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Amour - Page 6

  • Souvenirs en-chanteurs

    rachel.jpg

    Back to reality est une pièce co-écrite par Adèle Gascuel et Catherine Hargreaves ; mise en scène par cette dernière. Elle rend hommage à Rachel, sa sœur trisomique aimée et évoque des souvenirs traumatiques ou heureux. François Herpeux (drolissime), Raphaël Defour (exubérant) et Georges Webster (acteur-danseur pétillant porteur de trisomie et véritable star anglaise) incarnent un boys band régressif (teinté années 70)  qui apporte la folie et le rire pour alléger la part triste de l'absence.
    C'est tout le processus créatif qui nous est dévoilé et la réflexion consciente d'une artiste en quête de légitimité pour parler de différence ou de handicap. Côtoyer au quotidien ce dernier donne une certaine acuité d'esprit à appréhender les failles de notre monde normé. La différence n'est après tout  qu'une couleur sur l'arc en ciel de l'humanité.
    L'évocation de sa sœur ainée, suscite chez Catherine Hargreaves une complexité narrative et de propos. Ce foisonnement d'émotions et d'idées nous touche profondément et renvoie à nos propres "freins" qui peuvent parfois s'envoler en une seule rencontre.
    Interview audio à l'issue de la représentation avec Georges Webster et Catherine Hargreaves (8 min) :

    podcast

    @crédit photo : Fb Catherine hargreaves

  • Un rire eco-cathartique

    587d60d4a76ba0b5508a0455eed34d47.jpgReno Bistan est un chanteur poète caustique engagé. Radio Bistan est son troisième disque solo sorti en 2019, un concept radiophonique narrant le premier jour de l'élection d'un président-chanteur écologiste, dans un royaume imaginaire. Artiste associé au théâtre du Grabuge, dont Géraldine Benichou est la malicieuse metteuse en scène, le disque a pris une forme théâtralisée qui chemine allègrement dans toute la France et passait par l'Iris de Francheville.

    Un show calibré, millimétré à quatre voix ; une écriture au cordeau, ciselée et cinglante ; le tout ponctué d'un tour de chant maîtrisé et entraînant. Claudine Pauly (chant, piano et voix) et Noémie Lacaf (chant et voix) apportent beaucoup en présence scénique. Elles enrobent et accompagnent avec grâce, la voix fluette (entre Mathieu Boggaert et Ours) de Reno. Elles jouent également les journalistes d'un jour, pastichant des émissions phares de France Inter (Léa Salami, le jeu des mille heureux, Macha...), en compagnie d'un fougueux et désopilant Sylvain Bolle-Redat qui campe une série de personnages truculents.

    La pièce est bien huilée, efficace et sans temps mort. Les infos sont mises à jour et s'adaptent à la ville hôte, dans un souci interactif et bon enfant.

    Côté écriture, toute l'actualité politico-écologique et les non mesures de ces quarante dernières années sont passées au filtre mordant d'Olivier Minot et clamées sur différents registres (chant, reportage, infos) : un véritable exutoire jubilatoire pour les personnes éco-sensibles. Évidemment l'utopie (la première journée de l'élection au Bistan) est grossièrement exagérée et un poil radicale. Pour ceux qui hésitent entre rires et pleurs reste l'option joie et légèreté. C'est celle que nous retenons pour ce petit spectacle affiné et affirmé, d'intérêt public.

     

  • Une plume leste

    Ils ne pourront jamais arrêter l'écriture parce qu'on est entré dans une période encore plus féroce : le samizdat, ce modèle de l'écriture libre en l'absence de liberté. Ce feu plus tremblant de l'écriture manuscrite, communiqué par un ange dans les ténèbres du monde. (p.105)

    Quelques chose chuchote quelque chose. L'écriture reprend ce chuchotement et l'amplifie, dans le but d'arracher le langage à l'enfer des opinions. (p.30)

     

    murmure.jpgBelle leçon de vie que le Murmure, ce livre posthume de Christian Bobin, publié par Gallimard, qu'il finit d'écrire sur son lit d'hôpital, quelques mois après la parution de Muguet Rouge. A l'heure où pour lui la chair, par sa souffrance, se fait davantage entendre, il poursuit jusqu'à l'ultime rappel sa tâche d'écrivain-poète, ensemençant ses derniers feuillets d'un verbe exigeant, riche et numineux.
    L' enfance, les proches, les parents, la vie d'adulte, la culture, les amours sont remémorés mais c'est la transformation intérieure, sorte de résurrection à venir qui domine l'ouvrage. Écrire c'est laisser les "morts" insuffler le vivant mais ici le Vivant (l'au-delà proche) transcende la chrysalide du corps pour laisser entrevoir la lumière. 
    Disciple du silence, Christian Bobin touchait l'instant (d'éternité) en distordant le temps, vivant en parallèle sur la terre comme au ciel.
    Était-il nostalgique d'une patrie céleste ? Était-il de nature angélique ? Son art lui permit en tout cas de s'exercer à garder l'esprit enfantin proche, l'innocent s'attirant les faveurs du ciel. Fidèle à l'Amour (œil et cœur) jusqu'à la mort, le murmure reste un manuel de combat contre les ténèbres de ce monde, dont la matière (non conscientisée) est seule certitude.

