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Ecologie - Page 5

  • Hana, oiseau de bonne augure

    hana thierry,les hirondelle et autres noms d’oiseaux,touria arab-leblondel,milan,adolescence,collège,rep,mixité,sortie pédagogique,riad sattouf,mars 2022« - Waouh, ils ont déjà vécu des trucs de ouf ! Qu’est-ce que j’aurais pu raconter sur « PARTIR », moi ? Ma mère m’a répondu : -Tu aurais plein de choses à dire. »

    Comme un écho à l’éducation dans les bois, le premier roman de Touria Arab-Leblondel : Hana Thierry, les hirondelles et autres noms d’oiseaux, édition Milan, raconte le projet d’une prof de SVT d’un collège classé REP : emmener sa classe en forêt pour un évènement hors du commun. Hana Thierry et la plupart de ses camarades ont une image plutôt lointaine de la nature et des animaux sauvages. Collégiens dans un établissement mal-vu et pour la plupart « originaires d’ailleurs », ce sont plutôt eux que l’on compare à des sauvages, sans toujours s’en rendre compte. En effet, Hana est une des rares élèves de son école à se rendre dans ce collège alors que tous les autres parents (ou presque) décident d’inscrire leurs enfants à St Thérèse où il n’ y a pas de « caillera ». La jeune fille dont on découvre la rentrée en sixième et dont on suit l’année de quatrième, est métissée : mère arabe, père français de souche (tiens un terme forestier). Elle voit cela comme une richesse mais difficile de le faire comprendre dans une société manichéenne ou à ses petits camarades qui la somme de choisir son camp.

    «  Ce qui est peut être plus embêtant, poursuit Florence, ce sont les tiques. Il faudra prévoir des vêtements couvrants et chauds, car nous allons être dehors assez tard et, […] il peut faire frais ».

    L’ouvrage aborde assez naturellement des sujets d’actualité brûlants ou clivants comme le voile, les régimes alimentaires à la cantine, ou l’embrigadement des ados sans se focaliser dessus ni les taire. L’écologie, la chasse, la stigmatisation, les trajectoires individuelles, l’acceptation des différences et surtout le passage de l’enfance à l’adolescence, des doutes à l’affirmation de soi, traversent le livre. Il nous rappelle ainsi que le collège est une micro-société où se reflètent toutes les difficultés rencontrées à l’échelle d’un pays, telle une loupe grossissante, avec la naïveté, la spontanéité et parfois la brutalité des adolescents. Les adultes, professeurs et parents, cherchent le moyen de les canaliser, les intéresser et leur apprendre à se méfier des idées toutes faîtes, glanées au détour des réseaux sociaux ou par l’intermédiaire d’un camarade mal intentionné.

    « Il y a beaucoup de second degré chez Riad Sattouf, même si ses livres sont très autobiographiques. D’ailleurs, vous-même vous n’en manquez pas, de second degré, hein, Malik ? »

    Un premier roman pour collégiens qui semble s'inspirer de la vie de son autrice Touria Arab-Leblondel, elle-même empreinte de plusieurs cultures, et de celle de ses enfants pour les dialogues vivants et le langage actuel des personnages. Allons donc voir passer les hirondelles et autres oiseaux aux milles nuances.

    Image: édition Milan

  • Une enfance Nature

    l’école des bois,une pédagogie pour les jeunes enfants,caroline guy,into the woods,célestin freinet,maria montessori,rudolf steiner,céline alvarez,la bergerie urbaine,serge tisseron,février 2022Grandir et apprendre au grand air, nombre d’enfants, en classe et le regard tourné vers les fenêtres en ont rêvé à travers les générations. Est-ce l’élément déclencheur dans la démarche de Caroline Guy, l’auteure de L’école dans les bois. Une pédagogie pour les jeunes enfants publié aux éditions Massot ? Avant de créer Into the Woods, l’enseignante se destinait au tourisme et a tout quitté pour vivre dans la nature, devenir exploitante agricole puis faire de l’animation avec des enfants jusqu’à se lancer dans l’enseignement. Après plusieurs expériences dans l’Éducation Nationale ou auprès d’écoles alternatives, elle souhaite développer le lien entre les enfants et la Nature qui n’existe pas ou très peu en France et fonde son école dans les bois. « Pourquoi forcer des petits à être assis toute la journée alors que leur nature profonde et leur élan de vie sont constitués d’une soif intense de découvertes et d’expérimentation directe de leur environnement ? ».

