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Spiritualité - Page 33

  • Plénitude du vide universel

    "L'approche scientifique permet de vérifier nos intuitions et nos intuitions donnent une direction à suivre pour la science. Ainsi esprit scientifique et esprit intuitif voire religieux vont naturellement de pair. Nous n'avons qu'un seul esprit" (p.54)


    zen.jpgVincent Keisen Vuillemin est un pont original entre le bouddhisme zen (qu'il pratique depuis 35 ans et enseigne en Suisse) et les avancées récentes de la physique quantique (physicien de métier au CERN de Genève). Dans "Zen et physique quantique" paru aux éditions Deux Océans, il relate ses deux passions, sa compréhension des disciplines et leurs ressemblances.
    Les points de convergences tournent autour de la notion de vide (sunyata) dont les séquences parsèment les phases de pensées. Ces instants d'éternité hors espace-temps constituent la quête de la méditation zazen et la nature véritable de l'esprit, vaste et grand.
    Le vide ou vacuité, loin du concept nihiliste, s'apparente à "une force créatrice possédant en son sein toutes les possibilités d'existence" (p.93)
    Cette potentialité dynamique est proche de l' énergie noire qui représente 75 % de l'univers (et dont seul 4 % est connu), prélude à tout noumène.
    Le bouddhisme est une religion sans dieu créateur mais une analogie peut s'apparenter, ici en aparté, avec la matière vierge (Marie, Mahomet le prophète illettré) dont sera issu le Verbe, parole de Dieu, qui est dit Lumière de l'univers (le Christ en personne ou le texte du Coran). Un parallèle peut donc être fait en terme de clarté (le Verbe) ou d'éveil au sens d'illumination de l'esprit.
    Pour revenir au texte, le bouddhisme zen n'est pas une croyance mais une forme d'expérimentation scientifique sur soi, ce qui le rapproche du paradigme de la physique dans ses démonstrations et conclusions.
    L'Univers comme le méditant ne se posent pas dans l'absolu la question de leur existence (liée à la temporalité) en tant qu'entités séparées mais se perçoivent comme reliés au tout, à l'infini, en interdépendance totale avec les éléments de la création.
    Cette approche et cette réalisation sont, pour l'auteur, initié au zen par ses deux maîtres authentiques Taisen Deshimaru et Étienne Makusho Zeisler, les seules viables à terme pour sauver la planète et vivre en paix avec son environnement.
    Dans la lignée des bodhisattvas, pour qui "dans la vie de tous les jours, l'absolu et le relatif, la vacuité et l'existence sont intimement associés" (p.98), Vincent Keisen Vuillemin signe un ouvrage généreux, clair et accessible à tous, permettant d'approcher subtilement l'éthique et la spiritualité du moine zen, entrecoupé comme toujours d'histoires édifiantes piochées dans la tradition (koans, poêmes, contes...).


    "Voir sa vie du point de vue de chaque instant est voir que nous manifestons à chaque instant le domaine de l'éternité, celui de l'unité, de l'impermanence, et de la vacuité...dans lequel aucune souffrance n'apparaît...dans l'instant l'impermanence se transforme en vérité. C'est l'expérience de la sagesse, une connaissance très profonde de nous-mêmes". (p.193)

     

  • Le Royaume, oeuvre subconsciente

    le royaume.jpg

    Nouvelle création scientifico-spirituelle de Maud Lefebvre, écrite a trois mains, pour des plans séquences futuristes (avec néanmoins une bande son d'aujourd'hui) mettant en scène un(e) jeune ado et un adulte dans un vaisseau proche d'un trou noir, prélude à une fin des temps lointaine mais pourtant proche.
    Les références cinématographiques sont à nouveau présentes, notamment "2001 l'odyssée de l'espace", pour ses créations visuelles, la voix de l'Intelligence artificielle ou la jeune créature potentiellement à l'origine  de l'Univers.
    L'écriture va très loin, aux confins du temps et à un croisement pluridisciplinaire total, philosophico-mystique, quantico-sciencefictionnel, historico-cosmogonique !
    Tout comprendre est une option, ressentir intuitivement l'esprit de la pièce une évidence, au risque de se laisser happer parfois par une certaine abstraction.
    Puisant dans le répertoire de ses pairs, la metteuse en scène propose une œuvre originale sur la cause originelle, en y mêlant les capacités inexplorées de l'esprit, de quoi susciter de vives discussions à la sortie...

