilient.
    Passionnant, passionné et passionnel à souhait.
    Entretien audio (12 min) avec les deux sœurs à l'issue de la représentation du samedi 15 mars 2025 au Théâtre des Clochards Célestes de Lyon. 

    podcast

  • Trompe l'oeil

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    Le public a répondu présent en nombre ce jeudi 20 Février, au théâtre du Point du Jour de Lyon, à la proposition de Cléa Petrolosi de mettre en scène le handicap invisible : Personne n'est ensemble sauf moi.

    Coup de bluff réussi également entre interprétation professionnelle et fraîcheur du jeu des amateurs : le charismatique Oussama Karfa, le solaire Félix Omgba, la touchante Marine Déchelette et le drôlissime Kerwan Normant. À parité, le quatuor d'acteur est accompagné de Noé Dollé, jeune guitar héros talentueux qui habille de couleurs les saynètes. Chacun se dévoile avec pudeur, sans trop en montrer, si ce n'est la vitalité qui l'anime. Et c'est là qu'on mesure la richesse (à interpréter, à partager,...) du et des sujet(s) tant le public est touché, empathique et déjà sensibilisé. 

    L'universalité du rejet, mépris, déni pour la différence, parle à chacun.e malgré le manque de moyens financiers et humains (évident) ou d'informations.

    Cléa Petrolosi magnifie ses acteur.ices, les met littéralement en lumière et explique avoir integré de nombreux souvenirs de ses sessions d'enseignements avec des porteurs de sensibilité autre, durant plusieurs années (dans le cadre du programme Phare). Tout est très écrit et l'interprétation minutieuse est à la fois fidèle et respectueuse du handicap.

    Pari gagné donc pour cette mise en scène calibrée, aérée, chorégraphiée et mélodique. Plus de 100 représentations au compteur avec un coup de cœur au festival d'Avignon 2023...ouvrons nos regards !