    De nombreuses expériences existent en Europe (notamment au Nord), où jardins d’enfants et école dans les bois sont très répandus. Caroline Guy s’en inspire pour créer Into The woods, tout en approfondissant sa connaissance des besoins des jeunes enfants grâce aux pédagogues (Freinet, Montessori, Steiner). L’enseignante s’en détache toutefois en prenant en compte les évolutions de la société et l’unicité des groupes qu’elle accompagne. Elle attache beaucoup d’importance à l’expérimentation, ainsi si « l’on propose à un enfant une alimentation saine et du jeu libre en pleine nature ou une nourriture empoisonnée et des heures de tablette*, le petit va absorber et expérimenter ce qui lui est offert sans aucune possibilité de choisir ni de prendre du recul ». Un grand espace, l’absence de nuisances sonores, la simplicité (moins de paroles, moins d’activités), l’apprentissage du langage (éléments concrets, histoires) et un bel environnement : tous ces éléments sont essentiels pour Caroline Guy et la nature les comble.

    Privés de celle-ci, les enfants souffrent de problèmes physiques, psychiques ou spirituels. De plus, les jeunes se méfient de la Nature (froid, saleté, insectes) et protéger l’environnement devient très abstrait si on ne connaît que le béton. À l’inverse, les enfants apprenant dans les bois développent de grandes capacités : « calme, habileté, maîtrise du corps, créativité, imagination, espoir, motivation, concentration, sens artistique, empathie ». La nature peut être un immense terrain de jeu, d’exploration et d’invention où les enfants coopèrent naturellement avec un adulte bienveillant à proximité. Dans Into the woods, la différence entre école/travail et jeu/loisir est moins rigide. En effet, l’enfant apprend en jouant. Ainsi, dans une journée type auprès de Caroline Guy, le temps est découpé entre jeu libre (creuser la terre, faire une cabane), rassemblement (exercices de relaxation, comptines), activité dirigée (découvrir un nid d’oiseau, cueillette en forêt). Les activités changent en fonction des saisons et de l’environnement.

    L’ouvrage est dans la lignée de celui de Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, qu’elle cite d’ailleurs. Évidemment, L’école dans les bois, aussi inspirante et nécessaire soit-elle n’est pas encore à la portée de tous les enfants. De même, seuls les parents les mieux « informés » et souvent « fortunés » se tournent vers ce type d’écoles alternatives. En attendant que l’Éducation Nationale s’y intéresse et que le nombre d’enfants confiés par enseignant diminue fortement, parions sur la volonté des professeurs de répondre aux besoin des petits et grands élèves. Ainsi, dans une école classique en ville, la création de potager, des plantations de fleurs, des rencontres avec des apiculteurs ou une sortie dans des jardins partagés, sur le marché, dans une bergerie urbaine (comme à Lyon : La Bergerie Urbaine) sont autant de possibilités à développer.

    * À propos des tablettes, on peut lire 3-6-9-12, Apprivoiser les écrans et grandir de Serge Tisseron qui donne des clés pour en encadrer l’usage.

    Image: Massot éditions

  • Le regard miséricordieux


    "C'est le manque d'amour pour nous-mêmes qui nous fait mal aimer le terre et mal agir sur terre. Il faut dépolluer l'homme de son autojugement négatif contre lui-même et lui apprendre à devenir précieux à ses propres yeux pour que la terre devienne elle aussi, précieuse à ses yeux. Alors le besoin de polluer disparaîtra". (p.253)

     