    Petite explication de texte (10 min) avec les trois protagonistes clés : Maud Lefebvre, Agnès d'Halluin et Arthur Fourcade (qui joue aussi l'adulte) :


    podcast

  • Les sources de sagesse

    Lili : Est-ce que chacun a son guide, son Ange instructeur?
    -Non.
    Nous sommes faits de foi.
    Celui qui a la foi a son Maître.
    Et la foi, c'est SA FORCE.
    Si tu crois que j'ai une voix - je peux parler.
    Si tu ne le crois pas je suis muet.
    Si tu crois que je suis toi, je le serai : c'est la foi placée en haut.
    Tu peux placer ta foi aussi en bas,
    cela ne dépend que de toi.
    Aujourd'hui, les diables font du bruit et les Anges ne chantent pas.

    (Dialogues avec l'Ange 23L -140)

     

    leloup.jpgJean-Yves Leloup renoue avec l'excellence (à laquelle il nous avait habitué avec ses commentaires de l'évangile de Marie par exemple), la profondeur de vue et l'amplitude du sujet dans "Qui est mon maître - à l'écoute de notre maître intérieur", paru aux Presses du Châtelet.
    Le livre est un tryptique, une variation sur le Maître intérieur, dans la tradition (le sage, le chaman, le savant, le Saint), chez le poète Rilke (dans les lettres à un jeune poète) et assimilé à la figure de l'ange dans les écrits religieux (Bible) ou assimilés (les Dialogues avec l'Ange ou DAA).
    La quaternité en tant que symbole de complétude est mise à l'honneur sous forme de schémas synthétiques incluant les 4 fonctions de Jung, les 4 vivants de la mandorle, les 4 anges des D.A.A et les 4 voix(es) du “Je Suis” ontologique ou nom divin.
    Les études sont évidemment christo-centrées puisque Jésus et le Père étaient en relation unitive, à la fois chemin, voie et perspective de réalisation pour le chrétien. Le Christ est perçu comme synthèse et maître essentiel au fur et à mesure qu'on avance dans l'étude.
    Jean-Yves Leloup souligne l'importance d'être toujours disciple, ouvert de cœur et d'oreille car "C'est notre regard et notre cœur qui sont pauvres ou indifférents si plus vivifiés par la poussée créatrice, par cette enfance éternelle qui s'étonne, sans naïveté, de tout ce qui existe"(p.66). Ainsi le découvre t'on à la pointe de la recherche sur les études historico-critique du Coran, également dans l'approfondissement et la rumination de l'enseignement des anges de la révélation des Dialogues ou de la Bible. A ce titre il ne renie pas l'ego, comme c'est traditionnellement le cas, pour le terrasser telle une abomination, mais l'inclut dans un projet collaboratif divino-humain de transcendance et d'ouverture : "La présence de Dieu dans l'être humain ne détruit pas l'humanité mais l'illumine de l'intérieur, le rend plus humain dans sa transparence au divin"(p.157).