     

  • Au coeur de la spirale

    Hôzhó est une forme de sagesse qui permet de transformer l'ennemi en allié. Nous sommes nous-même notre propre ennemi, responsable de ce qui nous arrive. Afin que l'harmonie soit au cœur de ma vie, j'ai dû apprendre à pacifier l'ennemi en moi...développer ses dons et talents génère la paix en soi - calme l'anxiété, la colère, la jalousie et l’intolérance...Apprendre à pacifier, c'est "prendre ses propres outils en mains", et créer haut et fort, que l'amour soit là où il n'y en a plus. (p.245 et 246)

     

    Lorenza Garcia,vingt ans auprès des Navajos,Mama éditions,Ian Kounen,Pierre Rabhi,peuple Diné,peinture avec sable,cosmogonie,hutte de sudation,Janvier 2024L'artiste peintre (avec le sable) et musicienne Lorenza Garcia signe aussi un livre témoignage captivant chez Mama éditions sur ses vingt ans auprès des Navajos. Comme Ian Kounen avec les shipibos, elle va nouer des ponts entre l'Amérique (Nouveau Mexique plus exactement) et la France, s'imprégner de leur culture et médecine, être soignée par les autochtones et diffuser leur vision par delà les frontières.
    Hôzhó c'est la beauté, l'harmonie ou la joie, un état d'esprit en accord avec la nature, son prochain et l'univers.
    L'appel auprès d'hommes médecines, les synchronicités ou évidences évoquent peut-être la transmigration d'âme sans pour autant épouser les mœurs ou coutumes du peuple premier. Il s'agit là de faire rayonner une nation première, littéralement parlant, en nouant des alliances fructifiantes pour eux (Pierre Rabhi avec son agro-écologie) et s'inspirer de leur science du désert (climat hostile par définition) pour nourrir notre réflexion sur le climat et l'avenir de la planète.
    Ambassadrice des Dinés ou peuple Navajo en France, sa désormais double culture l'a fait naître individu unifié dans son regard et sa conscience de la vie, comme le furent les prémisses de sa naissance terrestre entre Italie et Espagne.
    En faisant des deux l'un elle réalise une synthèse intérieure de pacification et concoure à l'harmonie universelle dans une tâche résolument altruiste. Bien nous en fasse !

  • Duo de choc

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    Alenka Chenuz et Amélie Vidon : voilà un duo burlesque suisse détonnant (compagnie Alors voilà)… qui construit ses pièces à base d' entretiens audios sur des thématiques taboues ou rares au théâtre. Leur deuxième création "ça tombera pas plus bas", proposée au Théâtre des Clochards célestes à Lyon, met en scène l'échec personnel, professionnel ou relationnel, avec une créativité délirante.
    Magie, chant lyrique, bande son originale (Albert Chinet), danse et voix synchronisées égayent les personnages incarnés par le truchement d'accessoires ou d'habits tombés du ciel.
    La malice et la lumière dans le regard de ces consœurs, qui se perdent au jeu dans une folie jubilatoire, méritent le détour et l'attention.
    Gêne, four, honte...l'émotion reste le maître-mot pour retranscrire à la virgule prés des témoignages embarrassants. Beaucoup d'humour et d'amour enveloppent ces récits, les allégeant du pathos originel. Une co-vision light de la vie :  échec et mat !