    montaud.jpgHeurté profondément par la vieillesse digne et emplie de sagesse de Gitta Mallasz, Bernard Montaud fait revivre son influence avec la saga César dont ce dernier épisode sur la transmission écrit avec Sanjy Ramboatiana "César, l'imparfait heureux", parait aux éditions Dervy-Tredaniel.
    Cet opus constitue une parfaite synthèse de son enseignement spirituel développé au fil des ans avec l'école Artas, en sus d'être un livre ludique (jeux, QR codes vidéos, trame simple et schématique, rédaction à deux voix), comme le fut la sagesse pratique de Gitta avec Patricia Montaud (qui s'est spécialisée dans les Dialogues avec son ange) et Bernard, dans les dernières années de sa vie.
    C'est aussi un livre précieux qui contient des questions (et l'art de poser la bonne) mais surtout des réponses (La vie de couple c'est apprendre la miséricorde... L'Homme inspiré c'est l'avenir de l'homme...Les Maîtres, sages et saints sont les pionniers du meilleur de l'Homme...), pour celui qui, à l'instar d'un Jung, considère le tourisme intérieur comme la destination du futur de l'humanité.
    Traditionnellement parlant, l'homme possède une double origine (ego et être), G.I Gurdjieff distinguerait l'existence Les multiples moi) de l'essence (Le Je Suis), ici dans la lignée des Dialogues avec l'Ange, sont différenciés la personne et son histoire traumatique, de l'individu relié verticalement, en voie d'être inspiré.
    Rien ne sert de sauter les étapes, on ne peut s'affranchir qu'avec le temps de déterminismes liés à notre naissance spatio-temporelle.
    Bernard Montaud propose à qui veut l'entendre, un programme de miséricorde envers soi d'abord (apaiser notre histoire personnelle), puis envers l'autre (le sentir et le servir) dans une tâche qui se révèle plutôt collective et enfin envers la terre, à l'image des personnages de l'histoire sainte et sacrée qui "souffraient les fléaux du monde comme leur propre douleur", de quoi s'occuper et trouver un sens véritable à la vie.
    Ce manuel de sagesse ordinaire, "là où se situe le plus sacré", se veut inspiré par Gitta Mallasz, peut-être l'étape ultime du service envers l'humanité, qui se perpétue au-delà de l'incarnation ? Il se pourrait ainsi que tout (visible et invisible) serve un Plan divin...

     

  • Les bourrins de la Terre

    Les Bourrinologues,  Bande d’Ados, éditions Milan, Lucie Castel, Nicole Augereau, Grégory Jarry, Géo Ado, pollution, collapsologie, stage de 3ème, janvier 2022« L’époque dans laquelle nous vivons est extraordinaire ! », « On assiste à la destruction de l’ensemble du vivant », « Et c’est à l’humanité qu’on le doit ! C’est pas génial ? »

    Lasse de dénoncer les scandales écologiques, la pollution, l’inaction humaine ? Lucie Castel, Nicole Augereau et Grégory Jarry prennent le contre-pied avec Les Bourrinologues dans la nouvelle collection Bande d’Ados aux éditions Milan et Bayard. Les épisodes ont d’abord été publiés dans le magazine Géo Ado. Dans chaque mission, il est en effet question de se rendre quelque part sur la planète pour montrer le triomphe de l’humain sur la nature ou plutôt des grandes entreprises ou États sur le reste des êtres vivants, homo-sapiens compris. En s’appelant Donald, on pourrait applaudir face aux bulldozers et autres machines infernales inventés par des êtres fascinants d’ingéniosité et de rapacité (quoi qu’un rapace ne tue que ce qu’il mange).

    Les auteurs se mettent en scène dans la bande dessinée sous les noms de Grégory Bour, Nickye Rino et Lucie Logue. Ces trois Bourrinologues reporters se délectent de la suprématie humaine qui va d’ailleurs souvent de paire avec une certaine « supériorité occidentale » ou du « monde moderne » sur le reste des populations de notre planète. C’est à la fois cynique, effrayant et drôle. Les stagiaires de 3ème, qui changent à chaque nouvel épisode apportent réconfort et espoir puisque la plupart sont scandalisés par les découvertes à l’opposé de la fierté de la rédac’ de la Bourrinologie (« l’étude de l’effondrement du vivant »). Malheureusement, ils ne s’en sortent pas toujours mais c’est le prix à payer pour comprendre l’envers du décor !

    Indignez-vous disait Stéphane Hessel, il y a de quoi avec l’étendue des actions humaines plus néfastes les unes que les autres : assèchement des mers pour implanter une agriculture intensive, enfouissement des plastiques et rejets de produits polluants dans l’océan, destruction des forêts tropicales et des peuples qui y vivent sans parler de la place d’internet qui fonctionne avec l’équivalent de 200 réacteurs nucléaires (enfin pour l’instant). Visiblement, l’indignation ne suffit pas, les bourrinologues sont donc passés mettre dans l’art de célébrer : « les déchets, l’avenir de la planète », « place à une belle forêt de palmiers à huile bien rangés », «les bateaux-usines prennent à eux seuls 50 % de la pèche mondiale, un bel exploit ».

    Avec Les Bourrinologues, les rencontres sont toujours instructives comme avec Léonid Brejnev, dirigeant de l’URSS dans les années 60, Larry Page, cofondateur de Google ou Taib Mahmoud, premier ministre de la Malaisie. De plus, les auteurs mélangent traits de crayons et photos qui permettent de voir les conséquences de l’activité humaine de plus près, du septième continent de plastique aux immenses champs produits en plein désert en passant par les régions où l’on extrait des terres rares. Une bande dessinée édifiante et indispensable à tous les futurs stagiaires de 3èmes !