    Par ailleurs sa nomenclature en première partie de l'ouvrage sur les "prophètes-archétypes" liés chacun à une fonction de l'être (émotions, la foi, désir ..), intègre intelligemment la figure essentielle du Paraclet, sorte de synthèse de toute la lignée biblique et instigateur d'une poïétique ou Parole créatrice, à l'extrême insufflée.
    Il est aussi beaucoup question de La source dans cet opus, "Présence de Je Suis...Présence d'un espace simple silencieux et pur...un vrai soleil", dont le lien est à rétablir en soi, pour à nouveau respirer la Vie, aimer, être en paix ou être centré sur une respiration naturelle, plutôt ventrale, propre à l'enfant et d'où émergent les rêves nocturnes...
    En résumé, le Maître, d'un point de vue chrétien, prend différents noms (Ange, Père, Christ en soi) dont la fonction et la symbolique différent mais se complètent : une Trinité à l’œuvre, vécue dans une interrelation et un axe plutôt vertical, avec cette idée et vision originale d'un dieu à faire naître en chacun pour qu'Il existe et se dévoile au monde in fine.


    S'ils vous demandent : " Quel signe de votre Père est en vous? " - dites-leur : " C'est un mouvement et un repos ". (Logions 55 évangile Thomas)

     

  • A peindre l'âme

    "Mon cœur s'est ouvert...assez pour que de cette brèche s'écoule un flux de réminiscences, un accéléré de souvenirs, liés les uns aux autres, comme les perles d'un collier  Je me suis vue plus jeune..., à divers âges de ma vie, et j'ai compris, sans corps, sans cerveau, sans pensées, depuis un moi plus vaste que moi-même, que tout ce vécu n'avait pas eu d'autre but que de me conduire à cet endroit précis du monde". (p.158)

     

    barillé.jpgDesclée de Brouwer publie le 6 Octobre "Sur les pas de Shiva" d'Élisabeth Barillé, dans sa collection prestige "arpenter le sacré" à destination des voyageurs en quête de sens.
    De ce livre sous titré "en Inde dans la lumière d'Arunachala", on ne sait s'il s'agit d'une commande éditoriale (une part de romancé auquel cas) mais l'écrivaine qui est coutumière de ce pays, nous le restitue brut d'un regard dessillé, sans illusions sur les projections d'un passif spirituel glorieux ou fantasmé (les nombreux éveillés du siècle passé notamment) et dont il reste des bribes de souvenirs propices à l'émerveillement, chez les autochtones.
    Pour Elisabeth Barillé l'exercice est prétexte à l'évocation de son identité et de ses racines chrétiennes (russe orthodoxe par sa mère), de ses itinérances et de sa quête spirituelle à vouloir toucher l'essence même du noyau humain.
    C'est donc aussi en parallèle de l'aventure hindoue du Père Henri Le Saux qu'elle situe ce nouveau voyage, centré sur et autour de la montagne Arunachala qu'elle va explorer sous tous les angles. Mont à l'aura mythique et empreint de vénération , le "Seigneur Shiva même" pour Ramana Maharshi (1879- 1950), le dernier grand éveillé au regard infini, éternel, Amoureux, dont une multitude vint à sa rencontre au sein même de la roche sacrée pour recevoir le darshan ou vision contemplative.
    La baroudeuse au style délicat, raffiné et  riche en couleurs dresse également de façon subtile un abécédaire complet du vocable indien inhérent à leur spiritualité, "où tout conspire à la transe, l'égarement, la dissolution".
    On se demande si au final cet ultime foot-trip, condensé de toutes (s)ces empreintes relatives au lieu et à la culture, sera bénéfique et salvateur pour celle qui se passionne et se questionne sur l'identité ultime, cette conscience que l'on dit demeurer malgré la mort physique, qui n'est donc pas liée au corps-mental et irradie de lumière les regards ténébreux. La révélation nous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne.
    Un livre intimiste, prenant, synthétique sur l'Inde spirituelle et porteur d'un souffle retrouvé là-bas.

