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Spiritualité

  • Une âme déterminée

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    Wayqeycuna de Tiziano Cruz Marque le début du festival sens interdit et se joue au théâtre du point du jour.
    Fort de son aura et succès au festival d'Avignon 2024, la salle était pleine pour cette première à Lyon, pour acclamer l'auteur et interprète vivant, vrai, présent et rayonnant, malgré un narratif triste et poignant : Il est question de la représentation de l'art indigène dans un milieu culturel à dominance élitiste (donc blanche).
    Tiziano Cruz nous parle de ses racines (le plateau argentin), de son enfance, de son père, de sa sœur décédée (brutalement et sauvagement) et d'une cérémonie traditionnelle en son honneur au pays. Lui qui a su s'élever et parcourt désormais le monde comme témoin, incarne puissamment cette culture autochtone pauvre (coyas) et souvent victime des aléas politiques.
    La pièce ne manque pas de spiritualité et tout converge vers une sorte d'eucharistie dont il est finalement l'agneau sacrificiel, sur l'autel du capitalisme. Un thème universel que toute minorité ethnique ou sociale peut revendiquer. 
    Dans un registre à forte teneur émotionnelle, l'artiste s'en sort en dansant, joyeux, avec le sourire radieux d'un émerveillé à la vie...une victoire en soi sur tout déterminisme.

    @credit photo : Christophe Raynaud de Lage

  • CLés sur le chemin ascendant

    Toutes les voies cherchent à se libérer de cette forme d'esprit egoïste qu'est la pensée conventionnelle et à reconnaître la conscience fondamentale, primordiale, qui est l'essence de la sagesse et de l'esprit de compassion...Nous essayons tous de revenir à notre divinité intérieure, quel que soit le nom que nous lui donnons, et de surmonter notre petit sens exclusif du moi (p.278).

     

    Tenzin Palmo,Lwiis Saliba,conversations sur notre époque,éditions du Relié,Bouddhisme,Dalaï-Lama,Chogyam Trungpa,Tenzin Palmo est moniale bouddhiste depuis 60 ans. Attirée à 21 ans par l'enseignement de Chogyam Trungpa, elle passera par un épisode érémitique de 12 ans avant de fonder un couvent de moniales, avec l'accord du Dalaï-Lama. Elle est interrogée en 12 sessions vidéo par Lwiis Saliba, professeur de religions comparées au Liban sur une palette de sujets de théorique à pratique, sur l'actualité et l'enseignement immuable du bouddha. Conversations sur notre époque, paru aux éditions du Relié, est le fruit de ces entretiens réalisés pendant les années COVID.
    On retiendra de la densité des thèmes abordés, le travail sur les pensées (peur, avarice, jalousie...) et les émotions négatives (colère, anxiété, culpabilité...). En sus de la pleine conscience et de l'attention sur la respiration, cette vigile de pratique non duelle permet une transformation de poison à fleur, de ténèbres à lumière de la conscience.
    L'ouvrage se veut concret et donne de nombreuses pistes pour appréhender la technique méditative de distanciation d'avec toute pensée de façon efficiente. Derrière cette "gymnastique" se profile la conscience vaste, vraie et réelle de chacun, notre nature originelle qui ne souffre pas de la limitation égotique liée au cycle naissance-mort (la pensée convention elle qualifiée de singe fou).
    Vision féministe et détachée du monde contemporain, le livre est un document précieux et adapté à notre civilisation occidentale, à la fois en quête d'outils psycho-corporels intégratifs et de points de vues éclairants et éclairés.  

  • La voie de MoÏse

    Ce serait parce que Moïse resterait quant à lui toujours attaché à ce point immémorial en lui, depuis sa naissance placée sous le sceau de la bonté, et indépendamment de tout savoir conscient, qu'il serait apte à écouter la Voix qui parle en lui et à transmettre Ses paroles (p.131).