    « Pour faire un stage de 3e vachement plus fun que dans le cabinet comptable de votre mère, contactez-nous ! »

    Image:  éditions Milan

  • Mad Max décodé

    "Si Max se laisse aller à la violence, c'est qu'il est devenu fou (mad), comme il le redoutait. Son basculement dans la folie est d'abord celui de la société toute entière : le monde en train de sombrer emporte Max avec lui". (p.51)


    mad.jpgDésert, bolides, guerre au nom de l'essence...le décor futuriste de la saga culte est crédible et décliné en 4 épisodes sur 40 ans. L'univers et la vision post-apocalyptique de
    Georges Miller persiste au sein des films de genre SF, révélant Mel Gibson en 1979 dans le rôle de Mad Max, guerrier de la route ayant perdu sa femme et son enfant, errant au volant de son V8 dans un monde où des hordes de punks SM font régner la loi du plus fort.
    Des films coups de poings, viscéraux, en mouvement, violents et radicaux qui inspireront bon nombre de héros vengeurs solitaires (equalizer, à vif,...) . Qui n'a jamais été gagné de telles émotions irrationnelles dans sa voiture ? La folie parcourt les routes. Ce qui nous sépare de l'anarchie et de l'état nature c'est un accord sociétal, une vie en commun, et parfois un cocon familial où l'amour règne.
    Cet anti-héros, Max Rockatansky a connu les deux antan, ce qui lui permet peut être de garder un semblant d'humanité et des valeurs qui contaminent dans son giron femmes ou enfants rencontrés ici ou là.
    Dans
    Mad Max, au-delà de la radicalité, 6 auteurs collaborateurs de Playlist Society (Lloyd Chéry, Manouk Borzakian, Alexandre Mathis, Élise Lépine, Erwan Desbois, Nico Prat) dissèquent l’œuvre avec brio (à l'origine des podcasts de chaque film), sourçant leurs hypothèses agrémentées de nombreuses anecdotes (metteur en scène, production, acteurs,...). Les points de vues se complètent et enrichissent l'analyse dystopique puisque les épisodes sont quasi chronologiques et similaires.
    Georges Miller, taxé de visionnaire lors de la sortie de Fury Road (2015), a réalisé intégralement les 4 opus ce qui en fait son œuvre la plus personnelle et obsessionnelle. L'évolution se situe surtout dans la toile de fond qui calque les préoccupations environnementales, sociétales et sociales de l'époque, notamment le rôle de plus en plus clé et prégnant  de la femme (Furiosa jouée par Charlize Theron dont le prochain opus s'intéressera a sa jeunesse) pour un éventuel changement de paradigme, car l'homme tue de façon innée.
    Petit livre plaisant donc qui permet de s'immerger à nouveau dans la psyché hallucinée et sauvage de
    Georges Miller. L'homme semble avare de renseignements mais comme tout artiste passionné il porte en lui visuellement ce punk-road-opéra et sut séduire la profession pour lui faire une place de choix...dans notre imaginaire aussi !

     

  • Ultime Guerre(ière)

    Bergères guerrières, L’abîme, Jonathan Garnier, Amélie Fléchais, éditions Glénat, épopée féministe,  janvier 2022«- Mais bien sûr qu’il fallait ! On ne rigole pas avec l’hospitalité, ici. Si vous avez encore faim, venez me voir ! - Ils sont chic dans ce village. - Peuh ! »

    Molly et Liam arrivent enfin au bout de leur voyage dans l’ultime épisode (n°4) des Bergères Guerrières : L’abîme de Jonathan Garnier et Amélie Fléchais aux éditions Glénat. Il est temps pour eux et les habitants du village qui les accompagnent de trouver des réponses à leurs questions, de découvrir les détails de cette guerre qui a ravagé la nature, les villes et les hommes. Cette quête s’achève sur les Terres Mortes à la rencontre de personnages plus complexes qui enrichissent et éclairent le récit. Le mal qui les rongent n’est en effet jamais loin.