     

    "Je n'oublie pas le Christ, comment le pourrais-je ? Sa venue, son don, sa présence, son mystère m'offrent une planche d'intime salut qu'il n'appartient pas à la raison de renier. Pour embrasser quel autre mystère ? Le Christ m'offre une demeure si vaste que je peux y loger le monde". (p.47)

     

  • La hiero-histoire de France

    Coran 16,2 : "Lui qui fait descendre des anges avec l'Esprit, de Sa sphère sur celui qu'Il veut parmi Ses adorateurs : "Donnez l'alarme : il n'est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi !"" (Trad. J. Berque)

     

    "Oui, tout est consommé de la vie antérieure, de mes combats politiques, de mes œuvres polémiques. Reste ceci : comme j'étais agenouillé auprès du Saint, la tête dans ses draps, il posa sa main sur mon crâne. Une vive et délicieuse brûlure  s'empara de moi tandis qu'une voix très douce descendit dans mon être : "le plus court chemin vers le divin est l'humain." (p.286)

     

    l'ile d'or.jpgRoman testament que l'Île d'or de Henry Bonnier (21.02.1932/14.04.2021) paru chez Erick Bonnier éditions.
    Note finale pleine de foi et d'espérance, après son autobiographie "nuits de lumière" (2018), une vie sociale richement menée (écrivain, critique, directeur de maisons d'éditions), une vie intérieure sous le signe de l'ouverture et de la vision pacifiée. Ami d'André Chouraqui ("un prophète parmi nous"), initié à l'Amour par Catherine Delorme, seule européenne portant le titre honorifique soufi de "connaissant(e) par Dieu", amoureux du Maroc et de la France, de leurs cultures et civilisations, il voyait à l'instar d'un Louis Massignon, le Christ Jésus comme le rédempteur de l'humanité et sa parousie proche.

    Dans ce roman, son personnage phare Louis Chaumeil, chancelier de l'Institut de France et proche du Président Macron va subir en quelque sorte une métanoïa tardive, fraîchement décoré de la grande-croix de l'ordre de la légion d'honneur, en se rendant en des contrées marocaines sur l'île d'or, une ziggourat entourée de verdure, pour suivre un séminaire à l'initiative d'une confrérie soufie.
    Les rencontres (Le docteur Soulier, Sidi Achraf, Nour, frère Damien, le Saint) , la teneur et le niveau des conférences (l'ADN cosmique, le rapprochement de la science et de la Religion révélée...) lui ouvriront l'âme à une dimension spirituelle de l'Histoire qui mettra à mort en lui le "vieil homme" éduqué dans l'esprit des lumières et fervent défenseur agnostique de la laïcité française, soit le système actuellement dominant.
    Mélange de fiction et de réalité (l'île d'or n'existe que dans l'imaginal comme l'Atlantide d'ailleurs), cette fable n'est que prétexte convenu pour espérer toucher quelques consciences influentes et provoquer un effet boule de neige en se souvenant du rôle primordial de la France sur l'échiquier des temps derniers.
    On voyage à travers l'histoire sainte des rois de France jusqu'à la révolution, en parallèle avec le royaume de droit divin bâti et prolongé par Mahomet au Maghreb, on se remémore les visites symboliques de François d'Assise et du sultan Al-Khamil il y a 8 siècles, celle plus récente du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar en 2019.
    Et l'on rêve d'une union des religions révélées autour de la figure de Jésus, le liant, qui passe par une réinterprétation du fameux verset 4,157 du Coran sur sa crucifixion fantôme ; un souhait d'unité également entre musulmans de tous bords et avec leurs frères juifs et chrétiens.

    Homme de concorde et de paix, non pas au-dessus des dogmes mais dans l'esprit de la révélation, Henry Bonnier nous lègue un dernier texte humaniste, empreint de cœur, de sensualité et d'envie, à l'image de l'Homme nouveau. Saisirons-nous le message à temps ?