    La voix de Moïse,Catherine Chalier,éditions du Cerf,point intérieur,Midrash,hassidisme,cabbale,Avec La Voix de Moïse, paru aux éditions du Cerf, Catherine Chalier, philosophe hébraïsante, retrace l'épopée du prophète emblématique du Judaïsme.
    De sa naissance à sa mort, le livre retrace les événements fondamentaux de celui qui fut élevé par la fille du Pharaon, tua un égyptien, entendit le nom et la voix de Dieu (Adonaï) dans le Buisson Ardent, annonça les dix plaies avec son frère Aaron, fit sortir le peuple hébreu d'Égypte, lui présenta la loi (les dix commandements) et l'amena à l'entrée de la Terre Promise.
    Il fut aussi un géant du prophétisme qui sut parler en continu avec le Très-Haut grâce sans doute à une épure du cœur. 
    Il est en effet beaucoup question dans ces lignes, de ce point de vitalité divine (Sfat Émet), le point de bonté ou point intérieur (Hassidisme), présent en l'âme de chacun.e pourvu que l'égo et son frère l'orgueil n'y prennent pas toute la place.
    On passe un bon moment presque intime, en compagnie de Catherine Chalier, qui enrichit sa trame de commentaires de la tradition juive (Midrash, Hassidisme, Cabale), rendant ce colosse de la religion plus humain, accessible et surtout contemporain.
    Elle rappelle la fonction du juste qu'il était : prendre sur soi une part de la souffrance d'autrui, d'un peuple parfois infantile plus habitué à se plaindre qu'à guérir sa plaie.
    Reste son testament, le Deutéronome, pour manduquer la parole de Dieu mais aussi la laisser nous rasséréner intérieurement à mesure que notre écoute s'affine, jusqu'à devenir virginale, exempte de toute pensée ou brouhaha mental.

  • Une spiritualité naturelle

    Ostad Elahi explique que la condition psychique qui résulte du couplage d'une part terrestre et d'une part céleste est une condition sine qu'à non de l'activation et du développement de la raison elle-même...De cette confrontation (des contraires), comme de la friction entre la pierre et le fer, jaillit la lumière (p.38).


     
    Le spirituel et l'universel,Ostad Elahi,Elie During,Leili Anvar,Anne Baudart,Bernard Bourgeois,Jean During,Soudabeh Marin,James W. Morris,éditions de la sorbonne,G.I Gurdjieff,spiritualité naturelle,raison objective,soi impérieux,âme céleste,Le spirituel et l'universel, des éditions de la Sorbonne, propose sept études philosophiques sous l'égide d'Elie During, sur Ostad Elahi (1895-1974). Pluridisciplinaires, les essais sont complémentaires et appréhendent les univers de la spiritualité, de l'éthique et du droit, rendant hommage au parcours et à la pensée du sage iranien. 
    Initié à l'ésotérisme soufi dans sa jeunesse (un syncrétisme entre philosophie grecque et islam chiite), doué dans l'apprentissage du luth kurde, il choisit adulte une vie en société comme magistrat, tout en perfectionnant son art musical et l'étude des religions monothéistes.
    À l'image du maître caucasien G.I Gurdjieff, il insista sur l'importance d'une raison mature (objective) pour maîtriser l'âme terrestre (soi impérieux) par l'âme céleste (l'esprit divin), discerner l'apport juste de cette âme charnelle/animale pour éviter qu'elle ne contamine trop l'individu relié (le Moi réel).
    Cette "spiritualité naturelle", à l'épreuve du quotidien et loin d'une vie érémitique ou de guidance spirituelle (même s'il n'y rechignait pas), lui permit d'affiner une éthique personnelle et professionnelle, une rigueur d'esprit louable et quasi scientifique quand il jouait de son instrument fétiche et amenait le ciel à descendre systématiquement sur l'audience.
    Ce penseur spiritualiste questionne et passionne encore tant l'abdication de ses plausibles destins (artiste ou guide spirituel) au profit d'une tâche plus ordinaire et ancrée au sein des affres du monde (un juge droit examine chaque cas en conscience) paraît antinomique à une vie pour Dieu. Ce fut à défaut une vie avec Dieu.

     

  • Un bon terreau pour croître

    Pour bien soigner l'être humain, il ne faut pas le prendre par "secteurs" mais dans son entier...passer d'un soin spécialisé à un soin intégral, si l'on préfère "catholique", c'est à dire "selon le tout" (p.34).

