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  • Manger c'est se relier

    Autophagies,La part du pauvre,Nana Triban,Eva Doumbia,Armand Gauz,Olga Mouak,Angelica Kyomi Tisseyre,Bamoussa Diomandé,Lionel Elian,Alexandre Bella Ola,,Théâtre du point du jour,Lyon,Octobre 2022

    Dans Autophagies, joué au Théâtre du Point du Jour, Eva Doumbia (metteuse en scène et comédienne, compagnies La part du pauvre/Nana Triban) nous invite à communier à un repas eucharistique particulier. Elle détourne les codes d'une cérémonie chrétienne avec chants, danses, musique (Lionel Elian), documentaires vidéos, témoignages et prêches virulents mais avec pour substance l'alimentation, en l'occurrence l'histoire géostratégiques des éléments composants le plat végétarien (un mafé cuisiné par le chef Alexandre Bella Ola) préparé devant nos yeux (légumes, riz, huile de palme, tomate, dakhine...) ou offerts en guise d'hostie : un chocolat ou une banane.
    Il s'agit dans l'esprit des auteurs (Eva Doumbia et Armand Gauz) de conscientiser l'acte de manger car rien n'arrive par hasard dans nos assiettes. Et c'est toute l'histoire du commerce alimentaire commencé avec Christophe Colomb, la colonisation, les migrations de populations, qui nous est contée par les comédiennes Olga Mouak et Angelica Kyomi Tisseyre, unies et habitées, accompagnées du talentueux danseur (un peu cuistot, un peu acteur)  Bamoussa Diomande.Autophagies,La part du pauvre,Nana Triban,Eva Doumbia,Armand Gauz,Olga Mouak,Angelica Kyomi Tisseyre,Bamoussa Diomandé,Lionel Elian,Alexandre Bella Ola,,Théâtre du point du jour,Lyon,Octobre 2022
    Le spectateur se rend mieux compte du façonnage culturel et des habitudes alimentaires de certaines ethnies (l'excès de sucre, l'allergie au lait) mais surtout des histoires de vie dramatiques ou cruelles (l'esclavage, l'exploitation agricole ou industrielle) qui se cachent derrière une marque connue (Coca cola, Banania, Nescafé...). Quant aux aliments, ils ne sont pas forcément cultivés dans leur continent d'origine et ne nourrissent pas vraiment ceux qui s'en occupent chaque jour.  (Cacao, cacahuète, riz, ...).
    Le plat succulent et généreux est néanmoins partagé (le maître-mot d'Autophagies) sans rancune ni animosité et s'avère très digeste, loin d'une idéologie de vengeance mais plutôt de vérité ...manger c'est ingérer le monde en soi.

    @crédit photos : Gauz

  • Le visage originel

     

    Contrairement à l'hindouisme qui s'intéresse principalement à l'au-delà et à son propre salut par l'ascétisme ; au bouddhisme qui enseigne la libération de la souffrance par le détachement, le christianisme intègre totalement la condition humaine qui s'accompagne de joies et de peines...essayant de répondre à l'appel de Dieu” (p.55).

     

    Lorsque nous prenons véritablement conscience que nous ne sommes pas qu'une entité humaine qui finira en poussière, que ce qui fait notre essence ne meurt pas, alors la seule possibilité restante est celle d'une possibilité aimante inconditionnelle. Pour ce faire, l'homme épris de spiritualité vit de peu. Pour le chrétien, la clé de cette approche est de suivre l'exemple de Jésus” (p.128).

     


    blain.jpgAidé du journaliste Yohan Picquart, le spécialiste des religions Dominique Blain clarifie les principales différences et similitudes entre bouddhisme et christianisme (dans une moindre mesure l'hindouisme) à travers leurs histoires géographico-culturelles  et leurs interrelations actuelles où s'estompent la frontière Orient-Occident.
    L'ouvrage intitulé les Liaisons Spirituelles et paru chez Dervy, est limpide, précis et exhaustif, sans être verbeux ou trop érudit. Il constitue en soi une belle synthèse pour l'être désireux de parfaire sa connaissance des religions en vue d'une pratique ou quête de sens. Assez complet avec des thématiques fédératrices (transcendance, éveil, foi, rédemption...), Dominique Blain use de cas concrets jusqu'à des évènements récents, en bon connaisseur du Christ et de Bouddha, de leurs ramifications  et rapprochements fraternels.
    Sans prendre parti pour la précellence de l'un sur l'autre, il étudie avec minutie leurs influences respectives (méditation pour les chrétiens et notion d'ego, amour du prochain pour les bouddhistes et compassion...), leur visée (le dieu d'Amour versus la vision cosmico-pénétrante) et terreau de croissance. Des greffes ont pris au 20eme siècle dans les pôles respectifs mais malgré des expériences d'enrichissement (Auroville, l'ashram de Le Saux/Griffiths/Sahajananda pour l'Inde ; le Zen de Deshimaru ou Mathieu Ricard en France...), Il semble que la culture d'origine reste prégnante.
    En dépit de la désaffection du culte chrétien jugé trop moralisateur après guerre, de l'influence du New age et de la vague hippie, il semblerait que la doctrine prônée par Jésus tienne encore bien la route pour les cœurs épris de droiture, d'ivresse et de pureté. Les graines semées germent a l'évidence dans une terre enrichie et vivifiée d'engrais étranger. Nous pensons bien évidement au Bouddhisme zen, au message et charisme du Dalaï lama mais aussi à l'influence de la foi musulmane. Il s'agira toujours de s'effacer dans l’altérité, pour montrer le visage du jamais-vu, jamais-entendu : un corps-don qui est verbe éternel, une souffrance transcendée.