     

  • Le mystère de la tendresse

    "L'enfant a besoin d'être accompagné, soutenu dans sa curiosité naturelle, dans sa créativité, et quand ses besoins de base à la fois physiologiques et psychologiques sont suffisamment étayés et nourris - ni trop ni trop peu -, alors l'enfant se dirige vers l'autonomie et se construit une identité".(p.114. Suzanne Robert-Ouvray)

    tendresse.jpgL'avenir est à la tendresse paru aux éditions du Relié, est un ouvrage collectif et holistique sur le thème de la tendresse et sous la direction de Patrice Van Eersel.
    Le livre, profond dans ses réflexions et riche de ses intervenants, fait la part belle aux thérapeutes de tous bords (psy-chologue/-cothérapeute/-chiatre/-canalyste, médecins, chercheurs, écrivains...) qui portent un regard pratique au quotidien sur la relation thérapeutique.

    La psychologie des profondeurs de C.G Jung et l'enseignement des Dialogues avec l'Ange ont également une forte résonance sur les réflexions. Il ne sera donc pas rare d'envisager l'ego sous l'angle de ses besoins ou de ses carences, qui influeront sur les évènements de notre vie. Rappel constant aussi d'un intérêt à élever ou amplifier (à ne pas confondre avec son inflation) ce “petit moi” (sont évoquées les notions d'ombre, d'inconscient, de programmation neurolinguistique) puisque la tendresse questionne la qualité de la relation à soi et aux autres. En fait il ne s'agit dans l'idée initiale, pas tant de penser la tendresse que de panser les maux dans une visée d'intégration.
    Comme le rappelle Jacques Salomé : "
    Comment vivre épanoui, dans l'ouverture et le don que suppose la tendresse, quand nous avons été imbibés de cette violence latente que nous avons tous reçue ?" (p35).
    Le livre rappelle que de la naissance à la mort nous sommes tous friands de tendresse puisque "
    lorsque les besoins de reconnaissance, de respect et de tendresse de l'enfant ont été suffisamment satisfaits, alors l'enfant se développe dans la spontanéité, dans la joie de vivre, dans l'affection et dans le désir de rencontrer les autres".(p.123. Suzanne Robert-Ouvray).
    Cependant, n'est pas tendre qui veut car "
    Cette douceur ne peut venir que lorsque l'on a soi-même évacué colère, tensions, contrariétés personnelles, ce qui nécessite un immense travail sur soi".(p.304. Dr Michèle Salamagne)

    Rappelons également que la tendresse n'est pas faiblesse ou absence de virilité. Il s'agit avec le temps et dans des prises de conscience, de s'accepter sans se juger, se pardonner, se faire du bien, se ménager des pauses et respirer. Annick de Souzenelle (grande absente du livre) aurait évoqué les épousailles d'avec son féminin intérieur et ses qualités d'ouverture, de don de soi, de miséricorde. C'est ce que perçoit également Paule Salomon dans une redistribution récente des rôles : “
    L'homme en train d'émerger à travers ses recompositions, ses morceaux, est un homme plus spirituel, un homme dont la virilité n'est plus fondée sur la force, l'argent ou l'intelligence mais couplée à la sensibilité".(p.203).
    La tendresse au final apparait comme le fruit d'une lente et subtile maturation de l'ego, qui entre dans une tâche collective (et non plus centré sur soi) et universelle d'aider donc d'aimer son prochain, quel que soit son âge, en lui portant de l'attention, de la présence, de la conscience. Les alchimistes parleraient du feu purificateur dont la forge est le corps et plus particulièrement le cœur. Pour reprendre un enseignement des “Dialogues avec l'Ange”, la personne doit brûler intensément jusqu'à se consumer et s'oublier. Reste l'être, le plus grand que soi, ce qui sous-tend toute existence : une main qui caresse.