     

    detoc plaisir.pngFin lettré, coutumier des Pères de l'église, et déjà remarqué avec la Gloire des bons à rien, Sylvain Detoc revient aux éditions du Cerf avec Au bon plaisir de Dieu - l'évangile du bien-être.
    Toujours vif à discerner le bon dans l'interligne de l'évangile, il nous parle dans cet ouvrage du bien-être corporel voulu par Dieu, dans son éternelle bienveillance et amour inconditionnel pour la création.
    L'écriture est limpide, légère et fait bien le tour de la question. Fort d'exemples évangéliques ou d'anecdotes puisées chez les pères ou les saints de l'église, il nous rappelle les fonctions de Jésus (guérisseur des corps et du cœur avant tout) et le fameux adage "esprit sain dans un corps sain". Le repas, la toilette, les soins, l'activité physique et sportive jusqu'au sommeil, tout concoure à prendre soin de son corps pour que l'âme ait envie d'y rester. En passant il égratigne l'ancienne vision doloriste qui eut cours jusqu'à récemment, dissertant sur la chair animale dite faible par passions.
    L'incarnation du Christ reste de facto un phare et un modèle à suivre, en illuminant la chair de l'esprit de sainteté et en densifiant l'esprit par une chair transfigurée via l'icône de l'Homme nouveau...pour que la joie demeure, dans un vivifiant cœur à corps (accord).

     

  • Dans la jungle de l'inconscient

    On régresse temporairement vers des mouvements plus désorganisés, plus "primitifs" ou infantiles mais, d'une certaine façon, plus proches du réel, car libérés de l'emprise d'un Moi "tyrannique" (p.75).

     

    audela-plat1-large.jpgAvec Au-delà du moi, paru chez Faubourg éditions, Mathilde Ramadier dresse un pont entre psychédéliques et psychanalyse, sa formation initiale avec la philosophie.
    Pour les besoins d'une enquête littéraire et phénoménologique, elle s'est initiée à l'ayahuasca et à des microdoses d'entéogenes, relatant son expérience mais aussi celles d'une vingtaine de psychonautes.
    L'ouvrage est riche de témoignages, thématisé et cartographié parfois dans un schéma psychanalytique, tant les deux voies régressives se ressemblent. La différence concerne l'immédiateté de la vision sous breuvage, qui fait sauter subitement des verrous ou armures défensives.
    Non dénuée d'humour, l'écriture est raisonnée et scientifiquement sourcée, donnant beaucoup de crédit et de structure à l'ensemble.
    On pense aux premiers livres de Carlos Castaneda, avant qu'il ne bascule dans le paradigme chamanique.
    Mathilde Ramadier, autrice et dessinatrice, parvient à esquisser un petit guide intégratif, assez exhaustif, afin de replacer l'expérience déstabilisante  dans un univers balisé. On reste cependant dans l'univers du connu et de l'abréaction, là où les mots ont encore cours, sans appréhender l'univers de la foi, cet au-delà du mental.

     

  • L'art sacré du luth

    En tant qu'art total, la musique d'Ostad ne s'offre pas uniquement à l'oreille, mais à la vision : elle est conçue en fonction de scènes et de représentations "imaginales"qui s’appréhende par ce que les gnostiques appellent "les yeux de l''âme" (p.120).



    Jean During,l'âme des sons-l'art unique d'Ostad Elahi,éditions le Relié,Ahl-E-Haqq,tanbur,Ostad Elahi,saint,Septembre 2025Les éditions du Relié rééditent un livre de l'ethnomusicologue et philosophe français Jean During " l'âme des sons - l'art unique d'Ostad Elahi" (1895-1974).
    Enfant prodigue, issu d'une lignée de musiciens vertueux et virtuoses  (son père Hâjj Ne'Mat) et de la confrérie soufie des Ahl-e-Haqq, il su donner à sa vie d'adulte une originalité non prédéterminée. Magistrat de fonction, il n'oublia jamais sa passion léguée pour la "tanbur", luth sacré kurde, dont il renouvela et enrichit la pratique.
    Le brillant ouvrage avec ses multiples approches, écrit par un spécialiste des musiques d'Asie centrale et initié à la musique traditionnelle iranienne, est une hagiologie revendiquée, tant la maîtrise technique et thérapeutique de l'instrument pourvut Ostad Elahi, de son vivant, d'une aura de saint homme.
    Les témoignages, paroles ou écrits publiés, évoquent un monde imaginal où le spirituel se matérialise (chœur d'anges, présences de saints, esprits célestes...) et où le matériel se spiritualise (guérisons, états d'ivresse mystique, joie pérenne...), à mesure du jeu du maître...c'est dire de son degré de connivence avec les hiérarchies célestes et sa fonction.
    Reste l'envie d'en savoir plus, à cette savoureuse lecture, sur sa théorie de l'âme (thèse de vies successives ascendantes) et surtout d'écouter sa musique de et pour l'âme, enregistrée dans les années 70.