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société - Page 16

  • Parcours exaltant

    Exposition exodes, Saint Raphaël, Simone Dibo-Cohen, Art contemporain, juillet 2022

    Une exposition d'envergure sur le thème de l'exode se tient jusque fin septembre dans la ville de Saint Raphaël, engageant 80 artistes (230 œuvres) dans 8 lieux emblématiques proches du centre ville, une expérience visuelle ludique.
    C'est l'occasion de découvrir des hommes et femmes plasticiens, peintres, photographes ou sculpteurs renommés ou émergents, qui frapperont l'imaginaire par leur vision toute personnelle confinant parfois à l'universel. Pour notre part, de nombreux souvenirs demeurent parmi lesquels la mer noire de Bao Vuong (The crossing), les peintures foisonnantes de Philippe Cognée au Centre culturel, les personnages en tissus et ouate d'Anne Buthuon (photo 1) au musée d'Archéologie, le mannequin d'autoportrait costumé (sorte de totem chamanique moderne) de Cédric Tanguy, l'exil salvateur de Dalila Dalleas Bouzar et le bateau de fortune de Barthélémy Toguo (Photo 2) à la Villa des Myrtes, ou encore les statues mythologiques couleur ocre de Christophe Charbonnel (David et Goliath au parc Bonaparte, Thésée et l'Amazone devant le Centre culturel)


    L'occasion aussi de visiter des bâtiments dédiés à l'art et la culture sous toutes ses formes (salle de danse, musée archéologique) jusqu'à une ancienne boîte de nuit (La réserve) ou une belle mairie d'honneur un peu excentrée (les Asphodèles). L'occasion enfin de voir à quel point la thématique touche la créativité artistique et inspire des œuvres originales (textures, supports, palette d' arts graphiques...) interconnectées à travers le globe, que le pays soit libre ou opprimé, que le temps questionné soit passé (génocides, guerres, migration...) ou futur (le réchauffement climatique par exemple).
    Le nombre, les tragédies, l'angoisse mais aussi l'espoir et l'élan que suscitent l'exode sont illustrés de façon insolite, brute ou symbolique, à visages découverts ou masqués parfois, plus rarement intériorisés lorsqu'il s'agit de quitter un ancrage pour un continent (en soi) nouveau ou inexploré. Mais l'art contemporain n'est pas littérature et se ressent plus qu'il ne se lit. Une sensibilité et ouverture à l'autre que le maire Frédéric Masquelier souhaitait mettre en avant pour célébrer les 60 ans de l'indépendance de l’Algérie sous la houlette et carte blanche de Simone Dibo-Cohen (présidente de l'UMAM: Union Méditerranéenne pour l'Art Moderne), avec l'accueil chaleureux et les anecdotes à propos des jeunes saisonniers. Une initiative de bon augure pour le rayonnement culturel de la ville de Saint Raphaël, après le parcours d'art urbain initié par le festival Résonances urbaines.

    Exposition exodes, Saint Raphaël, Simone Dibo-Cohen, Art contemporain, juillet 2022

    Images : Ville Saint-Raphaël

  • La plume de Londres

    L’Oiseau d’or de Kainis , Kazuki Hata, édition Glénat , Littérature féminine du XIXème siècle,  Gloucestershire, Angleterre, Jane Austen, Les sœurs Brontë, Virginia Woolf.juillet 2022Japan expo depuis hier. Pour ceux qui n'y vont pas, voici une petite chronique de manga pour rester dans l'ambiance !

    «Une fille qui écrit ? On aura vraiment tout vu », « un véritable enfantillage », « Une fille ne sera jamais capable d’écrire un texte pareil » : Voilà ce qu’entend la jeune Léa dès son plus jeune âge à l’est de Gloucestershire. Kazuki Hata, l’auteure situe son manga « L’Oiseau d’or de Kainis », édition Glénat, au début du XIXe siècle en Angleterre. Effectivement à l’époque, cela ne venait même pas à l’idée qu’une femme puisse écrire. Ainsi Léa Void, 19 ans, est une jeune fille bien élevée, qui habite à la campagne chez son père, pasteur. Elle a une gouvernante qui s’occupe d’elle. Bref, Léa semble à mille lieues de déroger aux règles patriarcales du siècle. Seulement la jeune femme n’a jamais cessé d’écrire en secret et décide d’envoyer son manuscrit à un éditeur sous le pseudonyme d’Alan Wedgewood. La réponse ne tarde pas a arriver : le livre va être publié !