    @crédit photo : fb de la cie Alors voilà

  • Le mystère s'éclaircit

    Les religieux rejettent leur propre Dieu. Ils n 'ont pas compris que le message d'amour venait bouleverser toutes les justifications de la violence du monde antique. Et c'est par un dernier acte violent qu'ils vont signer leur défaite...la Révélation ne peut pas se passer d'une dernière mise en scène du bouc émissaire, le sacrifice de l'"Agneau de Dieu", ce sera la crucifixion. (p.141)

     

    Joël Hillion,Qui dit-on que je suis,le mystère Jésus,éditions l'harmattan,René girard,bouc émissaire,évangiles,Janvier 2023Joël Hillion nous présente sa vision humaniste de Jésus dans Qui dit-on que je suis-le mystère Jésus, paru chez l'Harmattan.
    Cet écrivain spécialiste de Shakespeare reste fasciné par le mystère du Christ en sa subversion du religieux, son message d'amour révolutionnaire ou sa posture de bouc émissaire total. Il prolonge la pensée de René Girard en l'amplifiant (il cite des auteurs contemporains en sciences humaines ou littérature), construisant un portrait empli de profond respect pour l'homme-dieu à défaut de pleine foi.
    Malgré le choix d'une linéarité un peu scolaire, la réflexion de ce libre penseur éclaire d'un nouveau jour certains aspects du "fils de l'Homme".
    Jésus apparaît comme un original désacralisant l'habit (les rites notamment) et la lettre pour l'esprit et un cœur vivant, miséricordieux. c'est son intime compréhension du mécanisme de destruction mutuelle qui l'incite à choisir l'amour du prochain comme seule loi, subissant de facto (Il ne choisit pas de se sacrifier) l'ire des violents. L'effet miroir (un cœur purifié) révèle la nature ou l'essence des êtres, leur laissant le choix d'assumer la conséquence de leurs actes.
    Si Jésus est pour l'auteur l'archétype de l'anti-sacrifice c'est aussi grâce a sa part divine ou son corps-lumière fantastique qui, de bouc émissaire peut transmuer la haine en joie, afin que chacun soit sauf du jugement porté sur lui-même.
    Le sauveur et messie prend ainsi tout son sens pour œuvrer à une harmonisation universelle. 

     

  • Le temps de la faim

    Par rapport à l'expérience chrétienne , ce n'est plus la volonté propre qui est sacrifiée pour s'unir à celle de Jésus, c'est la vitalité, la personnalité. La différence est subtile mais radicale : le sacrifice est en même temps un contact et une rencontre avec le Créateur, et c'est la raison pour laquelle le sacrifice chrétien n'est pas une extinction mais une vivification. (p.144)

     

    Françoise Breynaert,Luisa piccarreta,Préparer dès maintenant le retour du Christ,Pierre téqui éditions,Dialogues avec l'Ange,textes inspirés,noces en Christ,Apocalypse,Parousie,alliance terre-ciel,Dieu,Jerusalem céleste,Décembre 2023Pierre Tequi éditeur publie un essai augmenté de Françoise Breynaert, docteure en théologie, sur la mystique italienne Luisa Piccarreta (1865-1947) qui est en instance de béatification.
    Avec Préparer dès maintenant le Retour glorieux du Christ, l'Autrice calque une partie de l’œuvre inspirée (36 volumes sur 40 ans !) de celle qui fut ravie à 23 ans, sur l'Architecture du Temple soit le Plan divin en trois étapes telles qu’énoncées dans le Christianisme : la genèse et le péché d'Adam, la rédemption par l'incarnation du Christ et la récolte des fruits de la "greffe organique" (le dépôt confié) lors de la Parousie et de la période apocalyptique, pré Jugement Dernier.
    Au plaisir de la découverte des écrits d'une stigmatisée (non visibles les plaies) contemporaine s'ajoute l'ordonnancement d'un Plan qui met en place l'individu relié en faisant croitre la personnalité grâce à un tuteur humano-divin. L'idée n'est pas, comme avec l'Islam (plus particulièrement le soufisme) ou l'hindouisme, l'extinction du "je" dans une Source d'Absolu (le Soi ou le Je Suis) mais son élévation à rencontrer l'Autre en soi (la personne du Christ), pour participer à la volonté divine. Une association de l'ego à l'entreprise divine par la lumière christique en quelque sorte (un "édit-fils" ?).
    Cette révélation rejoint sur certains points, celle contemporaine des Dialogues avec l'Ange (Aubier) d'une alliance terre-ciel à trouver dans une praxis quotidienne du don (et d'oubli) de sa personne (brûler). Dieu n'est pas l'inaccessible mais le Co-naissant, le Co-nivent dans un acte ou une parole unitive, ajustée à toute situation.
    Ce vingtième siècle fut résolument celui de révélations d'une proximité avec le Ciel (les anges, Dieu, le supra-mental avec Aurobindo...), signes peut être d'une descente de ce dernier sur Terre, que symboliserait la Jérusalem céleste.
    Après les écrits ne manque que la réalisation effective du Plan d'Amour pour la Création et le Créateur, puisque les miroirs (les âmes polies)  sont en attente d'un satisfecit afin de devenir les piliers (ponts) de la nouvelle création.