     

  • Trouver Dieu

     

    jacques scheuer,parole et silence,almora éditions,tradition hindoue,védas,upanishads,yoga,parole sacrée,verbe,nirvana,plénitude,regard embrassant,octobre 2022Jacques Scheuer nous convie dans Parole et silence paru chez Almora éditions, à un voyage de trois millénaires de tradition hindoue, des Upanishads à Gandhi, avec de nombreux extraits d'hymnes védiques ou de louanges. Le prisme est le lien entre le Verbe et sa Source de paix, qui est un au-delà du mental.
    L'essai, concis et synthétique, se veut exhaustif mais ne mentionne ni Sri Aurobindo et sa doctrine du supramental, qui est pourtant un condensé de la spiritualité brahmanique, ni la vision de Krishnamurti .
    L'auteur évoque le chemin conduisant au sacré par la parole, le souffle et le corps, telle un yoga de l'esprit (les renonçants). Mais aussi la voie du retour à l'Origine, au nirvana (un vide plénier) qui est l'état de Brahman ou d'Absolu (Ramana Maharshi par exemple).
    Un parallèle judicieux aurait pu être amené avec le christianisme dont le corps du Christ est le Verbe divin, une parole sacrée faite chair dont la finalité est la digestion et la transformation organique du corps en matière-lumière.
    Dieu, le Père ou la Source resterait à trouver en soi, ici incarnés par les avatars Shiva ou Kali la Mère noire, pour se fondre dans la création en étant bienveillance et initiateur du Vivant.
    La pensée, aussi subtile et polie qu'elle soit, n'égale pas, selon ces textes sacrés védiques, le Verbe qui est une co-naissance au divin en soi, soit l'être ou le double lumineux connaissant, le maître intérieur connecté au Tout bouillonnant. Que l'on opte pour une transcendance ou un abandon de l'ego-mental, il est nécessaire de réaliser qu'un Étant demeure (préexistant) et qu'IL respire de façon autonome en Soi. Penser à Dieu est une chose, le trouver ou être un avec Lui, une option que peu expérimentent vraiment.
    C'est l'apport de l'hindouisme, ancêtre du monothéisme, de rappeler et de montrer cet état contemplatif de pure conscience comme une grandeur (ou un anéantissement au choix) possible à réaliser de son vivant.

     

  • L'or, sous les apparences

    L’oiseau d’or de Kainis Tome 2, L’oiseau d’or de Kainis Tome 3, L’oiseau d’or de Kainis Tome 1, Glénat manga,  Kazuki Hata, shojo, XIXe siècle, sexisme, autrices, Angleterre, octobre 2022Alan Wedgewood est un écrivain pour tous les londoniens qui le côtoient. Seulement, il cache un secret qu’il croit bien gardé. Malheureusement juste avant le Tome 2 de L’oiseau d’or de Kainis (paru le 15 juin) son ami Myles le découvre. Comment va-t-il se comporter avec Alan maintenant qu’il sait qu’elle est une femme ? Kazuki Hata, l’auteure du manga, nous invite dans les questionnements quotidiens des deux personnages. Elle nous fait également découvrir le passé de Myles qui a lui aussi des choses à cacher. Ainsi Alan ou Léa, de son vrai prénom, tente de percer les mystères de son ami, sans savoir qu’il a décelé le sien. Nous faisons également la connaissance de Jared Snow, une romancière venue de Paris qui mène une vraie réflexion sur la société et les différences entre les hommes et les femmes. Sa présence rend Alan très nerveux tout en éveillant sa curiosité et ses convictions profondes.

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    Glénat éditions nous propose le Tome 3, sorti ce 21 septembre. On retrouve Lea dans sa campagne pour le mariage de sa grande amie. Dans ce nouveau manga Alan/Léa et Myles semblent plus unis que jamais, et pourtant petit à petit quelque chose va changer imperceptiblement. Dans cet avant dernier tome, les deux protagonistes semblent à fleur de peau l’un et l’autre, pas forcément pour les mêmes raisons. Jared Snow inspire de plus en plus Alan, Myles s’occupe d’un de ses anciens colocataires, mais son esprit est ailleurs. Kazuki Hata continue à nous tenir en haleine dans ces deux tomes, tout en élargissant son propos et en dépeignant la vie des individus de l’époque.

    Les lecteurs suivent les trajectoires des personnes de la haute société londonienne comme des jeunes enfants orphelins qui vivent dans la rue, des intellectuels solitaires autant que des employées des maisons closes, des femmes des campagnes puis des hommes des villes. La mangaka arrive à nous fait revivre toutes ces différences et ces entrechocs permanents. Ses dessins tout en finesse nous permettent de percevoir toutes les nuances entre les gens ainsi que l’émotion qui se dégage des visages. Inutile de préciser que le tome 4, dernier manga de la série, suscite notre curiosité et développe notre imagination. D’autant plus qu’il ne devrait pas sortir avant mars 2023 !

    Images: Glénat