    Le manga nous embarque dans les péripéties de Léa qui va petit à petit devoir se faire passer pour un garçon, rencontrer éditeur et écrivains dans la bouillonnante ville de Londres. La découverte de la capitale, du monde littéraire et des habitudes des hommes nous est raconté avec beaucoup d’humour et une pointe de gravité. Les dessins retranscrivent bien les différences d’atmosphères entre les grands espaces et l’insouciance à la campagne, la promiscuité et la sophistication intellectuelle « in London ». Kazuki Hata s’attarde également sur les discussions entre auteurs et le processus d’écriture propre à chacun d’eux. La mangaka prend un malin plaisir au fil des cases à transformer Léa en homme avec les détails des cheveux, des habits puis entame ensuite le processus inverse lorsqu’Alan doit redevenir une brave jeune fille.

    Nous sommes vite aspirés dans l’histoire de Léa Void et ravis puisque le tome 2 et déjà sorti et le tome 3 sera disponible dès la rentrée (4 tomes au total). Peut-être y trouverons-nous un indice sur les raisons de ce titre poétique et mystérieux : « L’Oiseau d’or de Kainis ». Quoi qu’il en soit, il nous prend comme une envie de replonger dans la littérature anglaise du XIXe siècle, écrite par des femmes bien entendu. Quelques noms nous viennent en tête : Jane Austen, les sœurs Brontë … et puis … et puis c’est un début. Et pour comprendre pourquoi il n’y en eu pas plus, relisons donc l’indispensable Une chambre à soi de Virginia Woolf (qui est du XXe siècle).

    À partir de 14 ans.

    Image: Glenat

  • La force d'y croire

    Joël ,2,28 : Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions. (Trad. Darby)


    L-Arme-absolue.jpgJean Gagliardi, herméneute des rêves, nous en livre un de taille dans l'Arme Absolue (un beau titre lacrymal aussi), un roman sur le pouvoir de la bénédiction qu'il écrivit presque en état de transe juste avant l'épisode COVID, et qui est désormais publié en physique aux éditions ODES.
    Le livre décrit avec beaucoup d'humour et d'à propos, car il brosse un futur désirable pour beaucoup, la volte face radicale du président français actuel sur les volets écologiques et sociaux. Épris d'éthique et de bienveillance, ce dernier inquiète les renseignements militaires et autres agents de l'ombre, qui sont au service de la guerre plutôt que de la paix (lobbys, exploitants, usuriers,...) d'autant qu'une mystérieuse femme noire (appelée l'envoyée) prônant la puissance du pardon et de la bénédiction commence à gagner de plus en plus de cœurs et d'esprits à sa noble cause (le président aussi ?).
    Léo, mercenaire retraité, est chargé d'enquêter sur cette pseudo-secte pacifiste des néos (vêtus de blanc Ils rappellent les "guilty remants" de la série
    Leftovers) alors que son passé de tueur le taraude et que sa fille l'éveille à une sensibilité psycho-métaphysique.
    Cette sorte de thriller intimiste bien écrit interroge en profondeur notre vision du monde et nos projections sur autrui, avec une belle réflexion sur les racines du mal et de la souffrance. En fin connaisseur de nos rouages intérieurs et parts d'ombre, l'auteur milite pour une connaissance unitive de soi en totale interaction et reliance entre tout et tous.
    Moins de magie noire (maudire, médire...) mais un réel élan du cœur (accepter ce qui est, se pardonner, bénir l'instant...) suffirait, selon l'auteur, à mieux s'aimer pour aimer son prochain et la planète en retour...
    Jean Gagliardi rejoint ici par son pari éditorial, le collectif du commun-hôte, ces (é)veilleurs de l'intelligence créatrice en soi (le Nouveau, le Christ intérieur, la conscience active...) qui révolutionnent véritablement le monde par leur regard, leur intention, leur foi, leur rythme et leur silence intérieur.
    Un roman radio-actif et détonnant presque scientifique dans son approche des phénomènes.