    Sortir de ces cercles vicieux est aussi une bonne initiation à la tendresse envers soi-même. Et cela peut s'apprendre. Ni accusation, ni dévalorisation, mais plutôt responsabilisation, meilleure définitions de soi, affirmation...le jour où l'on deviendra coauteur de tout ce qui nous arrivé, la communication relationnelle non violente aura franchi une étape importante".(p.42. Jacques Salomé)

     

  • La tradition revivifiée

    "Ni abri, ni refuge, ni serre, le désert est plutôt un creuset où, grâce à un certain feu, qui sera à la fois celui des passions et celui de l'Esprit Saint, un métal noble sortira purifié de ses scories, où un nouvel alliage verra le jour, audacieux, neuf, inconnu jusqu'à présent. Ou pour employer une image biologique et biblique à la fois, le désert est une matrice où, dans les douleurs inévitables d'un enfantement , un nouvel être viendra au jour, l'Homme nouveau, créé en Jésus-Christ, dans la justice et la sainteté". (p.69)



    lhomme-interieur.jpgDom André Louf (1929-2010) fut un moine savant contemporain, écrivain, traducteur et accompagnateur spirituel de surcroît, dans la droite lignée de l'école traditionnelle chrétienne pour ce qui concernait l'intériorité de l'homme en quête de Dieu.
    Charles Wright, écrivain et journaliste, a exhumé des écrits intimes du père trappiste, lui permettant de devenir son biographe (le chemin du cœur paru en 2017) et "l'homme intérieur" paru chez Salvatore Éditions est un recueil de ses interventions publiques sur le sens du travail intérieur, un chemin d'élévation où il s'agit paradoxalement de parvenir à un état d'humilité proche du cœur christique, où la volonté de Dieu opère absolument.
    On y découvre un érudit, fin connaisseur des Pères de l'église grecs et orientaux (Ruusbroec, Saint Séraphim de Sarov, Isaac le Syrien, Saint Jean Cassien...) anciens ou modernes mais aussi de la psychologie des profondeurs dans sa branche psychanalytique, dont il s'inspira tout en lui donnant une limite métaphysique :

    "Ce joyeux repentir  n'a rien à voir avec le sentiment diffus de culpabilité, avec les remords de conscience qui hantent la psychologie de tout homme et que l'on a parfois confondu avec une action de l'Esprit Saint... Celui-ci ne mord jamais, il oint, il console, il est douce onction. Le repentir chrétien est à l'opposé de la culpabilité qu'elle vient guérir en profondeur"...(p.120)

    Il fut, en le lisant en filigrane, un fin connaisseur de la psyché humaine, de ses travers et voiles cachant le soleil ou feu du discernement, et sachant séparer et reconnaître le "gendarme" du "maître intérieur" à ses fruits. Autrement dit différencier le petit ego avec ses tares (orgueil, amour propre, vanité, susceptibilité...) et l'esprit sain en ses qualités de "spontanéité, liberté et joie profonde", tout un art pour sortir du repli sur soi et aller vers un rayonnement de l'être.
    La force et l'attrait de ces conférences thématiques (la prière, le repentir, la solitude,, l'ascèse...) sont issus d'un vécu, d'une relation nourrie de l'esprit sain et d'un cœur contrit que Dieu peut investir totalement :

    "L'ascèse c'est laisser éclater la joie de Dieu en nous, et la force de Dieu en nous, qui est l'Esprit Saint" (p.150)

    C'est une véritable naissance en esprit que nous laisse entrevoir le Père Louf, en fin connaisseur de la voie érémitique et de ses pièges.
    Il est, par ses écrits encore et son aura authentique, une balise dans le désert de la solitude et du jeûne (au monde) pour qu'advienne par frictions, une conscience, une personne, une autorité, un esprit de discernement, un Moi Roc...et devenir témoin d'un Réel transfiguré par un Plan divin.
    Un auteur à découvrir ou à retrouver ici dans ses "homélies laïques".



    C'est uniquement cette rencontre qui crée en l'homme la métanoïa, ce retournement du "noûs", la volte-face du cœur, où l'homme se dessaisit de toute prétention de justice, de toute ambition de sainteté même, cède devant Dieu, et se livre à Lui, pour s'apercevoir que l'étincelle de la colère un instant redoutée  s'est muée instantanément en un brasier de tendresse infinie, celle d'un dieu qui est Feu consumant mais qui consume par l'amour”. (p.87)