    « Tu veux que Sarah se retrouve enfermée dans une cage pendant qu’on va en Terres Mortes ? On n’en parle à personne, c’est plus sûr. »

    Ce dernier tome est d’ailleurs globalement plus sombre que les précédents et l’insouciance des enfants au début de la série a laissé place à la rudesse de leur tâche et l’amertume devant les erreurs et dégâts causés par les humains, les bêtes, la maladie. Les couleurs semblent également plus sombres, pourtant rougeoyantes et toujours aussi sublimes. De même, les personnages de Bergères Guerrières sont à croquer. Pourtant, la bande dessinée fait écho aux ravages causés par la folie humaine sur la planète. Une manière d’éveiller les consciences des enfants lecteurs et lectrices devenus, au fil des épisodes, des adolescents.

    « Pourquoi il a fallu qu’ils jouent avec la nature ? Et pourquoi c’est à moi de devoir arrêter le fléau qu’ils ont créé ? »

    Un album qui réconcilie aussi les générations puisqu’on y retrouve l’importance de la transmission mais aussi les doutes ou les incompréhensions qui se lèvent à l’aune des révélations et du temps qui passe. Les valeurs de l’accueil, de l’engagement, de sa place dans la société mais aussi le lieu où on est né, où l’on a grandit et où l’on veut vivre, sont abordés en filigrane du récit d’aventure. Nous sommes tristes de quitter Molly, Liam, Sarah et tous les autres mais rassérénés et fiers du parcours des fameuses Bergères Guerrières !

    Image: Glénat éditions

  • Une solitude pleine

    Coup de cœur spiritualité

    "La prière pleinement aboutie est union avec Dieu. Elle n'est même plus une demande. Elle fait de l'orant un être comblé par Dieu et apaisé...On touche presque à la disparition de la prière". (p.87)


    soeur.jpgSoeur Catherine, ermite catholique, est reliée, sur sa montagne et dans sa sainte grotte, par la prière et l'oraison continue, au monde et à ses épreuves, souffrances ou cheminements de vie (de) particuliers.
    A l'époque du tout productif où seule la valeur monétaire prime en apparence, des êtres se sacrifient (étymologiquement c'est se consacrer) pour et en Christ, afin de montrer une autre réalité digne et pétrie d'amour à la face d'un monde saisi de violence.
    Cet apanage n'est évidemment pas que chrétien, les saints sont de tous bords même païens, mais la spécificité du christianisme et de l'eucharistie c'est de questionner ce Corps fantastique cosmique, mutilé puis ressuscité, comme mû d'un Amour qui transcende toutes épreuves et la mort même, une Trinité à l’œuvre...
    Dans "La joie du Réel", paru aux éditions du Relié, Sœur Catherine témoigne de cette union soutenue à Dieu, dans la solitude et la joie, fruit de 25 ans de retraite érémitique.
    Son ascèse réside essentiellement dans la lectio divina : Bible mais aussi écrits de carmélites (sœur Thérèse d'Avila notamment mais aussi Jean de la Croix ou sainte Thérèse de l'enfant Jésus) et manducation d'auteurs mystiques (Eckhart ou Ruysbroeck entre autres). Elle actualise ces enseignements abrupts et ardus mais phares de l'église, en démontrant leur pertinence actuelle pour le(la) disciple désireux d'unir son âme à Dieu, en y adjoignant bien évidemment la prière, l'oraison  (rendre grâce, être dans un esprit de gratitude).
    Le livre est assez complet en tant que manuel d'édification puisque l'auteure évoque quelques "techniques" pratiques de présence à Dieu (émergence, réflexion inspirée...) éprouvées au fil des ans, mais aussi des échardes et pièges sur la voie unitive (se sentir élu ou parvenu...) et nous propose une belle réflexion sur la manière dont l'esprit sain communique des messages (qui ne sont que des actualisations de l'évangile) à l'humanité par l'intermédiaire de quelques appelés (Saint Charbel, Maria de Valtorta, Padre Pio...).
    Cette vie pour Dieu, ce don de soi pour autrui et ce lieu de retraite à l'écart du monde sont des appels auxquels sœur Catherine a répondu présent (à 25 ans), suite à une métanoïa en oraison (enamourée par un brasier ardent). Rien ne la prédisposait à cette vie consacrée (parents païens) sauf ce discernement, oreille pour entendre, voix intérieure ou œil du cœur qui Se reconnut en toute clarté.


    "Dans le "mariage mystique" (ou septième demeure de Thérèse d'Avila), ce qui est guéri jusqu'à la racine c'est la tendance au péché...Après, la vie continue, mais avec Dieu pour seul maître intérieur" (pp. 138 et 140).