     

  • EgaLisez

    Quatre mois pour être égaux (sans s’embrouiller), Sophie Rigal-Goulard, Rageot, stéréotypes de genre, égalité filles-garçons, sexisme, Dix jours sans écrans, faux jumeaux«  Tuan a chuchoté : - De toute façon, les filles sont toujours en train de se plaindre ! Ma sœur est pareille ! »

    L’égalité entre les hommes et les femmes, oui je suis pour, surtout dans les pays encore discriminants, mais ici en France, ça existe déjà et depuis longtemps, pourquoi on en parle encore ? C’est en substance ce que pense Gaël, son père, ses copains et à peu près tous les garçons du collège. Peut-être même aussi ceux qui lisent cette chronique. Seulement dans Quatre mois pour être égaux (sans s’embrouiller) de Sophie Rigal-Goulard, publié par Rageot, ce n’est pas du tout l’avis de Gaïa, la sœur jumelle de Gaël. Depuis qu’ils ont répondu à un questionnaire en classe sur cette fameuse égalité, elle est devenue féministe des pieds à la tête, et jusqu’aux ongles vernis, pourrait ajouter son ami Tuan (apparemment c’est l’obsession de sa grande sœur May). Quoi qu’il en soit, Gaïa s’est mise en tête de prouver à Gaël et au monde entier que les femmes et les filles sont discriminées ici en France et qu’il nous faut absolument changer les choses. Désemparé par sa nouvelle obsession le garçon lui propose d’échanger son cours de boxe contre ses séances de natation synchronisée. Les réactions de la famille, les coachs mais aussi les copains-copines ou d’autres sportifs de son âge vont remettre en cause les préjugés de Gaël sur le fait que les préjugés n’existent plus à notre époque. L’adolescent est certain d’une chose, sa sœur ira jusqu’au bout. Quant à leur grand-mère, elle entre carrément en rébellion féministe à l’âge de la retraite !

    « Je n’ai pas répondu au grand balèze qui m’a lancé un « Tu fais ta majorette, aussi ? » […] « En vrai c’est une technique de drague ? » »

    Drôle, tendre, listant les problèmes réels des filles et femmes, chiffres à l’appui, ce roman fait un bien fou (et pas qu’aux « petites meufs ») , recadre les machos et montre que les garçons souffrent aussi des injonctions de la société: l’homme doit être fort, ne pas pleurer ne pas porter de rose et encore moins être trop « gracieux ». Quant à la fille, elle est beaucoup trop douce pour faire un sport de brute, elle aime forcement se maquiller et faire à manger pour toute sa famille, qu’elle soit fille, mère ou grand-mère. Bref, voici un bon livre à découvrir dès 9 ans et jusqu’à 99 ans, en famille, c’est plus marrant. Et pourquoi pas tenter le défi proposé à l’échelle d’une classe, d’une école ou d’un collège ? C’est beau de rêver ! C’est même indispensable pour changer la société.

    Sophie Rigal-Goulard, autrice de Dix jours sans écrans ou 14 jours en mode survie sait aborder les thèmes d’actualité et les sujets qui fâchent avec subtilité, humour, en prenant en compte tous les points de vues et surtout en gardant à l’esprit que la lecture, c’est surtout du plaisir ! Pas de doutes avec ce bouquin court, facile et revivifiant. Alors lisez et foncez vers plus d’égalité !

    « C ‘est pour une fille ou pour un garçon ? A demandé la vendeuse à Livia qui lui expliquait qu’elle cherchait un cadeau de naissance ».

