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Art

  • L'Art graphique de Compulsion

    Partout, on pouvait voir ces structures nouvelles, petites et grandes, larges et hautes ; des monolithes, des dômes et des sphères bâtis par Compulsion, se dressant fièrement au-dessus des pâturages comme les lettres d'un texte inédit, colossal et impénétrable (p.35).

     

    compulsion.jpgDans Compulsion paru chez Dargaud, des « obligés » épars sur la planète, reçoivent intérieurement des ordres impérieux à aller chercher et assembler des objets de toutes sortes, pour construire des édifices dont le but demeure encore mystérieux. Dans cette nouvelle écrite par Roberts Adam, le statut d’« obligé » est reconnu par les états et leur branche policière, pourvu qu’ils ne portent pas atteinte à la santé de quiconque. Ils sont en quelque sorte autorisés à exercer leur douce folie. Schizophrénie ? Voix d’outre tombe ? Injonctions extra-terrestres ? 2lus des temps derniers ? Trois couples séquencent avec rythme et rebondissements le récit par intermittence, liés sans doute par un destin commun.

    Les illustrations de François Schuiten sont magnifiques et grandiloquentes. Elles nous plongent directement dans le récit captivant de Roberts Adam et donnent forme à son imaginaire science-fictionnel. De multiples références adviennent à la lecture du récit (2001, Contact, Rencontres du 3ème type, The leftovers,...), sans pour autant remplacer l'originalité de la vision. Une œuvre graphique haletante jusqu’au dénouement final, un saut quantico-philosophique et spirituel absolument cinémato-graphique.

     

  • Epoustouflant Juan à 2

    Duo Juan, Philippe Mangenot, Rafaèle Huou, Steve Ollagnier, Théâtres de l'Entre-Deux, Dom Juan, Molière, Théâtre de la Renaissance à Oullins, 2025

    La compagnie Théâtres de L'entre-Deux, portée par ses deux figures de proue Philippe Mangenot et Rafaèle Huou, investissait ce vendredi le Théâtre de la Renaissance d'Oullins pour sa deuxième représentation de Duo Juan.
    Une véritable prouesse physique d'une heure et demi où les deux complices jouent tous les rôles du classique de Molière. On y savoure le verbe et la verve ainsi que l'adaptation très moderne de la pièce, sans fioritures, avec accents et adjonction d'un musicien (Steve Ollagnier à la batterie, programmations, bruitages et souffleur occasionnel) et chansons.
    Philippe Mangenot impressionne par sa fraîcheur physique et déplace des montagnes, emmenant les spectateurs dans un tourbillon de vitalité jusqu'à l'extinction. On le connaissait metteur en scène, on le découvre acteur engagé corps (un véritable athlète), âme (fidèle au texte) et esprit (souffle). Rafaèle Huou, également sur tous les fronts,  est Elvire mais aussi Dom Juan, Sganarelle, Monsieur Dimanche, etc. et semble s'en délecter. Elle n'est pas cantonnée aux trois rôles féminins de la pièce et ça fait du bien. On découvre sa belle voix que l'on écoutera ensuite dans un After version cabaret chansons et brèves de théâtre par son acolyte (juste après Duo Juan). 
    Voici donc un Dom Juan explosif, une performance scénique rythmée et enjouée, pour un plaisir partagé et avec des spectateurs acteurs.
    Rencontre avec le comédien et metteur en scène Philippe Mangenot (6min 28)

    podcast

    Photo : Théâtre de la Renaissance

  • Un guerrier du bitume

    solo.jpgSolo publie Note mon nom sur ta liste (un des premiers hits du crew Assassin) aux éditions Massot. D'abord danseur de break émérite (Paris City Breaker), il fut le fondateur du groupe mythique Assassin (avec Mathias Cassel Aka Rockin Squat), pilota la B.O du film La Haine, fut DJ pour les soirées Toxic dans les années 2000 et multiple champion du monde de Jiu-jitsu brésilien depuis.
    Il nous raconte l'effervescence de ces années où l'émulation artistique fut bouillante, entre Paris et New-York, concernant le mouvement rap, incluant tag et graff, smurf et breakdance, scratchs et beatmakers.
    On y côtoie leaders et architectes de ce style musical désormais majeur, tels Afrika Bambaataa, Joey Starr, JonOne, J.F Bizot ou Mr Freeze, mais aussi les figures féminines influentes et gravitant autour de la nébuleuse rap comme Sophie Bramly ou Laurence Touitou. Solo réserve une part conséquente du récit à ses petites amies et ses déboires (embrouilles, dépendances aux drogues) d'une vie menée tambour battant. Il revient aussi beaucoup sur ses attitudes passées, ses comportements héroïques ou peu reluisants, ses victoires comme ses échecs, donnant également généreusement tribune à quelques autres acteurs clés. Ce témoignage de premier plan infiltre l'odyssée du Hip Hop de l'intérieur, sans concession, et rééquilibre des vérités. On y prend conscience du pont artistique reliant Paris à New York, de la difficulté systémique d'avoir du succès ou de réussir pour un jeune banlieusard mais aussi d'une incroyable foire aux égos, seuls capables à l'époque de se hisser aux premières loges d'une industrie en germe. C'est aussi l'autobiographie d'un jeune fougueux cherchant sa voie et de ses difficultés à devenir adulte dans un monde parfois opportuniste.
     

