"Nous refusons d'inventer une image juste parce que les médias l"exigent. Noous faisons de la musique mais nous ne sommes pas des stars, et cette musique signifie plus que de la pop et des egos...peut être que les gens voudront en savoir plus sur nous mais ils ne sauront rien. Nous ne laisserons pas cela arriver".(NME 97)
Daft punk, incognito, paru aux éditions de l'Archipel est un abécédaire écrit à trois mains, par trois aficionados du groupe les "punks débiles", à savoir Yves Bigot, Michel Goujon et Camille Goujon le plus jeune. Deux générations donc d'admirateurs et témoins de l'odyssée de la "French touch" qui marqua durablement l'histoire mondiale de la musique, électronique en particulier.
Chaque pastille est une porte d'entrée sur un univers opaque de presque trente ans d'âge et dont l’œuvre forte et typée parle pour elle-même. La musique des Daft Punk a jalonné des instants de vie. Ils ont su comme jamais capter l'époque, l'instant, en retranscrire l'énergie, la mélodie, l'humeur. A la fois transgénérationnelle et universelle, elle siège désormais au panthéon des plus grands noms de la pop music.
Le bestiaire alphabétique est assez complet (mais souffre de quelques redites) avec pas mal d'anecdotes sur le processus créatif - chaque disque et quelques titres sont passés au crible de l'analyse et de l'exploration exégétique – et sur le champ culturel du duo créatif composé de Thomas Bangalter et Guy-Manuel De Homem Christo. On apprend que leurs références (cinéma, musique, livres) sont très marquées années 70 (et un peu 80 quand ils réalisèrent leur coup de maître avec l'album Discovery et le long métrage figuratif Interstella 5555 de Leiji Matsumoto (créateur d'Albator). Le livre retrace également en filigrane l'histoire du mouvement french touch, sa genèse et ses ramifications.
La teneur des propos est assez élogieuse pour ces deux créateurs qui imposent un univers auditif, visuel et cohérent dans sa conception et sa réflexion. Ils sont également des pionniers de l'indépendance artistique, pas prisonniers de leur image mais un peu de leur concept transhumaniste poussé jusqu'à l’extrême (casques, rares apparitions scéniques, rares interviews). A la froideur de la musique synthétique ou robotique, ils ont cependant su insuffler dans leur partition, de la chaleur (voix codées), de l'émotion et une touche poétique, revenant paradoxalement d'ailleurs, cette dernière décennie, à encore plus d'humanité avec l'adjonction d'un orchestre symphonique (Tron l'héritage) le recours à de bons vieux instruments classiques (Leur dernier opus RAM) et la coproduction d'un album d'un des plus grands groupe de rock actuel, Arcade Fire (Everything now).
Incognito enfin ils le sont car libres de leur image et donc de circuler. Leurs avatars sont des stars mais l'organique, l'homme derrière le masque est forcément touché. Vivre incognito ne signifie pas en effet pour autant être libre de l'orgueil, l'amour-propre, la susceptibilité ou la vanité. Se prennent-ils pour des démiurges ? Qu'ont-ils encore à dire en terme de vécu, eux dont la réussite est colossale ?
Par ailleurs ils sont connus mais incognito comme Dieu. C'est cette réflexion métaphysique qui manque peut-être dans ce livre dont la bibliographie regorge d'auteurs en Sciences Humaines.
Reste une piste pour le futur qui reste comme ultime rêve encore inaccompli pour les deux compères de longue date : rencontrer ou travailler avec Brian Wilson, leader charismatique et passeur de voix divines justement au sein des Beach Boys et qui ne s'en remit jamais vraiment...
"La musique du duo français robotisé est légère et dansante et pourtant, elle ouvre, là où on ne l'attendait pas, par des incises allégoriques, poétiques, culturelles, philosophiques, sur autre chose que sa seule dimension mélodique : une résonance. Elle appelle un autre niveau de lecture ou plutôt d'écoute. Elle rassemble ce qui était dispersé ; le cœur et l'esprit ; l"émotion, et la réflexion, l'intellect."
C'est avec grand esprit de synthèse et forte érudition qu'Henry Quinson résume, dans « Et l'Homme devint Dieu" paru aux Éditions le Passeur, l'histoire de l'humanité en la mettant en parallèle (c'est l'hypothèse) avec celle des phases du développement de l'Homme qui est celui de tout homme.
Une conversion est un acte radical qui ne souffre pas de demi-mesure. Il y a un avant et un après et le sujet conscient du sacré qu'il porte en lui naît nouveau et pleinement soi, postérieurement à sa métanoïa.
Pierre Turlur touche juste
Mon analyse avec Jung est un recueil de notes (une sorte de journal intime de 1950 à 1961), agrémenté de dessins et courts poèmes et publié à titre posthume aux éditions La Fontaine de Pierre. Sabi Tauber, l'auteure, a rencontré, à l'âge de 33 ans, le professeur clinique lors d'une de ses conférences et sentit instinctivement qu'elle "le connaissait depuis toujours et qu'une profonde parenté la liait à lui"*. Le livre relate des douze années de rencontres avec le docteur suisse qui finit par devenir un ami très respecté du couple Tauber et de leurs cinq enfants.
L’Islam naissant est un âge d'or fantasmé. Les djihadistes d'aujourd'hui puisent leurs idéaux dans ce terreau sanglant (Le Prophète Muhammad disait « le paradis se trouve à l'ombre des sabres") et morbide (« des croyants qui aiment la mort autant que vous aimez la vie" dixit Khalid sur le champ de bataille) de l'islamisation de la péninsule arabique et des premières conquêtes en Irak et Syrie. Hela Ouardi possède une grande force de conviction et poursuit une démonstration radicale basée sur la tradition dans ce second volume (sur 5)
Ron Naiweld est un historien du judaïsme ancien au CNRS. Dans l'"Histoire de Yahvé" il désacralise le Nom (que l'on ne prononce pas chez les Juifs) et propose une relecture mythique de la Bible qui devient "le récit d'apprentissage du dieu".