    Image : Rageot

  • Dys et Heureux

    dys et célèbres,comment la dyslexie peut rendre plus fort,guillemette faure,mikankey,casterman,trouble spécifique du langage,dyspraxie,dyscalculie,dysphasie,dysorthographie,tdah,hypersensibilité,keira knigtley,mohamed ali,mika,whoopi goldberg,bill gates,erin brockovich,franck gastambide,lewis hamilton,erna solberg,léonard de vinci,steven spielberg,beatrice d’york,richard brandson,jean-louis etienne,alex lutz,jamie oliver,glenn vielElles et ils sont inventeurs, dessinatrices, comédiens, réalisatrices, cuisiniers, ingénieures, musiciens,  architectes, journalistes, sportives de haut niveau.

    Ils et elles sortent des sentiers battus, ont parfois 10 000 idées à la minute, ne tiennent pas toujours en place, pleurent ou se sentent parfois incompris ou à côté de la plaque.

    Elles et ils ont été traités de nuls, parfois humiliés, se sont sentis rejetés ou inaptes à la vie professionnelle.

    Ils et elles s’appellent Keira Knigthley, Mohamed Ali, Mika, Whoopi Goldberg, Bill Gates, Erin Brockovich, Franck Gastambide, Lewis Hamilton, Erna Solberg ou bien Léonard de Vinci

    Quel est leur point commun ? Non ce n’est pas la richesse, ni la célébrité, pas même le génie ou le talent (quoi que).

    Dans Dys et célèbres, comment la dyslexie peut rendre plus fort écrit par Guillemette Faure et dessiné par Mikankey aux éditions Casterman, elles et ils sont toutes et tous dyslexiques. Ils peuvent être également atteints de dyspraxie, dyscalculie, parfois TDAH ou encore d’hypersensibilité (vocabulaire en fin de chronique).

    Bref, ils et elles n’étaient à priori pas faits pour réussir à l'école puis dans la "vie". Et pourtant leur particularité, leur façon de voir les choses différemment ou de devoir s’adapter chaque jour les a rendu uniques et aptes à accomplir de grandes choses. Pour certaines, la dyslexie a été détectée très tôt, pour d’autres pas du tout. Tous et toutes sont résilients et malgré les bâtons dans les roues, sont allés au bout de leur rêve à leur manière. Elles et ils sont aujourd’hui des modèles et prouvent que l’on peut devenir qui on souhaite au-delà des difficultés, des handicaps ou du mépris que peuvent engendrer la dyslexie.

    L’ouvrage est évidemment adapté aux dyslexiques avec des textes courts, une police et des couleurs franches. Les illustrations sont à la fois drôles et reconnaissables. Dans les dernières pages, les lecteurs et lectrices peuvent également trouver de nombreuses informations complémentaires sur les personnes décrites, la dyslexie en générale et les associations qui existent. Un beau livre joyeux, inspirant, rassurant à mettre entre les mains des écoliers, écolières qui sortent de l’ordinaire, qui n’ont pas les pieds sur terre ou qui lisent cette chronique à l’envers.

    Vocabulaire:

    Dyslexie: Trouble de l’identification du mot écrit qui rend difficile la lecture et l’écriture.

    Dyspraxie: Trouble de la planification et de la coordination des gestes et des mouvements volontaires, générant notamment de la maladresse.