  • Mafalda notre héroïne

    Mafalda mon héroIne,Quino,Pénélope Bagieu,Florence Dupré La Tour,Maëlle Reat,Vero Cazot,Maud Begon,Soledad Bravi,Agathe de Lastic,Marie Bardiaux-Vaïenté,Gally,Anne Simon,Emilie Gleason,Aude Picault,Florence Cestac,Premier souvenir de Mafalda : au collège, en cours d'espagnol. Traduire ce que voulait dire l'héroïne, difficile ! Peut-être est-ce sa bouille ou son air déterminé plutôt que ses paroles "énigmatiques", Mafalda m'a aussitôt plu ...
     
    Aujourd'hui, elle fête ses 60 ans, Quino, son auteur argentin décédé en 2020 aurait sans doute été très fier ! En effet, Glénat réunit 13 autrices qui lui rendent hommage avec l'album Mafalda, mon héroïne. Les dessinatrices ressuscitent ainsi la petite fille à notre époque. Le plus amusant est de découvrir les nouveaux traits de Mafalda à travers les coups de crayon de chacunes d'entre-elles. À commencer par la première de couverture où apparaît une Mafalda toujours pétillante et souriante avec ses épais cheveux noirs et sa belle robe rouge accompagnée de son amie la Terre, merci Pénélope Bagieu.  
     
    Plusieurs autrices imaginent leur rencontre avec Mafalda et c'est pour le moins décoiffant. Florence Dupré La Tour (argentine, qui a grandi avec ses albums) et Maëlle Reat doivent raconter à la petite-fille l'état actuel du monde..."plus tu es en bas de l'échelle sociale plus tu as d'étages à monter" dixit cette dernière. Sympa la veste-survet' rouge pour Mafalda ! Chez Véro Cazot et Maud Begon, la pauvre enfant se retrouve projetée par erreur 60 ans plus tard. Sa mère travaille, ses amis sont totalement à l'aise avec "l'uberisation", les vidéos en ligne et le métier d'influenceuse pour Susanna. Petit coup de cœur pour les dessins et la réinterprétation trop "cute" des personnages. 
     
    En 2024, Mafalda se bat plus que jamais contre le patriarcat, ce ne sont pas Soledad Bravi et Agathe de Lastic qui diront le contraire. Notre héroïne préférée retrouve tous ses amis et a toujours beaucoup d'ingéniosité et de diplomatie pour régler les conflits. Les dessins sont vraiment très précis et les trois couleurs blanc, noir, rouge siéent parfaitement à Mafalda. Chapeau à Marie Bardiaux-Vaïente et Gally. Même après 60 ans la jeune senior s'indigne toujours contre le statut de la femme, de l'enfant ou s'affole contre la dernière trouvaille de Manolo "Une clémentine sans peau emballé dans du plastique". Elle n' a rien perdu de son esprit avec Anne Simon
     
    La cause animale a trouvé une nouvelle égérie avec celle qui rêve depuis toujours que le monde aille mieux. Emilie Gleason nous permet de voyager dans l'imaginaire féerique de Mafalda. Ça fait du bien même si la réalité nous rattrape toujours. D'ailleurs, ça y est, l'héroïne est devenue adulte, n'est-ce pas Aude Picault ? Elle doit travailler et supporter les humeurs de Susanita enceinte mais heureusement elle a toujours horreur de la soupe. Ouf ! 
     
    Le mot de la fin revient à Florence Cestac qui rassemble deux héroïnes Mafalda et Olive Oyl...vive la BD féminine et féministe ! 