    Dyscalculie: Trouble du calcul et du raisonnement logicomathématique

    TDAH: Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité

    Image: Casterman

  • Le Maroc a du jus

    Groupe_Acrobatique_de_Tanger_1140x440_2.png

    "Fiq", littéralement "Réveille-toi" est le dernier spectacle proposé par le Groupe Acrobatique de Tanger dont le but est de promouvoir l'acrobatie marocaine, issue d'une tradition guerrière et véritable mode de vie national combinant roues, sauts et pyramides humaines.
    Les 15 jeunes artistes castés proviennent d'univers acrobatiques divers mais complémentaires (art martiaux, hip hop, cirque, jongle...) qui font corps dans un groupe soudé par un souffle et une vision commune que la circographe Maroussia Diaz Verbèke a mise en scène. Chacun.e est magnifié.e dans ce qu'il est de plus singulier tout en s'insérant comme rouage essentiel d'une construction humaine symbolique.
    L'excellent DJ Dino (champion DMC Algérie 2020) aux platines, chorégraphie les mouvements, les postures et cimente musicalement cette génération avenante, énergique et soucieuse d'une révolution des consciences. Le photographe Hassan Hajjaj, enfin, apporte une touche visuelle à cette œuvre collective en la teintant de couleurs et d'écrits comme autant de manifestes.
    Beaucoup d'informations sensorielles nous ont été données au Festival des Nuits de Fourvière hier, mais l'essentiel du message est traduit sur écran géant. Ici "rien de spectaculaire" (quoi que...) autre que du talent et de l'huile de coude, de la poésie et de la cohésion, de la simplicité et des valeurs qui prévalent.
    Le matériau est le corps, bien vivant et au service d'une cause commune. De nouveaux mots sont inventés pour définir ses mutations et fonctions nouvelles. Quelque chose d'indicible se réveille en son sein : une pulsation, un rythme, une ivresse sourdent.
    A travers cette représentation culturelle, c'est un renouveau qui se montre, celui d'une jeunesse qui repousse les limites dans un jeu enivrant, un corps à corps en accord avec le cœur. Captivant de vérité !

     

  • Reflet acide

    Jean-Christophe Meurisse,Les Chiens de Navarre,la Vie est une Fête,festival les Nuits de Fourvière,théâtre de la Renaissance,Amélie Philippe,Delphine Baril,Lula Hugot,Charlotte Laemmel,Anthony Paliotti,Gaëtan Peau,Ivandros Serodios,Fred Tousch,Bernie,humour corrosif,dérives socio-politiques,faits de sociétés absurdes,vision poétique de l'humanité,Oullins 2022.

    Emmenée par Jean-Christophe Meurisse, la joyeuse troupe des Chiens de Navarre est venue bousculer nos sensibilités au théâtre de la Renaissance avec son dernier spectacle mis en scène pour le festival des Nuits de Fourvière : la vie est une fête !
    Humour corrosif, décapage des inepties et travers sociétaux au vitriol, faits d'actualité bruts recontextualisés pour en souligner la violence et la folie.
    Psychiatrie, médecine, police, entreprise High-tech, politique, New age, écologie...autant d'institutions et de courants grossis dans leurs traits et leurs incohérences contemporaines pour mieux déclencher un rire cathartique. A travers les personnages à l'histoire de vie cabossée, le metteur en scène veut montrer qu'”on ne souffre pas chacun que de Papa et Maman mais à cause de l'état du monde, du dérèglement de la civilisation”. Ainsi la femme de 45 ans qui ne correspond pas aux canons de beauté dictés par la société ou le cinquantenaire qui ne répond plus aux critères productivistes et très “sillicon valley” de son entreprise se retrouvent perdus. Leur égo, construction socio-culturelle, s'effondre du jour au lendemain comme vide de sens. Les comédiens y apportent le recul comique et empathique nécessaire.
    Bluffantes de réalisme, les scènes s'enchaînent en cadence avec verve et accessoires suggestifs truculents. La lignée des pairs défile de visu, proches (Blanche Gardin, Groland, Fabcaro, Charlie Hebdo) comme iconiques (Monty Python, Hara Kiri, Desproges, Coluche...), une écriture ciselée, crue et salvatrice en ces temps troubles où, petit rappel, les urgences psychiatriques se désemplissent pas.
    Blagues vachardes, réparties chiennes, chocs visuels...l'univers dérisoire et la vision chaotique de Jean-Christophe Meurisse touchent juste mais sont aussi et surtout empreints de poésie et de tendresse pour notre humanité ballottée par des vents contraires et impétueux, constatant que de chocs émotionnels peut advenir le meilleur et le réveil d'un attachement subtil à l'espèce, trop souvent anesthésié.
    Pour un spectateur, le sourire est présent tout au long du spectacle, pour un autre, les émotions évoluent entre rire franc, choc, parfois dégout ou larme à l’œil. Rien qui ne laisse indifférent : “ça dérange, ça réveille, bien sûr que je cherche à choquer” répond le fondateur des Chien de Navarre à une question du public. Pas de doute, c'est réussi et surtout nécessaire !