  • La joie dans le jeu

    The smile,cutouts,XL records,Thom Yorke,Jonny Greenwood,Tm Skinner,troisème album,Robert Stillman,Cutouts est sans doute l'album le plus représentatif du trio gagnant composant The Smile. Loin d'être des "chutes" d'une session d'enregistrement, les 10 chansons de haut niveau émotionnel du troisième opus sont une mosaïque de couleurs et de fusions de styles, un concept expérimental varié et créatif. Pour certains déjà joués en début de tournée (2022), les titres trouvent ici une texture définitive et s'insèrent dans un tout cohérent, libre d'attaches et de carcans. L'écoute répétée suscite magie et émerveillement, comme le dernier film de Coppola. L'ouverture est le maître mot, adjoignant l'impro jazz à la palette musicale déjà bien fournie.
    Cinq années à se côtoyer, deux années de tournée à se synchroniser, la patte et l'univers de Tom Skinner se fait ici de plus en plus prégnante, amenant les complices de longue date Thom Yorke et Jonny Greenwood à s'amender et s'adapter, changer leur état d'esprit, toujours à essayer de trouver la note juste et livrer un son nouveau. L'inspiration se fait de moins en moins cérébrale et œuvre à des territoires inconnus, plus pop ou intégrant chœurs et/ou saxo-clarinette (Robert Stillman). Pas de hit ni de qualificatif  pour sonder un titre en particulier tant l'album entier regorge de singularités. Sans doute des trois disques le plus à l'image d'une vraie alchimie trinitaire et gage de plus encore à venir, sous ce format souple, instinctif et surprenant de libertés.

  • L'oeuvre au noir

    princesse-chatte-205x300.jpgAvec La princesse chatte des éditions la Fontaine de Pierre, Marie-Louise Von Franz interprète un conte roumain iconoclaste en particulier, de la même façon qu'elle interprétait les rêves, selon la méthode d'amplification chère à C.G Jung. On mesure là l'ampleur des connaissances historico-symboliques ou socio-culturelles nécessaires pour en éclairer le sens, à l'aune de la grille analytique ès psychologie des profondeurs.
    On se rend compte également  qu'un simple conte porte un monde en soi (le folklore d'une époque notamment avec la face sombre ou occultée de la chrétienté du Moyen-Age) et qu'il fait résonner avant tout en nous un ou des archétypes (ici l'animus féminin négatif ou positif). Son interprétation rationnelle et quasi scientifique vaut pour et dans un cadre thérapeutique mais en extraire ainsi le suc éloigne de facto de son mystère et de sa magie toute instinctive, c'est du moins notre ressenti à la lecture pour autant passionnante de l'ouvrage.
    La princesse chatte clôt une série de livres de M.L Von Franz consacrée aux contes de fées. Elle y a mis de très riches informations,  qui ne demandent qu'à être développées ou enrichies par autre de ses opus. Quelle belle œuvre de connaissance empirique sur la psychologie du féminin (mais pas que) pour peu qu'on désire y associer une certaine profondeur de vue...

  • Justice pour tous

    Justice,Gaspard Augé,Xavier de Rosnay,hyperdrama,Daft Punk,Ed Banger,éléctro,dance,funk,disco,pop,rock,Gab,punk,classique,Mai 2024JUSTICE (Gaspard Augé et Xavier de Rosnay) signe avec Hyperdrama, un album dance et dense, de haute volée. La croix comme emblème, ici ressuscitée en corps, dans un sarcophage de verre, JUSTICE s'accommode d'un univers évangélique à résonance universelle. Mondialement connus, ils ne sont pas juste seconds après les Daft Punk mais désormais fer de lance de l'électro french touch du label Ed Banger.
    Hyperdrama est une claque auditive défiant les étiquettes. L'opus est varié, hypercréatif dans sa fusion de styles musicaux ; équilibré entre le lourd (son massif dans la lignée de "stress") et le léger (voix en falsetto), le lounge et la dance, les voix et les nappes mélodiques, les instruments (basse, drum, saxo) et les machines.
    Émotion et pesanteur parsèment l'écoute, comme un subtil mélange entre le cinématographique Discovery et le très organique Random Access Mémory des Daft Punk. Mais la comparaison s'arrête là pour qualifier un son fusionnel et expérimental digne des meilleures productions mondiales actuelles, rendant hommage allègrement par touches à des classiques musicaux des décennies passées.  
    Reste à ressentir le rendu sur scène pour se faire une idée de l'impact de ce concept (4eme album ) résolument altruiste, qui fait cohabiter tous genres et auditeurs. Justice joue t'il la bande son de l'apocalypse ?